Quelques enseignements de l’élection législative du 10 juin 2012 à Aubervilliers

samedi 16 juin 2012

Comme partout en France, la montée de l’abstention par rapport au scrutin présidentiel est très importante. Le nombre des exprimés qui s’élevait à 17 945 à la présidentielle chute à 10 690 (-7255 voix, - 27,72 points).

Cette évolution ne produit pas de changement dans la hiérarchie et le niveau des influences établi lors du scrutin de mai ainsi que le montre le tableau ci-après.

Présidentielle Législative Evolution
Inscrits 26 215 26 245 + 30
Votants 18 299 (69,8%) 10 876 (41,44%) -7 423
Abstentions 7 916 (30,19%) 15 369 (53,58%) + 7 453
Exprimés  17 945 (68,45%) 10 690 (40,73%) -7 255
Parti socialiste et alliés 7 761 (42,7%) 4 583 (42,88%) 3 178 (+ 0,18 point)
Front de gauche 3 673 (20,5%) 2 178 (20,37) -1 495 (-0,13 point)
EELV 337 (1,9%) 331 (3,10%) -6 (+ 1,2 point)
Extrême gauche 320 (1,8%) 446 (4,17%) + 126 (+ 2,37 points)
UMP 2 672 (14,9%) 1 305 (12,21%) -1 367 (-2,69 points)
Modem 759 (4,2%) 280 (2,62%) -479 (-1,58 point)
Extrême droite 2 309 (15,9%) 1 262 (11 ,81%) -1047 (-4,09 points)

Les résultats des élections législatives se situent dans les courants dégagés lors de l’élection présidentielle bien que quelques évolutions se manifestent :
- la droite parlementaire (UMP, Modem) s’affaisse de 4 points et totalise moins de 15% ;
- l’extrême droite (FN) recule de plus de 4 points ;
- l’extrême gauche (éclatée sur trois candidatures) redevient visible, mais se situe globalement en dessous des 5% ;
- les écologistes stagnent en voix mais progressent légèrement (+ 1,2 point).

S’agissant des candidatures PS/alliés et Front de gauche le résultat en % est étal d’une élection à l’autre.

Le résultat obtenu par Patrick Le Hyaric/Hélène Estrella (Front de gauche) exprime sur le fond une dynamique ascendante : non seulement il se situe au même niveau que celui de la présidentielle mais traduit un progrès de 5,31 points (+ 429 voix) par rapport à l‘élection législative de 2007.

Ce résultat s’inscrit dans la continuité de ceux obtenus lors des scrutins intervenus depuis 2008 (européennes, régionales, cantonale) et confirme, en l’amplifiant, le niveau d’influence du Front de gauche. Il s’agit là d’une caractéristique politique très importante si on la compare aux influences extrêmement variables obtenues par le PS (et ses alliés), les écologistes et l’extrême gauche à l’occasion des mêmes scrutins.

Le tableau ci-dessous rappelle les niveaux d’influence obtenus par les organisations de gauche lors des élections législatives (2007 et 2012), européennes (2009), régionales (2010), cantonale (2011) et présidentielle (2012).

Législa
-tive 2007
Europé
-ennes 2009
Régio
-nales 2010
Canto
-nale 2011
Présiden
-tielle 2012
Législa
-tive 2012
PCF/Front de gauche 15,06 17,51 17,90 30,85 20,5 20,37
PS/alliés 29,92 15,59 28 28,67 42,7 42,88
Ecologi
-stes
3,14 15,03 10,60 - 1,9 3,10
Extrême gauche 4,76 6,65 8,46 - 1,8 4,17

André Narritsens

13 Messages

  • Des singularités d’Aubervilliers ? Le 17 juin 2012 à 09:29, par Alice

    Le commentaire figurant sous le 1er tableau évoque "les résultats des élections législatives". Or il me semble que l’appréciation concerne "le résultat de l’élection législative" puisque nationalement le FDG perd de manière importante (en %) par rapport à l’élection présidentielle, ce qui n’est pas le cas à Aubervilliers.

    Deuxième question : le vote sur Auber est-il homogène selon les bureaux (les quartiers) ?

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  • PS : majorité absolu, pouvoir absolu Le 18 juin 2012 à 09:03

    Même si ce n’est pas une surprise après les résultats du premier tour, le Front de gauche est le grand perdant de ces élections législatives. Malgré leurs 11,1 % à la présidentielle, le Parti communiste et le Parti de gauche, qui espéraient bien élargir leur assise à l’Assemblée (19 députés dont 16 communistes ou apparentés et trois PG), devront se contenter de 10 députés dans la prochaine mandature. Au final, ils seront neuf communistes ou apparentés et un Parti de gauche.Le Conseil national du PCF se réunit aujourd’hui pour décider d’une éventuelle participation gouvernementale. Sauf surprise, la direction du parti ne devrait pas donner un avis favorable. "Nous allons renouveler notre invitation au PS à prendre en compte nos propositions, notamment sur la question européenne et sur celle des salaires, explique Pierre Laurent. Si ce n’est pas le cas, ça rendrait difficile une participation gouvernementale." Les militants voteront lundi et mardi sur la résolution proposée par la direction du PCF avant une conférence nationale, mercredi.

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  • L’avenir c’est le front de gauche Le 18 juin 2012 à 09:25, par Olivier

    Le parti socialiste a fait payer au Front de gauche son autonomie. Le ps a déployé une grande énergie pour essayer de faire perdre les candidats sortants du Front de gauche. Il n’en reste pas moins que le Front de gauche est une force politique qui a réuni 4 millions de voix à l’élection présidentielle, et qui fait 600 000 voix de plus que le Parti communiste en 2007. Certes il y a la perte des sièges en raison de la vague "rose", mais cela ne doit pas remettre en cause la stratégie Front de gauche.

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  • Et maintenant, il faut répondre aux attentes populaires. Le 18 juin 2012 à 10:40, par Quel avenir ?

    C’est une première dans l’histoire de la Ve République. S’ils avaient déjà occupé en force l’Assemblée nationale, en 1981, 1988 et 1997, les socialistes n’avaient jamais eu une telle hégémonie. La gauche dirige désormais l’Elysée, Matignon, le Palais Bourbon, le Palais du Luxembourg, mais aussi 21 régions sur 22, la presque totalité des conseils généraux ou des communautés d’agglomérations et la majorité des plus grandes villes de France. Les socialistes sont désormais confrontés à une obligation de résultat. François Hollande a promis pendant la campagne présidentielle de redresser l’économie française, d’instaurer plus de justice sociale, d’équilibrer les finances du pays, de réconcilier les Français, de combattre la finance, de mettre la France sur le chemin de la transition écologique...
    S’il échoue à tenir ses promesses, le PS, doté de tous les pouvoirs, ne pourra s’en prendre qu’à lui même. Le risque est grand si le changement n’est pas au rendez-vous. Si les attentes populaires n’ont pas de réponse et si les urgences sociales ne sont pas réglées, la sanction des urnes sera sans pitié dans cinq ans.

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  • L’esprit de boutique s’oppose au Front de gauche Le 19 juin 2012 à 09:30, par Albertivilliarien

    Malgré une progression par rapport à 2007 le Front de gauche ne confirme pas sa poussée de la présidentielle. Une des raisons tient au fait que chacun des partis composant le Front de Gauche est revenu à son esprit de boutique pour les législatives.

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  • L’esprit de boutique Le 19 juin 2012 à 16:58

    l’albertivillarien du tout, est trop drôle.
    Le FDG... chacun pour soi ? pas les autres ?

    Cela permet de sourire, le temps est gris, les souris aussi et même la ville.

    il va falloir de la couleur : Véolia à Tremblay est en grève !

    et ensuite ?

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  • Esprit de boutique (suite) Le 19 juin 2012 à 22:28, par Albertivilliarien

    A "@Esprit de boutique", Vous par contre j’ai du mal à vous trouvez drôle vu que votre commentaire est complètement incompréhensible. Précisez votre pensée si toutefois vous en avez une !

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  • L’abstention : personne n’en cause, et pourtant... Le 19 juin 2012 à 22:38, par Electeur de gauche

    L’une des données essentielles des élections législatives est le haut niveau d’abstention, particulièrement dans les catégories populaires. Ceci marque une accentuation de la méfiance envers les forces politiques.

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  • l’abstention est même majoritaire chez les jeunes et chez les ouvriers. ©e qui pose une p... de responsabilité des politiques. A vrai dire, pourquoi voter quand des partis avec 25 % des inscrits ont des majorités béton !
    Proportionnelle ou rien : un homme (ou une femme) = une voix sinon c’est pas la démocratie et on en tire les conséquences...

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  • Pour les élections législatives le Front de Gauche n’a pas mené les campagnes nationales qui auraient pu montrer, comme à la présidentielle, en quoi ses propositions diffèrent de celles du PS aussi bien pour les mesures d’urgence (SMIC à 1 700€, revalorisation des retraites et des minimas sociaux, remise en cause de la réforme des retraites de Sarkozy, logements, etc.) que pour les perspectives de reprise du pouvoir sur l’État, les banques, les entreprises et l’économie, la transformation des institutions, le refus de l’Europe austéritaire etc.... Une série de meetings dans les régions et départements aurait pu présenter ces perspectives, en lien avec des porte-paroles des autres pays européens, tout en combattant le Front National. Cela n’a pas été fait, car comme il est dit dans un post, l’esprit de boutique des partis a repris le dessus.

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  • @Olivier :le Front de gauche aurait-il perdu uniquement à cause des manœuvres socialistes.
    Je m’interroge toujours sur les raisons de cette tendance à minorer ses responsabilités dans les échecs. On peut comprendre que les militants aient besoin de certitudes, mais les certitudes ne servent pas à comprendre, il faut regarder les faits . Vous devriez vous interroger plutôt sur les comportements de certains de vos "dirigeants" du Front de Gauche.

    Prenons l’élection législative de St Denis, cela a été le fer de lance de la confusion idéologique .Ne trouvez vous pas étrange que JJK ,le communiste gauchiste, Asensi l’alternatif écologique, et Sali, membre du courant Pro Hollande du PS donc pro Savaltor à Aubervilliers soient dans le même bateau pour soutenir Braouzec, le vieux militant au parcours politique changeant en fonction de son intérêt personnel .Il est passé du discours "alternatif" pour contrer le PCF a des pratiques électoralistes les plus confuses comme les socialistes autocrates du93 et leur leader Bartolone qui a enfin la place dont il rêvait.Ne trouvez vous que cette unité de façade est une mystification plus proche d’une guéguerre politicienne que d’un combat politique .

    Le mouvement ouvrier se construit par étape et arrive à gagner des acquis dans les luttes alors luttons dans l’unité au lieu de dénoncer les "droitiers" et de faire dans la pratique l’inverse de ce que l’on affirme dans ses écrits sinon il ne faudra pas s’étonner que certains électeurs deviennent des sceptiques et que les citoyens s’abstiennent.

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  • "@Gaetan", vous devriez d’abord prendre en considération que la perte des élus se fait nationalement sur un fonds de progrès en pourcentage et en nombre de voix par comparaison à 2002 ou à 2007. Bien sûr qu’il serait un peu court de considérer que tout tient aux manoeuvres socialistes. Tout comme il serait risqué de croire que le ps n’a pas fait de l’élimination du pc un objectif déterminant. "Quand le ps passe, le pc trépasse" nous dit Claude Bartolone. La volonté d’hégémonie du ps n’est malheureusement plus à démontrer. Oui le ps à fait le maximum pour battre les députés sortants du Front de gauche, il l’a fait parfois avec autant de force, de moyens et d’énergie qu’il l’a fait face à la droite. Oui l’avenir se construira dans l’union et dans les luttes pour gagner des acquis. Mais pour lutter dans l’unité, encore faut-il être en accord sur les objectifs à atteindre. "Le changement maintenant" proclammé par François Hollande ne me semble pas de nature à répondre aux exigeances de la situation pour apporter des solutions aux attentes populaires.

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  • Le Front de gauche a souffert de l’effet médiatique de la présidentielle. Les médias ont gonflé le score potentiel de Mélenchon, l’ont présenté comme "le 3e homme" de la campagne et l’ont même crédité de 16% d’intentions de votes. Cela rappelle étrangement l’épisode Chevènement, quand ce dernier, crédité de 14%, a péniblement atteint les 5,33 % à la présidentielle de 2002.

    Deuxièmement, un résultat à la présidentielle ne se répercute pas forcément à la législative. On se souvient du score de Besancenot en 2002 et en 2007, dépassant les 4% sans obtenir d’élus à l’Assemblée nationale, quand le Pcf, avec les plus mauvais scores de son histoire, réussissait à maintenir un groupe parlementaire grâce à son implantation locale.

    Troisièmement, ce n’est pas parce que l’on réalise de bons scores dans une élection présidentielle que l’on construit un mouvement politique dans la durée. Là aussi, c’est un enseignement des résultats de Besancenot à méditer. La création du NPA, qui avait le vent en poupe grâce aux médias, se clôt sur un échec prévisible car l’image médiatique d’un leader n’a jamais permis la contruction d’un parti.

    La réussite ou l’échec du Front de gauche ne sont pas écrits. Mais il ne faut pas confondre impact médiatique et réalité de l’implantation sur le terrain. Les 10 députés communistes et PG sont avant tout des hommes et des femmes connus, appréciés et implantés. Ca n’a pas toujours suffi à sauver les meubles, le cas de Patrick Braouezec en est l’illustration. Mais ça permet aux candidats qui sont réélus, sans accord préalable avec le Parti socialiste, de siéger la tête haute parce qu’ils n’ont pas fait, comme les Verts qui se sont honteusement vendus avant l’élection législative, d’alliances contre-nature pour se faire élire.

    Et l’actualité leur donne raison : avec 2% d’augmentation du SMIC prévue en juillet, le gouvernement Ayrault et le président Hollande nous montrent leur conception du changement.

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