Quel(s) outil(s) pour une transformation sociale radicale ? (5)

Les raisons historiques de la construction du Front de gauche

dimanche 21 août 2011

Cet article fait suite à :
- Naissance des partis "modernes"
- Partis bourgeois et partis ouvriers
- Partis réformistes/partis révolutionnaires
- Quel parti révolutionnaire ?
- Quel parti révolutionnaire ? (suite)

Confronté, ainsi qu’on l’a vu, à des difficultés multiples, après avoir tenté à deux reprises (1981-1984, 1997-2003) de peser sur les orientations politiques dans un contexte d’union de la gauche sous domination socialiste, le parti communiste s’est impliqué dans la recherche tâtonnante d’une voie nouvelle. En 2007, le double échec de la tentative d’un rassemblement anti-libéral et de la candidature communiste à la présidentielle, a conduit aux propositions formulées lors du 34e congrès du Parti en décembre 2008.

Pour la première fois depuis bien longtemps une orientation valant pour une durée longue était établie : « Notre démarche suppose une construction populaire permanente, pour discuter, élaborer et porter des projets de changement jusqu’à leur réussite ; une construction unitaire permanente avec des cadres, des fronts, des alliances adaptés aux contenus portés et aux échéances affrontées ; la volonté continûment affichée d’inscrire ces constructions dans le cadre d’une transformation durable de la société et du monde. »

Loin d’être un cartel électoral, associant d’une manière classique des organisations, ce qui va bientôt s’appeler le Front de gauche, se donne pour raison d’être et pour objectif l’élaboration d’une démarche politique, des contenus et des visées de celle-ci.

Le fait que le Front de gauche a positivement passé trois étapes électorales (européennes, régionales, cantonales) et qu’une dynamique d’élargissement du périmètre originel des alliances (PCF, Parti de gauche, Gauche unitaire) soit enclenchée intégrant de nouvelles organisations et que l’aspiration de citoyens non « encartés » à rejoindre le mouvement se manifeste, témoigne d’un très important potentiel de la démarche.

Le Front de gauche se présente comme un objet politique nouveau capable de perturber les scénarii déjà écrits pour la présidentielle de 2012. Le fait que la question de la candidature est aujourd’hui résolue, qu’un programme partagé est adopté, que le caractère collectif de la campagne est affirmé, et que le couplage présidentielle/législatives est acquis et qu’il structurera aussi bien la démarche dans la période que l’affirmation du rejet de la République présidentielle, dégage un espace militant pour les prochains mois.

Certes le Front de gauche reste une construction fragile, parce que récente et expérimentale. L’espoir politique qu’il porte est pour l’heure un simple espoir. Les dures expériences de l’unité au sein de la gauche de la gauche, le fait que continuent de subsister des formes locales d’union de la gauche ancienne manière, compliquent parfois les situations.

Globalement la question du rapport de forces vis-à-vis du Parti socialiste apparaît cardinale et beaucoup d’interrogations existent à propos de la capacité du PS de s’arracher aux attirances libérales.

Le Front de gauche a, dans la détermination des données politiques des prochaines années, une responsabilité considérable. Beaucoup de gens intéressés par la démarche s’interrogent sur la place des partis, organisations et individus dans le rassemblement initié. Au sein du parti communiste la question est posée du rôle du parti et de ses militants au sein du Front.

Nous voici, d’une certaine manière, repris dans l’interrogation qui figurait en ouverture des quelques réflexions menées : la forme parti est-elle dépassée ?

J’essaierai, dans un dernier papier de dire mon opinion en espérant qu’un débat suivra.

A.N.

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