Sixième collège en panne et reconstruction au rabais à Jean Moulin
jeudi 12 mai 2011
Ce midi, place de la mairie s’est tenu un rassemblement d’une centaine d’enseignants et de parents venus de différents établissements de la ville, notamment des collèges Jean Moulin et Rosa Luxemburg. Pendant deux heures, ils se sont fait entendre et manifesté leurs attentes par rapport au conseil général dirigé par Claude Bartolone qui au lendemain des cantonales réduit subitement ses ambitions pour les collèges.
"Vingt et un collège pour le vingt et unième siècle", un slogan électoral du PS déjà passé aux oubliettes...
Indiscrétion de l’inspection d’académie ou décision arrêtée ? Toujours est-il qu’une délégation de parents et d’enseignants de Diderot, reçue à Bobigny lundi dernier, s’est vue signifier que la pression démographique à Aubervilliers ne justifiait plus la construction d’un sixième collège ! Inutile de dire que cette information qui infirme toutes les études qui été faites sur la montée des effectifs à Aubervilliers et qui justifie l’ouverture d’une école par an fait réagir les parents et personnels. Ils ne veulent faire payer aux jeunes le prix d’une surpopulation des collèges actuels, déjà proches du seuil de 600 élèves qu’on considère comme l’effectif à ne pas dépasser, et s’insurgent contre le non respect des promesses d’avant campagne. L’engagement de Madame Yonnet pour un sixième collège en 2015 (réunion publique du 9 février 2011 à l’école Robespierre) n’engagerait-il pas le groupe socialiste et qui est encore aux manettes du conseil général et dont elle faisait partie ? c’est une bien curieuse conception de ce qu’est un engagement vis à vis de la population.
Jean Moulin en PPP [1] avec dix classes en moins
Autre inquiétude, celle qui traverse la communauté scolaire du collège Jean Moulin. L’abandon du projet initial qui avait été discuté avec les équipes et donné lieu à un accord du conseil d’administration de l’établissement sous réserve de l’augmentation de la surface des salles de classe est aujourd’hui remis en cause. Il est remplacé sans concertation par un projet que l’une des banderoles qui ornaient le collège et tenue pendant deux heures face aux fenêtres du bureau de Monsieur le maire, qualifie de projet au rabais. Dix salles de classe en moins, dont des salles spécialisées (informatique, sciences, technologie, musique, arts plastiques), l’établissement ne bénéficierait d’aucune souplesse pour l’organisation des ses emplois du temps et ses enseignements, avec en prime, le risque de se voir bourrer ses salles existantes devenues moins nombreuses. On est loin du slogan déjà écorné "vingt et un collèges pour le vingt et unième siècle", sauf à considérer que le vingt et unième siècle doit être synonyme de régression.
Une cinquantaine de parents avait déjà participé à une réunion d’information mardi dernier et se sont montré particulièrement mobilisés pour ne pas laisser faire. Avant de se rendre place de la mairie ce matin, une dizaine d’entre eux ont occupé le standard de l’établissement. Ils y ont même reçu une communication de l’assistante du vive-président du conseil général, Monsieur Hanotin, qui doit selon ce qui nous ont été rapporté, réussir à convaincre la communauté scolaire du bien-fondé de cette nouvelle mouture mardi 17 mai à 17h30. Il y aura du pain sur la planche, précise une maman qui ne veut pas s’en laisser compter.
Pour l’heure, les parents et enseignants se sont de nouveau réuni ce mercredi soir pour faire le point sur la situation. Ils y ont reçu le soutien de Pascal Beaudet, Conseiller général qui les a assuré de la nécessité d’une explication du conseil général sur ce changement de cap, tant du point de vue du programme que du point de vue du choix du partenariat public privé qui n’était pas d’actualité dans le premier projet. Les inquiétudes se sont révélées fortes sur ce mode de financement et les particiapants ont réaffirmé le souci de reprendre la concertation sur la reconstruction.
Prochain rendez vous mardi 17 mai à 17h30
On attend avec intérêt la réunion avec le vice-président du Conseil Général. On a noté ce midi la présence dans le rassemblement de responsables locaux de la FCPE, dont Pascal Petitpierre (administrateur pour le 93) qui a assuré que le conseil départemental se ferait le relais des attentes des manifestants auprès du conseil général, ainsi que d’élus municipaux, dont Gérard Del Monte, pour le groupe communiste et citoyen.
Quant aux principaux responsables municipaux dont le maire, c’est un peu gênés aux entournures qu’ils sont passés devant le rassemblement, étant eux mêmes à l’origine d’un PPP pour Aubervilliers (l’école Maataï Dolto) et responsables du retard dans la proposition d’un terrain pour le sixième collège.
Éric Plée
Notes
[1] PPP : Partenariat Public Privé : mode de construction d’un équipement public dans lequel l’équipement est propriété du constructeur pendant une durée déterminée (généralement 20 à 30 ans) au cours de laquelle la collectivité verse un loyer annuellement. Le site s’est fait à travers de nombreux articles et posts l’écho des dangers d’un mode de financement très contesté.
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