En grève depuis une semaine, ils refusent de courber l’échine !
lundi 2 novembre 2009
18 salariés de l’entreprise Scifodiam à Aubervilliers, rue Sadi Carnot, sont en conflit depuis lundi 26 octobre avec leur leur direction qui profite de leur situation sans-papier pour en faire des travailleurs taillables et corvéables à merci.
En France depuis 7, 10, 13 ans, et presque autant dans la même entreprise, ils sont généralement mariés et ont des enfants. Ils habitent la région parisienne et sont envoyés sur des chantiers dans toute l’Ile-de-France.
Employés par des agences d’intérim spécialisées, ils effectuent des missions systématiquement renouvelées pour la même entreprise qui use et abuse du système : 45 salariés en CDI et 80 intérimaires dont les conditions d’emplois sont entachées d’irrégularités : horaires de travail, travail de nuit, rémunérations inférieures à la convention collective, certains n’ont pas de panier-repas... Ils fournissent eux-mêmes leurs équipements de protection, notamment les bleus de travail et les chaussures de sécurité.
Une situation malheureusement courante dans le BTP
Situation répandue dans le secteur du bâtiment où, comme le rappelle Christian Tessier de la fédération CGT de la construction qui accompagne les salariés depuis le début du conflit, les grands groupes du BTP sous-traitent une bonne part de leur activité à des entreprises qu’elles pressurisent. Ils leur imposent des marchés qui les amènent à baisser les coûts au mépris du droit du travail.
C’est la raison pour laquelle les salariés ont saisi l’inspection du travail et envisagent des actions aux prud’hommes.
Quand en plus ces salariés sont sans-papiers, la direction de l’entreprise exerce à leur encontre des pressions qui dépassent le seul cadre professionnel. Faire payer aux salariés les demandes de régularisation qui incombent à l’employeur est une pratique manifestement utilisée contre laquelle ils se sont élevés, contraignant la direction à rembourser certains d’entre eux.
Des travailleurs qualifiés qui ont besoin de soutien
Pourtant, ils exercent un métier spécialisé, particulièrement pénible : scier du béton avec des disques en diamant, faire des forages dans un matériau particulièrement dur, demande à la fois savoir faire et force physique dans les conditions qui sont celles des chantiers : froid en hiver, chaleur en été, bruit, poussière ... C’est aussi la raison pour laquelle leurs contrats sont systématiquement reconduits et qu’on leur fait miroiter une possible régularisation.
La CGT, qui à travers les 4000 situations comparables recensées en France, notamment dans les secteurs du BTP et de la restauration, appuie fermement ces demandes. C’est ce que précise Boualem Benkhelouf de la CGT, d’abord pour des raisons de dignité, mais aussi pour ne pas laisser le droit du travail dériver vers le non droit, et tirer tout le salariat vers le bas.
C’est un conflit éprouvant : depuis une semaine, ces salariés occupent jour et nuit la cour de l’établissement dont le fonctionnement se poursuit. Soutenus par la CGT qui a mis une tente à leur disposition, ils reçoivent de nombreuses visites : militants syndicaux, militants du parti communiste, du comité de vigilance, le conseiller général Jean Jacques Karman, le député Daniel Goldberg... Pascal Beaudet qui a rendu visite aux grévistes vendredi dernier a rédigé au nom du groupe communiste et citoyen, un communiqué de soutien publié sur le site du PCF.
S’il n’y a pas pour l’instant d’avancée concrète, le changement de ton de la direction est palpable depuis la fin de semaine dernière. L’attitude responsable des salariés, calmes mais déterminés, la mise à jour des irrégularités de la direction de l’entreprise, pèsent incontestablement dans ce changement.
Pour l’heure, les grévistes ont surtout besoin d’un soutien qui renforce ce que les militants de les unions locale et départementale CGT assurent au quotidien. C’est ce que nous dit Anne Bottega, secrétaire de l’union locale CGT au moment où ces salariés entrent dans leur deuxième semaine de grève.
Eric Plée
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