Quatre grands personnages de la Résistance entrent au Panthéon

La Résistance a besoin de toutes ses couleurs

mercredi 27 mai 2015

Quatre figures de la Résistance sont honorées le 27 mai. C’est un hommage fort. Pourtant, la fête est gâchée : aucune n’est communiste. À l’image de ces deux héros, toute la Résistance doit entrer au Panthéon. d’après Humanité.fr

Marie-Claude Vaillant-Couturier, 1938, l’Espagne, puis la déportation…

Photo : Mémoires d’Humanité/Archives départementales du 93

Marie-Claude Vaillant-Couturier devient, très jeune, reporter photographe. Pour le magazine Vu, elle est la première, en 1933, à montrer au monde les camps de concentration allemands. Elle épouse cet ogre magnifique que fut Paul Vaillant-Couturier. Un amour bref, cinq ans à peine. Juillet 1938, elle se retrouve en Espagne, en pleine guerre civile, croise Henri Tanguy, le futur Rol-Tanguy, découvre les Brigades internationales. L’un des bataillons se nomme Paul Vaillant-Couturier.

En 1942, elle est arrêtée, par la police française, passe de prison en prison pour finir à Auschwitz-Birkenau puis à Ravensbrück. Sa «  force  », alors, c’est qu’elle maîtrise parfaitement la langue allemande, dont elle se sert pour se préserver, survivre à l’enfer. Libérée par l’Armée rouge, elle reste dans le camp tout un temps au service des plus faibles des détenues puis elle témoigne de l’horreur nazie au procès de Nuremberg, en 1946.

Une militante infatigable de la mémoire de la déportation, pacifiste et féministe de combat, élue et dirigeante communiste respectée. Une sainte ? Le mot a été prononcé à son sujet à la Libération. Une héroïne ? Une légende ? Un mythe ? Rien de tout cela, en fait. Plus simplement une femme habitée par la passion politique, d’une incroyable vitalité, élégante et discrète, humble mais tenace, simple et altière à la fois. Une sorte d’aristocrate rouge sortie d’un roman de Jean Vautrin.

(Gérard Streiff, auteur d’ Une vie de résistante. 
Marie-Claude Vaillant-Couturier, éditions Oskar. )

Missak Manouchian, le poète arménien et résistant

Photo : Mémoires d’Humanité/Archives départementales du 93

Missak Manouchian est né en 1906 en Arménie, chef d’un groupe de résistants d’origine étrangère qui figurèrent sur l’Affiche rouge, composé pour l’essentiel de juifs polonais et d’Italiens, ce poète arménien fut un homme d’une extrême sensibilité, dont témoigne sa dernière lettre où s’affirme l’amour de sa femme, Mélinée, celui de la France, son pays d’accueil, et son internationalisme : «  Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand.  »

À 9 ans, il assiste aux massacres perpétrés par les Turcs contre le peuple arménien et perd sa famille. Recueilli par une famille kurde, puis placé dans un orphelinat au Liban, il y rencontre la culture française. En 1925, il débarque à Marseille, puis monte à Paris où il travaille chez Citroën. Missak Manouchian écrivait des poèmes depuis son plus jeune âge. Au chômage, il se consacre à des activités sportives tout en participant à la création de revues littéraires arméniennes.

Il adhère au Parti communiste et participe aux actions du groupe arménien rattaché à la MOI (Main-d’œuvre immigrée). La police française l’arrête le 2 septembre 1939. Libéré en octobre 1939, il est intégré à l’armée comme engagé volontaire. En 1943, il devient responsable militaire FTP-MOI de la région parisienne. Le 16 novembre 1943, alors qu’il a rendez-vous avec Joseph Epstein, il est arrêté avec ce dernier. Un procès à grand spectacle est organisé par les autorités allemandes : les vingt-deux sont fusillés au mont Valérien le 21 février 1944.

Claude Pennetier, historien, membre du Maitron, 
dictionnaire biographique du mouvement ouvrier.

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