Remise en cause du repos dominical : c’est NON !
mercredi 17 décembre 2014
La déréglementation générale du temps de travail est un l’objectif voulu par le Medef. En décidant d’élargir les dérogations concernant le temps de travail dominical, le gouvernement de Manuel Valls amorce un début de réponse favorable à cette commande du Medef.
Le dimanche n’est pas un jour comme les autres et les députés socialistes feraient bien de ne pas perdre la mémoire. Il n’y a pas si longtemps, c’était en 2008, ils se déclaraient : « résolument contre le travail dominical ». Mais ça, c’était avant, quand ils étaient dans l’opposition et dans les promesses d’un changement pour une vie meilleure.
On est bien loin des prises de position de Michel Sapin, ministre du travail, qui le 23 mai déclarait : « je ne souhaite pas que l’on grignote par petits morceaux le repos dominical qui est un élément important de la vie des travailleurs en France ».
Ceci est désormais à ranger au placard des oubliettes, le changement maintenant n’est plus dans l’actualité de François Hollande. Aujourd’hui lorsque le ministre de l’économie Emmanuel Macron affiche vouloir « simplifier le travail du dimanche et en soirée », c’est en fait l’ensemble de la société qu’il tente progressivement de mettre au travail sept jours sur sept.
Étant donné le climat économique, entre chômage record et pouvoir d’achat en berne, on ne voit pas ce qui pourrait encourager les français à dépenser plus. Les portes-monnaies ne sont pas plus remplis le dimanche que les autres jours de la semaine. Les difficultés qui touchent les activités commerciales ne tiennent pas à l’ouverture où non des magasins le dimanche. De ce point de vue, mieux vaudrait chercher du côté de l’augmentation des salaires que de l’extension du travail le dimanche. Le chiffre d’affaire qui sera réalisé le dimanche ne s’ajoutera pas à celui des autres jours de la semaine. Il y aura simplement un étalement des achats sur un septième jour car ce qui manque aux consommateurs, ce n’est pas du temps pour dépenser, c’est d’abord et avant tout de l’argent. De plus seules les grandes surfaces tireront leur épingle du jeu alors que les petits commerces de proximité y perdront.
A Aubervilliers, lors d’un conseil municipal le 16 février 2012, l’ancienne majorité municipale ps s’est battue pour obtenir l’autorisation d’ouverture du « Millénaire » le dimanche au motif que les difficultés du centre commercial tenaient en partie à une interdiction d’ouverture.
Cette autorisation n’a pas été accordée parce que rejetée par les salariés et les syndicats. Le maire de l’époque justifiait les difficultés du « Millénaire » par le refus du travail du dimanche. La réalité est tout autre, d’ailleurs, en septembre 2014 le directeur des centres commerciaux en France déclarait au cours d’une conférence de presse que : « le Millénaire d’Aubervilliers est à la trentième place des quelques 700 centres commerciaux en France ». Il concluait en disant : « Arrêtons de dire qu’il ne fonctionne pas ».
Le centre commercial est bien resté fermé le dimanche et aujourd’hui le magasin « Carrefour » projette de s’agrandir de 6 à 9000 M2. On voit bien que l’argument du travail le dimanche ne tient pas la route.
Au nom de la liberté d’entreprendre et de travailler, ou de la sacro-sainte lutte contre le chômage, les représentants de la grande distribution veulent ouvrir leur galerie commerciale au même titre que les commerces traditionnellement ouverts le dimanche matin comme les restaurants, les boulangeries ou les bars par exemple. Les contraintes du travail du dimanche sont déjà fortes dans des secteurs comme la santé, les transports, ceux liés aux loisirs et aux activité culturelles, il n’est pas utile d’en rajouter.
Dérèglementer, supprimer le repos dominical, voilà ce que la droite et le Medef rêvent depuis longtemps de faire. Il est bien triste de constater qu’ils trouvent aujourd’hui des alliés parmi des élus qui se prétendent encore de gauche.
L’ouverture des magasins le dimanche devrait créer des milliers d’emplois, selon le gouvernement. Le Medef, quant à lui, annonce entre 40 et 50 000 emplois crées. La réalité est bien différente, le travail du dimanche se révèle n’être ni rentable, ni créateur d’emplois.
Le véritable progrès social serait d’imposer deux jours consécutifs de repos hebdomadaire pour tous et non pas de vouloir supprimer le seul qui existe. Le repos dominical est structurant socialement, tant pour les familles que pour la vie citoyenne, la vie affective, les loisirs, la vie associative, culturelle, sportive...
Imposer par la loi l’assouplissement des règles sur le travail du dimanche est un mauvais coup porté contre les salariés.
Il s’agit d’un choix de société, il ne faut pas accepter que le travail du dimanche et en soirée soit banalisé et généralisé.
Le travail du dimanche doit rester une exception uniquement pour des activités indispensables de service public.
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