Samedi 8 mars, place de la mairie
La jeunesse, enjeu de campagne ou enjeu pour l’avenir d’Aubervilliers ?
lundi 10 mars 2014
"Vous n’avez pas eu la possibilité de voter pour moi lors des élections législatives..."
Ainsi s’exprimait Elisabeth Guigou, devant la centaine de jeunes réunis à la mairie d’Aubervilliers appelés à voter pour la première fois le 23 mars prochain. Poursuivant par des propos passe-partout sur la conquête du droit de vote, la députée élue dans le sillage de Hollande en 2012 a lourdement insisté sur l’importance d’user de ce droit. À quinze jours du scrutin, on pouvait s’attendre à ce que l’ancienne garde des sceaux et actuelle présidente de la commission des affaires étrangères de l’assemblée fasse preuve d’un peu plus de réserve dans une opération qualifiée de "grosse ficelle" par un jeune à qui "on ne la raconte pas".
Que ce jeune électeur se rassure, il n’aura pas non plus la possibilité de voter pour Mme Guigou à l’occasion des municipales. Elle n’est pas sur la liste de Salvator. Et des esprits bien intentionnés suggèrent que ce n’est pas seulement pour une question de non cumul des mandats.
"Les jeunes inscrits automatiquement ne mesurent pas forcément la portée du droit de vote"
On se réjouit que les nouveaux inscrits se voient remettre leur carte d’électeur de façon officielle. Cette cérémonie revêtait un intérêt certain pour ces jeunes, car inscrits automatiquement ils mesurent mal la portée du droit que leurs aînés ont dû arracher. De ce point de vue on doit donner acte à Jacques Salvator de s’être aperçu au bout de six ans de mandat que la possibilité de remettre solennellement leur carte aux jeunes électeurs pouvait les mobiliser pour les scrutins municipaux et européens.
Une jeunesse qui ne veut pas se laisser instrumentaliser
Mais la limite entre la démarche civique et l’instrumentalisation est plus que floue, comme on l’a vu avec l’intervention d’Elisabeth Guigou. Et ceux qui savent comment est considérée la jeunesse à Aubervilliers peuvent en témoigner.
Chacun a en mémoire 2008. Les promesses du candidat Salvator avaient incontestablement fait mouche sur les nouveaux électeurs et particulièrement les plus jeunes. On se souvient aussi des lendemains qui n’avaient pas tardé à déchanter pour ceux qui y avaient cru... Trois ans plus tard, la même petite musique a connu quelques ratés lors de la cantonale remportée par Pascal Beaudet. Et six ans plus tard, la méthode semble complètement coincer.
On a pu le mesurer lors de la soirée organisée le 4 février dernier à Fraternité par une association connue pour promouvoir le vote auprès des jeunes, Génération Engagée. La faiblesse du public et les protestations d’une partie de l’assistance qui refusait de se laisser instrumentaliser pour soutenir le vote PS ont refroidi les ardeurs. Génération Engagée a baissé pavillon en se rangeant très vite derrière Salvator, ne laissant plus aucun doute sur la finalité de son action réactivée à chaque veille de scrutin.
Au moins les jeunes n’auront pas tout perdu : ils sont repartis avec le programme de Pascal Beaudet !
Alors l’occasion de rassembler les jeunes qui votent pour la première fois par une cérémonie solennelle venait à point et permettait un bel affichage. A Aubervilliers, Le succès a d’ailleurs été au delà des espérances du maire actuel car après avoir entendu les discours lénifiants du maire, de la députée et de l’adjoint à la jeunesse,ils sont sortis de la mairie et ont pu repartir avec le programme de Pascal Beaudet et y voir la place qu’y tiennent les jeunes !
Alors la jeunesse, enjeu de campagne ou enjeu pour l’avenir d’Aubervilliers ?
Arsène Ralouche
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