Les municipales à Aubervilliers vues par l’Humanité
mardi 28 janvier 2014
Nous reproduisons ci-dessous un extrait d’un article publié dans l’humanité du 24 janvier 2014 intitulé « Aubervilliers, refermer la parenthèse socialiste », signé Maud Vergnol.
« Vous vous déplacez vous-même ? » Cette habitante de la cité Gabriel-Péri, à Aubervilliers, n’en revient pas que Pascal Beaudet, maire PCF de la ville de 2003 à 2008 et candidat Front de gauche à la mairie, ait grimpé les cinq étages de son immeuble pour frapper à sa porte. « C’est rare qu’on s’intéresse à nous, confie cette jeune maman qui n’a pas le droit de vote. J’attends avec impatience l’arrivée du métro. Ça va me changer la vie, je gagnerai 1 h 30 de temps de transport par jour. » Sa voisine, elle, « ne voit pas la différence » depuis l’élection du maire socialiste Jacques Salvator, qui l’avait emporté en 2008 de 300 voix après avoir maintenu sa liste face au maire communiste sortant, arrivé en tête au premier tour. Pourtant, l’arrivée de la ligne 12 du métro, le site commercial du Millénaire, ou encore l’ouverture d’un conservatoire musical à rayonnement régional ou celle du campus universitaire Condorcet sont autant de projets ambitieux initiés sous les mandats des élus PCF. « Ce qu’on veut, nous, c’est du boulot », se désespère un habitant de la cité. Dans ce quartier frontière avec La Courneuve, le taux de chômage est l’un des plus élevés de la ville, qui compte déjà 22,6 % de demandeurs d’emploi. « On en crève », résume un étudiant en droit qui appréhende le moment où il va devoir « se lancer sur le marché du travail ». « J’ai voté Pascal Beaudet en 2008 parce que ma famille sait ce qu’elle doit aux maires communistes de cette ville. Mais, franchement, je dois être l’un des seuls de l’immeuble à voter. La moitié n’a pas le droit de vote et je suis sûr que les autres votent FN, vu comme ils sont racistes. »
Sur 75 000 habitants, seuls 12 900 votants se sont déplacés aux urnes en 2008, lors du second tour des municipales. Cette victoire, « Jacques Salvator n’en a rien fait », selon le conseiller général PCF, Jean-Jacques Karman, qui dénonce une « faillite » de la politique financière de l’actuel maire. « Il s’est lancé dans une course folle aux 100 000 habitants. Les sociétés immobilières ont fait main basse sur la ville. Les profits vont dans leurs poches, mais le paiement des équipements nécessaires, ce sont les Albertivillariens qui les paient », fustige cette figure historique d’Aubervilliers, membre de la gauche communiste, dont le père fut maire de la ville jusqu’en 1984. Son soutien zélé aux orientations de la majorité PS aura coûté cher à Jacques Salvador, proche du courant strauss-khanien, qui a choisi d’appliquer, dès septembre dernier, la réforme des rythmes scolaires à Aubervilliers, sans aucun moyen supplémentaire. Tollé chez les enseignants, parents d’élèves et animateurs.
« La fiscalité locale a augmenté de 30 % en six ans, quand l’endettement de la ville atteint plus de 50 % sur la même période », dénonce Pascal Beaudet, inquiet de « la paupérisation des habitants et des difficultés de la jeunesse ». « Je suis persuadé que les maires ont un rôle déterminant à jouer face à la crise économique qui touche de plein fouet les populations les plus fragiles, comme c’est le cas à Aubervilliers », explique le conseiller général. « Le 12 décembre, plus de 300 habitants sont venus assister à la soirée de clôture des réunions de quartier », indique le secrétaire de la section PCF de la ville, Anthony Daguet, qui y voit un signe encourageant pour les municipales de mars.
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