De retour de Gaza, Ils témoignent.

Compte-rendu de la soirée du 9 février 2009 à l’Espace Renaudie

mercredi 11 février 2009

Lundi 9 février, trois membres de la délégation politique envoyée à Gaza en janvier par l’Association de jumelage entre les camps palestiniens et les villes françaises, sont venus à Aubervilliers pour témoigner de ce qu’ils ont vu sur place. Près de 70 personnes sont venues les écouter.
Pierre Barbancey, journaliste à L’Humanité a expliqué comment Israël, dès le 27 décembre, a bloqué tous les points de passage avec Gaza pour empêcher les journalistes de faire leur travail de reportage. Les journalistes palestiniens sur place, a-t-il expliqué, ont témoigné. Mais la propagande israélienne a systématiquement mis leurs témoignages en doute, partant du principe fallacieux que des Palestiniens ne pouvaient pas faire de reportages objectifs sur la situation à Gaza. Ayant réussi à rentrer à Gaza par la frontière avec l’Egypte au moment des combats, Pierre Barbancey a témoigné de la violence inouïe des pilonnages de l’aviation, et des nombreux crimes de guerre commis par Israël, notamment l’utilisation d’armes prohibées.

Patrick Le Hyaric, directeur de L’Humanité, a expliqué que longtemps, la rédaction du journal a pensé qu’il n’y avait pas d’offensive terrestre. Or, non seulement cette offensive terrestre a eu lieu, mais les militaires israéliens en ont profité pour mener des assassinats ciblés contre des Palestiniens dont ils souhaitaient se débarrasser. Il a donné l’exemple d’un homme employé par les Nations Unies, que les militaires ont séquestré durant plusieurs jours, pour finir par le laisser mourir de ses blessures par balles, sans que sa famille retenue en otage puisse rien faire.

Meriem Derkaoui, conseillère municipale, elle aussi de retour de Gaza, a témoigné des nombreuses exactions commises. Elle a souligné qu’en entrant à Gaza, les membres de la délégation ont été frappés de l’ampleur des destructions : « C’était un véritable champ de ruines ». Elle a rappelé qu’Israël avait systématiquement détruit les symboles de la souveraineté palestinienne, ainsi que les bâtiments construits avec l’aide financière internationale, et les infrastructures économiques.

Elle a rapporté le témoignage d’un jeune homme de 27 ans, vivant dans une zone rurale. Installé avec sa famille sous le auvent de leur maison, ils ont été la cible d’un missile qui a tué sa mère, son frère, ses neveux et nièces. Or, précise-t-il, « notre maison est complètement à l’écart de tout. Il n’y avait aucune raison de bombarder, sauf pour terroriser des civils ».

Terroriser les civils, c’est également ce qu’ont fait ces militaires qui ont tué devant les yeux des leurs parents trois petites filles de 2, 4 et 7 ans, et leur grand-mère. Un voisin qui passait avec sa carriole, et qui a voulu transporter la fillette de 7 ans blessée par balles jusqu’à un hôpital, a été tué avec son âne !
Comme le dit Patrick Le Hyaric, « nous ne demandons à personne de nous croire sur parole. Ce que nous avons vu était intolérable. Nous avons pris des photos, nous avons recueilli des témoignages. Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est une commission d’enquête qui établisse les faits pour que tous ces crimes ne restent pas impunis. »

Christine Birnbaum, une des responsables de l’Union Juive Française pour la Paix, est venue apporter son soutien à la paix. Son association a été créée dans les années 90, à l’initiative de juifs qui ne se reconnaissent pas dans le Crif et qui refusent d’être assimilés aux positions de cette organisation sioniste. Christine Birbaum a souligné qu’Israël était un Etat colonialiste et que la situation à Gaza en était une des conséquences. Pour elle, les massacres de Gaza ont pour objectif de rendre la situation irréversible, de dresser Palestiniens et Israéliens les uns contre les autres pour empêcher toute possibilité de paix. Elle a rappelé que malgré tout, depuis le 27 décembre, des manifestations pour la paix, réunissant des milliers d’Israéliens et de Palestiniens, ont eu lieu en Israël.

Un long débat a suivi ces interventions. Deux petites filles de l’école Joliot-Curie sont venues expliquer qu’elles avaient participé à une initiative de solidarité avec Gaza dans leur école.

Francis Combes, poète et éditeur, a lu un poème de Mahmoud Darwish, le poète palestinien, et le poème d’une jeune femme de Gaza relatant les événements.

Plusieurs participants ont souligné l’impunité dont semble jouir l’Etat d’Israël et la complicité des médias en France vis-à-vis de l’offensive militaire. D’autres ont voulu y voir l’expression du colonialisme en Israël et l’ont dénoncé comme tel.

Jean Jacques Karman, conseiller général d’Aubervilliers, a rappelé que le Conseil général avait développé pendant des années des jumelages avec trois villes palestiniennes. Depuis l’arrivée du Parti socialiste à la direction du Conseil général, ces trois jumelages ont été mis en sommeil. Par contre, le CG développe un jumelage avec la ville israélienne de Saint-Jean-d’Acre.

Pascal Beaudet, président du groupe communiste et citoyen « Tous ensemble pour Aubervilliers », a conclu la réunion sur une note d’espoir, en rappelant que malgré les difficultés, la population palestinienne ne se laisse pas abattre. Il a rapporté sa rencontre avec une veuve palestinienne de Cisjordanie, élevant seule ses 7 enfants dans une grande précarité. Quand il lui a demandé ce qui pourrait l’aider, elle lui a répondu : « Un Etat palestinien, c’est ce dont nous avons besoin ».

Caroline Andreani

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1 Message

  • Palestine ! Palestine ! Le 13 février 2009 à 09:44, par Ernesto

    Merci à Caroline de son compte rendu complet (c’était difficile à écrire) mais un peu sec si j’en crois ce qu’a écrit Léna dans son message du 10 février. La soirée a, en effet, connu des moments bouleversants. Après tout c’est bien que deux comptes rendus se complètent.

    Juste une précision cependant : P. Le Hyarick n’a pas dit que L’Huma ne croyait pas à une offensive terrestre (P. Barbancey était sur place et il pouvait constater l’entrée en action des chars) mais que la rédaction du journal avait assez longtemps pensé que les soldats ne quittaient pas les chars, se "contentant" de tirer au canon. Ce n’était pas le cas : les soldats sortaient des chars et tuaient alentour des civils, hommes, femmes et enfants. Voilà, c’est terrible.

    Un dernier point à préciser sur les élections en Israël : la poussée à droite est manifeste, les travaillistes (socialistes) ont subi un grave échec, battus par plus sionistes qu’eux.

    La coalition à laquelle participe le Parti communiste israëlien (Hadash) a progressé en voix et obtiendrait au moins quatre députés contre trois.

    L’Huma dit qu’il y a de fortes progressions dans les plus grandes villes. Le Monde et alii ne disent rien.

    Que ceux qui trouveraient des infos sur ce point les fassent connaître.

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