"Les Fralib" ! Une réponse à un article du Parisien

lundi 7 août 2017

"Les Fralib" ! Après une longue lutte contre la multinationale Unilver, ils ont gagné et ont réussi à transformer le site de production de thé et de tisanes de Gemenos, près de Marseille, en coopérative SCOP.

Leur lutte a duré 1336 jours et c’est la raison pour laquelle leurs produits sont distribués sous la marque 1336 .

Acheter ces excellents produits, c’est le meilleur moyen de soutenir.cette coopérative.

A Aubervilliers, les produits 1336 sont vendus au Franprix du 127 avenue Jean-Jaurès et au Carrefour du centre commercial Le Millénaire.

Il n’y a probablement aucun rapport avec l’année 1336, année au cours de laquelle se serait produit en l’église Notre-Dame des Vertus "le miracle de la pluie" !

Ci-dessous, un entretien avec deux cadres dirigeants de la SCOP publié par le site "Rouge Midi" :

"Vous lancez une campagne de socio-financement pourquoi ?

En fait on vit un paradoxe : nous avons un « taux de pénétration du marché » (comme disent les professionnels de la vente) qui est exceptionnel en si peu de temps mais en même temps cela ne suffit pas pour arriver encore à l’équilibre et assurer la pérennité de l’entreprise. A la fois nous recevons tous les jours des messages de félicitation pour la qualité et le goût de nos produits mais nous n’atteignons pas encore l’équilibre financier même si la courbe des recettes est exponentielle…Le chiffre d’affaires a quadruplé entre 2015 et 2016 et on pense qu’il va progresser encore de plus de 70% en 2017 Cette croissance est d’autant plus remarquable qu ’UNILEVER n’a jamais voulu nous céder un peu de volume pour assurer notre démarrage et que donc nous devons nous implanter comme un nouveau produit alors que la marque Eléphant existe depuis plus de 120 ans ! Si UNILEVER, qui voulait se débarrasser de la marque comme il l’a fait depuis 2000 pour 2/3 des marques qu’il a achetées, nous l’avait cédée, à elle seule la marque Eléphant née à Marseille et diffusée uniquement en France aurait suffi pour nous donner les moyens de la pérennisation du site.

Nous savions bien que cela se passerait comme cela et c’est bien pour cette raison que tout le temps du conflit nous avons réclamé entre autres, les volumes.

Donc vous aviez bien compris que les premiers mois vous seriez en déficit mais dans la presse il est question d’un besoin de 700 000€ ce qui parait énorme. Y a-t-il eu une erreur dans vos prévisions ?

Non. En fait ce chiffre comme bien d’autres est repris dans la presse mais dans la réalité c’est bien plus complexe que cela. Tout comme le chiffre de 19,2 millions qui est annoncé comme la somme versée par UNILEVER à SCOP-TI alors qu’en fait pour plus de 10 millions l’ont été pour les salaires, 7 millions pour la valorisation de l’outillage et seulement un peu plus de 2 millions pour le redémarrage. Il n’y a pas eu d’erreur de notre part mais le problème c’est que nous sommes de mauvais capitalistes…et nous n’avons pas envie de devenir des bons !
D’abord nous avons embauché tous les camarades qui avaient occupé l’usine. Pour nous il n’était pas question qu’une ou un seul d’entre eux reste sur le carreau. Si nous avions été de « bons capitalistes » nous n’aurions embauché que la dizaine nécessaire au lancement de la production : pour nous il n’en était pas question…et nous n’avons jamais regretté ce choix !

Ensuite il y a la question des prix d’achat des matières premières. UNILEVER s’était fait une spécialité de pressurer les producteurs afin d’obtenir les meilleurs prix. ARTE a d’ailleurs montré dans un reportage au Kenya comment la multinationale avait réinventé l’esclavage en enfermant tout un village pour que hommes, femmes et enfants produisent du thé au meilleur prix. De même le groupe avait abandonné le tilleul de Buis Les Baronnies pour aller en chercher en Argentine à un prix dérisoire. Nous, nous cherchons à relancer des circuits courts de production locale et payons la matière première au juste prix : celui qui reconnait la valeur du travail de nos fournisseurs. Donc le tilleul de Buis nous le payons à plus de 5 fois le prix imposé par UNILEVER. En ce qui concerne le thé nous sommes passés par la FSM (Fédération syndicale mondiale) pour aller chercher auprès de camarades vietnamiens un thé que nous payons à un prix juste.

C’est du commerce équitable ?

Si on veut mais nous on n’emploie pas le mot car en général cela signifie une hausse pour les consommateurs : ce n’est pas notre cas…puisque nous n’avons pas d’actionnaires à payer !
Il y a aussi la question de l’immobilier qui pèse lourdement dans notre gestion. Avec le changement de majorité à la communauté de communes devenue depuis métropole nos affaires dans ce domaine ne sont pas facilitées. On voudrait d’ailleurs participer à un tour de table pour acheter les locaux afin de garantir encore davantage la pérennité de l’entreprise.

Enfin il faut tenir compte du fait qu’il y a eu un décalage d’un an par rapport à nos prévisions à cause du retard pris dans l’application de l’accord. Il a été signé en mai 2014 mais il nous a fallu attendre juillet 2015 pour avoir officiellement les machines. Cela nous a donc mis en difficulté.
On a pris du retard dans la production et donc dans la rentrée de recettes. Pour autant cela ne doit pas masquer le fait que nous sommes en progression constante dans le chiffre d’affaires.
Nous progressons sur tous les segments : les marques distributeurs, nos marques 1336 et SCOP-TI et dans le réseau militant. Il nous faut poursuivre notre progression et pouvoir nous appuyer sur une rentrée de fonds assurant définitivement la pérennité et les avances de trésorerie que nous sommes obligés de faire (achat matières premières, différés de paiement des livraisons…)

Vous avez donc lancé la campagne : comment ça répond ?

On n’en revient pas nous-mêmes ! Ça bouge tous les jours ! Comme on l’indique dans notre lettre hebdomadaire de ce jour « Le soutien populaire dont bénéficie SCOP TI ne se dément pas puis qu’après seulement trois semaines, ce sont 57 879,06 € qui ont déjà été apportés par 477 souscripteurs particuliers et associatifs avec une souscription moyenne de 121 €. » ! Et encore il faut ajouter à ce chiffre les contributions qui vont arriver par Internet ce qui sera possible fin août….A toutes et tous on envoie une lettre de remerciement et on donne à chacun et chacune la possibilité d’être d’office adhérent-e gratuitement de notre association de soutien FRALIBERTHE. (..).

Au-delà de la souscription qu’est-ce qu’on peut faire ?

Les pistes d’action sont de plusieurs ordres :
- agir auprès des directions de magasins chaque fois que vous ne trouvez pas nos produits. Il suffit le plus souvent de le signaler à la direction pour que nos produits apparaissent.
- aider collectivement à la progression de la vente militante en montant des dépôts-vente par le biais d’associations, de syndicats, de comités d’entreprises ou lors d’initiatives. Cela peut se faire maintenant en passant par l’un de nos sites Internet ou notre page Facebook. C’est toute l’importance pour ce faire de notre association FRALIBERTHE présidée par Omar
- Nous essayons de répondre à chaque invitation pour des initiatives autour du film, de la pièce, de concert ou simplement pour tenir un stand lors d’un événement. Ainsi nous nous essayons de nous déplacer chaque fois que l’on nous sollicite. C’est ce qui se produit pratiquement chaque semaine comme par exemple le week-end dernier au festival La Belle Rouge où nous avons connu une très belle réussite. Ce sont chaque fois, comme lorsque nos camarades tournent avec la pièce sur le conflit ou avec le groupe musical Los Fralibos, de grands moments de fraternité, d’explication sur notre lutte
- Enfin on peut aussi décider d’être ambassadeur ou ambassadrice à titre individuel dans son département. Voir la lettre en document joint et là aussi tout est expliqué sur nos sites.

Si je comprends bien vous êtes confiants ?

Oui même si c’est plus compliqué que pour la lutte !!! Là si bien des éléments ne dépendent pas de nous, on a objectivement des perspectives de développement qui sont très encourageantes. Nous progressons de mois en mois et en juillet dernier nous avons atteint et même dépassé notre meilleur chiffre d’affaire mensuel alors que nous sommes en période estivale, période creuse par définition…surtout pour nos produits. Donc on va y arriver…tous ensembles comme on dit dans nos manifs

Et justement quel est le nouveau rôle du syndicat ? Vous êtes devenus tous les deux cadres selon le terme officiel : comment vous faites ?

(Sourires) Oui là aussi c’est plus compliqué que pendant la lutte ! C’est plus facile à l’extérieur avec notre rôle dans l’UL ou pour préparer le 12 septembre contre la politique du gouvernement Macron. Mais nous sommes adaptés à la nouvelle réalité et l’assemblée des syndiqué-e-s a désigné une nouvelle déléguée syndicale, Rim Hidri et on peut compter sur elle pour ne rien lâcher…(y compris en interne !!) avec les nouveaux élus avec elle comme délégués du personnel : Yves Baroni, Jean Luc Gros, Raymonde Sasso."

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