Renouvellement urbain : que penser après le Conseil municipal du 19 mai ?
samedi 21 mai 2022
Le Conseil municipal du 19 mai ne comportait dans son ordre du jour aucune référence au dossier du renouvellement urbain pourtant annoncé comme un événement de grande importance dans la tribune signée "La majorité municipale" publiée dans Les Nouvelles d’Auber du mois de mai.
Cette situation avait conduit le collectif des habitants et associations des quartiers Maladrerie, Villette, Emile Dubois et quatre-chemins à faire déposer une question écrite d’interpellation (voir ci-après).
Mme Franclet, en ouverture de séance, effleurait la question du renouvellement urbain en présentant quelques éléments soulignant l’importance des crédits accordés par l’ANRU, pour l’heure de 142,6 millions d’euros qu’elle déclarait espérer augmenter à 400 millions (?) au terme de séquences bien aléatoires de revoyure à venir. Elle expliqua que le dossier présenté était globalement validé, qu’il serait précisé au cours des prochaines semaines et que Plaine-commune assurerait la concertation.
Le Conseil municipal dut se contenter de ce maigre exposé aucun document ne lui étant remis. Ainsi se clôtura cette première séquence mais le dossier fut un peu relancé lorsque l’interpellation du Collectif, portée par Soizig Nedelec, vint en fin de séance à la discussion.
Mme Franclet se justifia alors de sa non réponse aux multiples invitations à la concertation au motif que l’on ne pouvait pas concerter sur un projet non arrêté. Elle confirma ce disant qu’elle s’était délibérément refusée, en contradiction avec les prescriptions de l’ANRU, à toute concertation en amont du dépôt du projet.
L’adjoint chargé du suivi du dossier prit ensuite la parole pour égrener, sans exposé d’ensemble, quelques réponses aux questions posées par le Collectif. Il confirma ainsi les démolitions envisagées à Emile Dubois (299), La Villette (199) et le transfert à la RIVP de 393 logements à La Maladrerie. La question du sort des pavillons de la Maladrerie fut déclarée renvoyée à un examen ultérieur mais la destruction des deux immeubles des Joyeux fut actée.
A La Villette, hormis les destructions annoncées qui doivent être confirmées lors d’une réunion de revoyure dans six mois, toute autre intervention de l’ANRU est abandonnée.
Les équipements envisagés à La Maladrerie seraient réalisés et la nouvelle voie qu’il est envisagé de percer n’aurait pas vocation à accueillir des automobiles. Rien n’a été dit sur la résidentialisation et la vente à la découpe de logements.
Sous ce maigre inventaire à la Prévert beaucoup de questions se posent dont il n’a pas été question.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Le dossier dans sa généralité actuelle va-t-il être enfin être rendu public ?
Comment une véritable concertation va-t-elle s’engager ?
Quelles seront ses marges de manœuvre ?
Le dernier mot est-il déjà dit ?
Les conceptions en matière de concertation de Mme Franclet et de son équipe font craindre le pire.
Plus que jamais la mobilisation des habitants sera indispensable.
Question écrite sur le renouvellement urbain posée lors de la réunion du Conseil municipal de 19 mai 2022 par le Collectif des habitants et associations des quartiers Maladrerie, Emile Dubois, 4 chemins et La Villette.
Madame la Maire,
Dans le dernier numéro des Nouvelles d’Auber, vous annoncez dans votre tribune l’attribution d’une subvention « record » de 142,6 millions d’euros pour la rénovation urbaine des quartiers Maladrerie-Émile Dubois, Villette Quatre-Chemins et République-Fusains. Vous précisez que cela concerne 44 000 habitants de la ville, soit la moitié de la population.
Si nous nous réjouissons de cette attribution, nous notons que le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) s’élève à 12 milliards d’euros et concerne, selon l’ANRU, 3 millions d’habitants en France. Notre ville est l’une des plus pauvres de France et notre préoccupation est de savoir quel projet de renouvellement urbain ces crédits vont permettre de financer, et de nous assurer que ce projet bénéficiera aux besoins des habitants de ces quartiers, et sera « coconstruit » avec eux.
Nous vous renvoyons à la loi qui est très claire sur ce point dans l’Arrêté ministériel du 24 août 20211. L’ANRU en a fait l’une des évolutions majeures du NPNRU.
Or, depuis près de 18 mois, nous vous interpellons sans relâche, sans succès, pour connaître le contenu du dossier qui a été revu par la municipalité au tout début de votre mandat, et pour être, comme le prévoit la Loi, « associés à toutes les étapes ».
Pour seules réponses à nos interpellations, vous nous avez adressé deux courriers :
en décembre 2021, vous vous vouliez rassurante en faisant état de simples « pistes de travail ». N’était-ce donc pas le moment de mettre en place la démarche de coconstruction prévue par la Loi ?
le 31 mars 2022, vous nous informez que le projet de renouvellement urbain a été présenté à l’État, et que vous avez demandé à vos services de travailler sur un plan de communication et de concertation, dont la première étape sera le conseil municipal du 17 mai. Si vous mélangez dans ce courrier les notions de concertation et de communication, il s’agit dans votre esprit de présenter aux habitants un projet totalement ficelé.
Si l’ANRU considère que la maîtrise d’usage des habitants est indispensable pour transformer leurs quartiers, pourquoi vous acharnez-vous à vous y soustraire ?
Depuis plus d’un an, nous vous posons les questions suivantes :
quelles destructions de logement sont prévues à Émile Dubois et à La Villette ? Quelles seront les conditions précises de relogement de leurs habitants ? À la Maladrerie, l’hypothèse de destruction de plusieurs pavillons de cet ensemble labellisé Patrimoine remarquable avec un risque d’introduction de l’automobile est-elle bien abandonnée ?
quelles seront les conséquences, pour les habitants, de la cession d’une partie importante du patrimoine de l’OPH à d’autres bailleurs ?
quelles seront les modalités de rénovation des logements ?
qu’en est-il du plan de sauvegarde de la copropriété des Joyeux ?
Parmi le peu d’informations auxquelles nous avons pu avoir accès, il était question de résidentialiser une partie des espaces de la Maladrerie.
La libre circulation piétonne dans les chemins et coursives est au cœur du projet urbain de ce quartier. Il constitue un poumon vert pour une ville qui en manque cruellement, un espace de jeu pour les enfants et une trame verte qui permet de relier le Fort au centre-ville. À l’heure où toutes les villes envisagent la reconquête des espaces publics, leur verdissement, les circulations douces, la résidentialisation irait à rebours de l’histoire.
La condition indispensable pour désenclaver les quartiers et assurer une mixité d’usage, c’est l’attention portée à l’entretien des logements et des espaces, la qualité et la diversité des équipements publics. Si le NPNRU concerne directement 44 000 habitants d’Aubervilliers, il faut que ces habitants bénéficient d’une offre d’équipements suffisante.
Nous demandons donc, sur les quartiers Maladrerie et Émile Dubois :
la réhabilitation à taille humaine des groupes scolaires et la construction d’un équipement d’accueil petite enfance,
la réhabilitation du pôle culturel de la Maladrerie (médiathèque de 1000 m2, espace Renaudie et CAPA)
la création d’espaces associatifs, la relocalisation de la Main Tendue, la réhabilitation du stade Delaune et des espaces jeunesse.
Madame la Maire, maintenant que des crédits de l’État sont attribués, il est plus que temps d’associer les habitants sur chacun de ces points à une réhabilitation qu’ils appellent de leurs vœux.
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