
Comment Salvator veut régler ses comptes avec la communauté éducative
Il renonce à réquisitionner les salles de classe mais traduit la principale fédération de parents d’élève devant le Conseil d’État !
dimanche 10 novembre 2013
Le torchon brûle à Aubervilliers entre la ville et le monde de l’éducation. Aubermensuel et la communication du parti socialiste tentent bien d’occulter le malaise ; en vain ! Le printemps a été chaud : on se souvient que la couverture d’avril du mensuel municipal qui devait être consacrée aux rythmes scolaires avait été changée au dernier moment pour faire place au printemps musical ! Venait la dessus un problème de carte scolaire qui dans sa mouture initiale devait aboutir à ce qu’un enfant sur dix change d’école ! S’ajoutaient enfin à cela des difficultés d’accueil des enfants à la demi-pension qui avaient poussé la principale fédération de parents d’élève à Aubervilliers à saisir le Tribunal Administratif !
Le Tribunal Administratif donne raison aux parents
S’appuyant sur le principe d’égalité d’accès à la restauration scolaire, le juge avait donné gain de cause à l’association de parents d’élèves et demandé que le règlement de la demi-pension qui prévoyait la priorité pour les enfants dont les deux parents travaillent soit annulé. C’était en septembre dernier. Eh bien qu’a fait le maire ? La logique aurait voulu qu’il se mette en conformité avec la décision de justice, d’autant plus que des villes de plus en plus nombreuses ont été condamnées de la même manière ! Eh bien non, le maire se pourvoit devant le Conseil d’Etat auquel il demande la suspension de la décision du Tribunal Administratif et 3600 euros au titre du code de justice administrative aux conseils locaux des deux groupes scolaires qui ont intenté l’action en justice.
On sait la situation difficile de la communauté éducative du fait de l’augmentation des effectifs scolaires et de l’augmentation encore plus forte de la demande des familles pour bénéficier de la demi-pension. Mais était-il opportun, là où il aurait fallu discuter avec les parents et directions d’écoles d’un plan de mise à niveau de l’accueil des enfants à la restauration scolaire, d’ouvrir un nouveau front ?
On ne peut pourtant pas dire du maire qu’il a été absent du dossier scolaire. Il a donné nombre d’interview dans les médias, participé à des débats, reçu les manifestants, même si ces derniers ont du parfois insister. Il a même la semaine dernière participé à un conseil d’école où il a eu les plus grandes difficultés à justifier la réforme des rythmes scolaires. Pour prendre la température du terrain, il avait même déserté une réunion publique sur la sécurité (l’une de ses deux délégations avec les finances NDLR) à laquelle il avait envoyé Daniel Garnier (son adjoint à l’enseignement) pour le représenter ! On notera d’ailleurs que les élus en charge du dossier scolaire et périscolaire sont étonnamment discrets sur la question. Peut-être veulent-ils éviter la cacophonie et de mettre de l’huile sur le feu, mais qu’ils se rassurent, d’autres s’en chargent dans la majorité municipale, à commencer par le rédacteur de la tribune du PS dans Aubermensuel.
Réquisitionner les salles de classe ?
Comme si cela ne suffisait pas, on apprend par le Parisien du 7 novembre que le maire envisageait la réquisition des salles de classe pour apporter une solution au problème des locaux soulevé par la nécessité d’accueillir les enfants pour les activités périscolaires. Le 8 novembre, ce même journal consacre quasiment trois pages à la difficulté de la mise en place de la réforme. Mais ce 9 novembre, toujours le Parisien dans un article particulièrement alambiqué nous apprend qu’on avait mal compris et plutôt que de réquisition, il fallait comprendre "harmonisation".
Dans un contexte profondément dégradé, Jacques Salvator aurait-il enfin compris qu’il n’était pas utile d’en remettre une couche ? Après sa lettre ouverte du maire au ministre Peillon cet été sur cette même question qui avait été loin de faire l’unanimité chez les enseignants, on assiste là à un premier recul.
Certes, l’avenir de Vincent Peillon apparaît particulièrement confus depuis que son parti considère qu’il est devenu incontournable pour mener une liste aux européennes. Au moment où un préavis de grève est lancé pour les 13 et 14 novembre, alors qu’on peut s’attendre à ce que les médias soient particulièrement braqués sur Aubervilliers à cette occasion, il n’était pas forcément indispensable d’en rajouter. C’est ce que commence à comprendre Jacques Salvator, mais on se demande si ce n’est pas déjà trop tard. Nous, on ne comprend pas, d’autres non plus, y compris dans son propre camp a-t-on cru remarquer.
Toujours est-il qu’on voit mal le maire actuel en capacité de rétablir la confiance au sein de la communauté éducative.
Armand D
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