
Rythmes scolaires : comment a-t-on pu en arriver là ?
samedi 2 novembre 2013
Nous ne souhaitions pas en rajouter sur la question et sur un site dont nous savons qu’il est relativement consulté. Aussi, quand des graffitis anti-réforme et anti-enseignants sont apparus sur les murs de l’école Babeuf, nous nous sommes limités à la publication d’une photo (et pas la plus choquante) à la fin d’un de nos articles (cliquer ici) et avec une légende que nous avions voulu sobre. Le Parisien avait alors consacré un article entier à cet acte sous le titre "Le maire prône l’apaisement" (sic). Nous avions considéré qu’il était inutile de faire d’avantage de publicité aux excités qui, par leurs bombages, ont diffamé le corps enseignant et se sont livrés à la dégradation des locaux scolaires. La municipalité avait d’ailleurs fait le nécessaire en faisant retirer les graffitis dans la journée. Il n’empêche que les enfants et les parents les ont vu en arrivant à l’école le lundi matin et ont été choqués. Chacun aurait apprécié que le maire condamne très fermement de telles pratiques.
Ne tirons pas sur l’ambulance !
Nous avons préféré dans la dizaine de papiers que nous avons publié depuis février 2013, poser des questionnements sur la réforme et avancer des arguments, ce que nous continuerons à faire. Nous avons relayé les infos nationales sur le sujet, avec une mention particulière pour les articles qui apportaient un éclairage que nous jugions intéressant. C’était le cas de la plupart des articles de l’Huma ou encore de l’article de Véronique Soulé paru le 9 octobre dernier dans Libé.
Quelles perspectives ? Suspension ou victoire à la Pyrrhus ?
On sait le contexte toujours très tendu même si certains croient voir "une situation plus apaisée qu’il n’y parait" (site du PS local). Un préavis de grève a été déposé pour la rentrée. On constate sur le terrain que les renforts promis par Peillon ne sont en réalité que les trois médiateurs envoyés par le Rectorat pour tenter de déminer la situation école par école. Force est de constater, et les intéressés l’ont mesuré sur le terrain que la réponse est loin d’être à la hauteur des attentes des parents, enseignants et animateurs. L’émission de Daniel Schneidermann, "Arrêt sur images" [1] proposait au début du mois une émission sous le titre, Rythmes scolaires : "le scoubidou permet de préparer à la lecture !". Celle-ci a montré a quel point la réforme s’était révélée inopportune à Aubervilliers : non seulement, la question même des rythmes n’y a jamais été abordée (c’était pourtant l’objectif même de la réforme ndlr), mais surtout, l’accès aux activités périscolaires qui semblait constituer le principal argument du maire, s’avère aléatoire, et ce, dans un contexte de désorganisation, de tension et d’insécurité particulièrement fort. Cette émission a enfin révélé, et ce, essentiellement par la voix du parent d’élève présent sur le plateau, un système éducatif sinistré par les saignées en personnels opérées au cours du précédent quinquennat, les déficiences en matière de locaux... Bref, cette réforme ne constitue pas la priorité du moment à Aubervilliers, conclut l’animateur de l’émission.
Faut-il encore en rajouter ?
Dans un contexte dont on mesure la complexité, était-il opportun de mettre de l’huile sur le feu. Le maire était-il obligé de rédiger une lettre ouverte cet été au ministre de l’éducation, pour fustiger ce qu’il nomme la "mauvaise volonté des enseignants". Son adjoint à la culture, était-il obligé lors du dernier conseil municipal de se livrer à une diatribe anti-enseignants pour dénoncer ce qu’il considère comme une manipulation des enfants et des parents par les enseignants. Finalement, pas beaucoup plus brillant que les graffitis que la municipalité avait rapidement fait effacer...
Armand D
Notes
[1] Cliquer ici pour la visionner : http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=6198
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