
A propos de la sécurité, compte rendu synthétique de la réunion du 10 septembre (quartier Maladrerie/Emile Dubois)
mardi 16 septembre 2008
Le 10 septembre s’est déroulée dans le réfectoire de l’Ecole Joliot-Curie la troisième des réunions en cours sur la ville concernant les questions de sécurité.
Convoquée à 18h 30, la réunion n’a débuté qu’à 18h 50, retard qui paraît s’installer désormais en habitude.
Une centaine d’habitants s’étaient déplacés auxquels s’ajoutaient un certain nombre de fonctionnaires municipaux ainsi que d’élus dont l’arrivée s’est égrenée tout au long de la réunion.
Après quelques propos introductifs de M. le Maire soulignant le caractère exceptionnel de ces rencontres en raison d’une détérioration ressentie de la situation par les habitants et précisant que la soirée avait pour objet de faire part du ressenti et de fournir des réponses car « il n’y a aucun problème auquel on ne peut faire face », la parole a ensuite été donnée à la salle.
Vingt-cinq habitants ont participé à ce moment, faisant pour la plupart état de difficultés rencontrées au quotidien, notamment en relation avec des groupes de jeunes jugés agressifs, souvent impliqués dans des trafics, produisant nuisances diverses (sonores et matérielles) et situations dangereuses (motos). Beaucoup d’intervenants ont critiqué l’absence de la police et ont fait part du sentiment d’impunité qu’ils ressentaient.
Un intervenant (soutenu par quelques uns des participants) a gravement dérapé dans un discours raciste, menaçant de s’armer dès lors « qu’on tue aujourd’hui des autochtones ». Moment terrible dès lors qu’il était fait référence à un accident de moto survenu rue Elysée Reclus au cours duquel le conducteur avait été tué alors que l’intervenant soutenait qu’un habitant l’avait été ! (Il a fallu que Mme Joubert, Commissaire de Police, rétablisse un peu plus tard la vérité des faits).
Par delà cette séquence très pénible et préoccupante d’autres questions ont été brièvement abordées, telles la mixité sociale, le risque de ghettoïsation et de communautarisme.
La question du retour d’une police de proximité (supprimée par Sarkozy) a été évoquée et les propositions de « médiation citoyenne » formulées par M. Salvator dans Aubermensuel critiquées.
Un des animateurs du Collectif d’habitants des cités E. Dubois/Maladrerie est assez longuement intervenu autour des thèmes suivants :
- les questions de sécurité ne peuvent faire l’objet de propos démagogiques ;
- il n’est pas juste de dire que rien n’est fait par la Mairie et le Commissariat mais ce que l’on doit constater et que soulignent les interventions de habitants c’est que ce qui s’est fait ou se fait est insuffisant et ne correspond pas aux attentes des habitants.
- les interventions montrent que chacun identifie les problèmes de nuisances où « d’insécurité » à partir de la perception qu’il en a, qui est par définition partielle, oublieuse ou ignorante d’autres perceptions. Les dimensions de l’insécurité sont nombreuses et compliquées. Elles s’enchevêtrent : il faut travailler à des réponses globales et ciblées. Ce n’est pas facile.
- il faut en tout cas évaluer les outils et actions mis en œuvre et procéder aux adaptations nécessaires ;
- la question des occupations illégales de logements sociaux (41 appartements concernés à la Maladrerie et 9 à Emile Dubois) doit être résolue le plus rapidement possible. Cette situation qui dure depuis des années constitue une grande agression contre la population du quartier : une partie de la cité est installée dans le non droit. La municipalité et l’OPH qui ne sont pas parties prenantes de l’accord conclu entre le DAL, les squatteurs et la préfecture doivent maintenir les positions défendues en 2007 et exiger de l’Etat qu’il reloge hors d’Aubervilliers les occupants illégaux.
- au-delà des grandes questions sommairement évoquées auxquelles il convient, c’est l’évidence, de s’attaquer de meilleure manière il faut aussi penser à résoudre des questions concrètes immédiatement palpables pour les habitants. A la Maladrerie par exemple cela pourrait concerner la réinstallation de la cité dans son fonctionnement piétonnier exclusif (signalétique adéquate, verbalisation des contrevenants), la réparation des sols (dénivelés dangereux en raison des affaissements), la pose de plaques d’égouts ou de grilles disparues, …
- La reprise de confiance peut être obtenue à la condition que des avancées concrètes soient rapidement perceptibles, que s’instaure une coopération active des divers services intervenant sur le quartier et que la transparence soit faite sur les efforts réalisés.
J. Salvator dans ses réponses en synthèse, après s’être dit « ému » par l’intervention ci-dessus, a déclaré que les problèmes de police ne se réduisaient pas à la question des effectifs et qu’en tout état de cause la police ne pouvait tout résoudre. Beaucoup de choses ont été faites mais des problèmes persistent. Une unité territoriale de quartier (police de proximité) a été demandée et devrait être installée au cours du premier trimestre 2009. Il s’agirait d’une avancée qui n’est cependant pas de nature à régler tous les problèmes.
Considérant qu’il convient de gagner un « réarmement civique et citoyen » des habitants il a annoncé que des « groupes de médiation citoyenne » seraient expérimentés (voir interview dans Aubermensuel de septembre 2008) afin de réaliser un interface entre la police et les habitants mais que cela posait quelques problèmes les habitants n’étant ni policiers ni juristes. Il a indiqué que Gérard Boyer (ancien conseiller municipal RPR et ancien secrétaire du syndicat de police Alliance, classé à droite) avait accepté de piloter un groupe à la Villette. Il a fait part du recrutement d’une correspondante de ville/justice chargée d’établir des liens réguliers avec le Procureur de la République à propos des procédures pénales et de répondre aux courriers reçus portant sur les questions de sécurité. Il a confirmé souhaiter développer des rencontres avec les jeunes, poursuivre les « maraudes » nocturnes et améliorer le fonctionnement de la police municipale qui s’installera prochainement dans de nouveaux locaux.
Plusieurs habitants ont fait connaître leurs doutes ou leur désaccord sur la question des « groupes de médiation citoyenne » et demandé un débat sur ce point alors même que le Conseil municipal n’a pas débattu du projet.
S’agissant des squats, oubliés dans la première partie de la réponse, M. Le Maire a indiqué que les chambres octroyées aux squatteurs des Prés Clos au FJT étaient désormais libérées que la question du relogement des familles du 5 rue G. Lamy (logements insalubres) serait réglée d’ici la fin de l’année et qu’il rencontrerait les représentants des squatteurs et le DAL « la semaine prochaine », l’objectif étant de contraindre l’Etat à respecter ses engagements. Un habitant a insisté pour que ni la Mairie ni l’OPH ne s’installent comme partenaires de l’accord de septembre 2007.
En bouclage de la réunion, Mme Joubert, Commissaire de Police a évoqué les difficultés d’intervention de la Police qui se trouvait en permanence contrainte d’arbitrer entre des priorités. Mme Joubert a fourni quelques éléments sur les résultats obtenus par l’action policière (vols à la portière), a évoqué les difficultés d’intervention par rapport aux motos, souligné les limites juridiques existantes par rapport aux regroupements dans les halls, indiqué que le commissariat n’avait pas compétence en matière de démantèlement des réseaux de trafic de stupéfiants.
Ayant évoqué la perspective de l’implantation d’un réseau de vidéosurveillance, M. le Maire s’y est déclaré non favorable bien qu’il n’y soit pas idéologiquement opposé.
Mme la Commissaire interpellée sur la situation des effectifs du commissariat a déclaré n’être pas autorisée à communiquer sur le sujet.
Quels principaux enseignements tirer de cette rencontre ?
la sensibilisation des habitants sur les questions de sécurité, telles qu’ils les identifient est très forte ;
l’insuffisante efficacité des actions conduites au niveau de la vie quotidienne est soulignée par tous ;
tirer les enseignements de ce qui a été et est fait est indispensable ;
l’action en matière de sécurité dépend aussi du niveau de mobilisation civique et citoyenne des habitants au quotidien et de ce point de vue la mise en place de groupes de médiation citoyenne n’emporte pas (c’est le moins que l’on puisse dire si l’on en croit les commentaires faits à ce propos post réunion) la conviction, voire suscitent une très forte hostilité.
la question des squats demeure très lourde.
beaucoup de participants ont regretté le silence de J. Salvator à propos des dérapages racistes entendus et se sont aussi étonnés du silence complet observé par les élus (nombreux) présents ainsi que sur l’absence de prise de notes.
Sans doute faut-il réfléchir aux problèmes que rencontre le quartier d’une manière plus globale. En 2001 le Collectif d’habitants avait organisé des Rencontres sur l’avenir du quartier. Le moment est sans doute arrivé d’une nouvelle initiative.
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