Intervention de Pascal Beaudet au conseil municipal du 11 avril 2013
Aubervilliers mérite mieux qu’un budget d’austérité !
lundi 15 avril 2013
Le désengagement de l’État, les transferts de charges et l’austérité étranglent jusqu’à les asphyxier les collectivités locales. C’est dans ce contexte que le conseil municipal du jeudi 11 avril a débattu de son budget pour l’année 2013.
Le rapport présenté par le maire s’appuie sur le constat d’un contexte économique et financiers qui enfonce les villes dans la crise, sans pour autant qu’il soit envisagé de mener des actions aux côtés de la population pour tenter d’en sortir.
Le rapport constate que : « Globalement, le contexte est encore fortement soumis à l’influence de la crise qui s’est déclenchée en 2008. Devant les menaces représentées par le poids des dettes souveraines, des politiques très volontaristes de réduction des déficits publics ont été mis en œuvre dans la zone euro sans parvenir à sortir les économies de la spirale de la récession.
De ce fait, tous les indicateurs sont en berne, la reprise économique reste hypothétique et les objectifs de retour à un déficit public égal ou inférieur à la règle des 3% ont dû être reportés sur l’année 2014.
Dans ce contexte récessif, les collectivités territoriales sont du même coup invitées à participer plus largement à l’effort de redressement des comptes de la nation, cette injonction trouvant sa traduction dans le durcissement des objectifs qui leur sont dorénavant assignés.
Après le gel des dotations imposé par les lois de finances depuis l’année 2011, des nouveaux efforts seront sollicités sur les exercices prochains. Les annonces faites par les représentants du gouvernement lors des derniers Comités des Finances Locales en ont établi le cadre : pour la première fois depuis qu’a été posé le principe de l’encadrement des dotations d’État (1993), leur enveloppe se verra réduite ; il est fait état d’une réduction de 4.5 milliards d’euros pour les années 2014 et 2015, prélèvement qui doit être rapporté, pour bien en mesurer l’importance, à la somme des concours financiers de l’État aux collectivités soit 60 milliards (FCTVA inclus) ».
Face à cette situation, les élus du groupe communiste et citoyen « Tous ensemble pour Aubervilliers » refusent de baisser les bras. Ils veulent rompre avec cette logique austéritaire et mener des actions qui redonnent confiance et fassent reculer la déception des électeurs de gauche qui s’amplifie de jour en jour.
C’est qu’a voulu exprimer Pascal Beaudet dans son intervention lors de la séance du conseil municipal.
Une fois n’est pas coutume. Après plusieurs années d’augmentation des taux d’imposition ceux-ci demeureront inchangés en 2013. Après avoir eu près de 25 % d’augmentation de la fiscalité locale en cinq ans, on a envie de dire enfin, nous allons y échapper pour cette année.
C’est là une nouvelle réjouissante et nous aurions aimé que cette décision soit proposée au conseil municipal, bien avant cette année préélectorale. Tout comme nous aurions apprécié positivement que la majorité municipale s’oppose aux contraintes financières importantes imposées par l’État. Cette situation pèse sur les finances des collectivités territoriales et provoque une diminution globale des concours financiers de l’État. La situation faite au Conservatoire à Rayonnement régional en est un des exemples, ou encore la prise en charge dans le budget communal pour les années a venir de la modification des rythmes scolaires décidée dans la précipitation.
La situation a pourtant changé. La gauche, en tout cas une certaine gauche, a tous les leviers du pouvoir et devrait agir avec force et détermination pour ne pas aggraver les politiques publiques et marquer réellement un coup d’arrêt aux politiques d’austérité. Mais il n’en est rien, et l’attente du changement se fait toujours attendre.
Les collectivités continuent d’être obligées de compenser les transferts de compétences de l’État et ce sont toujours les ménages et les familles qui en font les frais et en subissent les conséquences financières. Aubervilliers n’échappe pas à cette situation.
Voter pour ce budget sans qu’il ne soit proposé la moindre initiative à la population pour obtenir des engagements plus forts de l’État, serait d’une certaine manière, cautionner la rigueur austéritaire qui s’est malheureusement poursuivie après l’élection de François Hollande.
Cette logique austéritaire, que le Président de la République tente aujourd’hui de camoufler derrière la notion de « sérieux budgétaire », met les finances des collectivités locales dans le collimateur.
Pour répondre à cette obsession de réduction des déficits et de baisse des dépenses publiques afin de satisfaire la règle d’or du TSCG [1], le gouvernement a décidé de mettre à contribution les collectivités au motif qu’elles vivraient au dessus de leur moyens, alors qu’en fait elles pallient au désengagement de l’État.
Il est temps, il est grand temps que tout ceux qui ont voulu le changement s’engagent véritablement, et dès maintenant, vers un nouveau contrat politique alliant la lutte contre la domination de la finance avec une nouvelle répartition des richesses. À gauche, de nombreux élus disent vouloir rompre avec l’austérité, d’autres nous demandent d’être patients, car cela ne serait pas actuellement possible en raison de la crise. Et bien nous, nous croyons qu’il est possible et indispensable de changer de cap tout de suite.
François Hollande et son gouvernement ont de moins en moins la confiance de leurs électeurs. Pour que la gauche réussisse, il faudrait être bien plus exigeant et mener des actions qui redonnent confiance et fassent reculer la déception qui s’amplifie de jour en jour.
Jamais autant qu’aujourd’hui nous n’avons eu besoin d’avoir des élus qui s’indignent, qui s’insurgent, face aux injustices et aux difficultés qui touchent de plus en plus la population. De ce point de vue, l’avenir qui se dessine actuellement n’est pas celui que je souhaite.
Remettre Aubervilliers sur de bons rails devient de plus en plus urgent. La politique d’aménagement de la ville a des conséquences sur ses finances. Cette politique doit être maîtrisée pour mettre en cohérence la croissance démographique et la réalisation des équipements publics nécessaires.
Pour relever les défis du futur et pour réussir, Aubervilliers a besoin, sans attendre, du changement maintenant. C’est ce à quoi nous voulons contribuer aux côtés des habitants. En l’absence d’action, nous ne pouvons approuver votre budget.
Pascal Beaudet, pour le groupe « Tous ensemble pour Aubervilliers »
Notes
[1] Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance
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