Défendre les retraites, c’est défendre l’avenir et l’emploi
mercredi 6 février 2013
Face au MEDEF, à certaines forces syndicalistes et à bien des officines sociales-libérales qui veulent dégrader la protection sociale (retraites par points et financement de la Sécurité sociale par la CSG) et détruire les droits sociaux, il va falloir amplifier les luttes.
Les retraités ne cessent de rappeler que leur situation s’aggrave et qu’ils ne veulent pas devenir une génération précaire.
1 300 000 retraités perçoivent une pension inférieure au seuil de pauvreté de 948 euros.
A Aubervilliers 10 000 personnes ont plus de 60 ans, c’est près de 15 % de la population. Un grand nombre de ces personnes âgées ne parvient plus à se soigner correctement du fait d’une baisse de leur pouvoir d’achat. Les retraités sont de plus en plus nombreux à renoncer à leur mutuelle parce que les cotisations sont trop élevées.
Le projet de réforme du Medef n’annonce rien de positif.
Les retraités et leurs syndicats pointent depuis longtemps un ensemble de réformes antisociales. Notamment celles de l’ancien gouvernement Fillon sur l’allongement de la durée de cotisation avec l’application d’une décote qui ne permet pas aux retraités de disposer d’une retraite pérenne. Est-ce un progrès social de voir des gens arrivés à la retraite et ne pouvant pas en profiter par manque d’argent ? Est-ce acceptable de voir des personnes âgées tentant de se remettre au travail par obligation ?
Malgré cela, le Medef persiste dans les mesures régressives. Il veut imposer :
• Une évolution des pensions pour 2013 qui soit inférieur de 1,5 % par rapport au niveau de l’inflation. De 2014 à 2017, il fixe la réduction à 1 %.
• Une baisse du taux de réversion de 60 à 56 % dès le 1er janvier 2014, et un âge minimum qui passerait de 55 à 60ans à l’ARRCO.
Il réclame aussi une réduction de 30 % des droits des chômeurs et propose le recul de l’âge d’accès à une retraite sans abattement (de 62 à 64 ans d’ici 2027), plus un abattement de 10% sur les pensions des salariés prenant leur retraite avant 65 ans.
Cinq années de recul du pouvoir d’achat, voilà ce qui attend les retraités si le Medef obtient gain de cause.
Il ne s’agit pas de nier les besoins de financement. Le nombre de retraités augmente, et si l’on veut maintenir le niveau des pensions, il faudra augmenter en proportion les moyens alloués au financement des retraites. Une réforme des retraites est indispensable pour assurer l’avenir sur la base d’un autre partage des richesses. La part des ressources consacrée au financement des retraites dans la richesse nationale est de 12 %, il conviendrait de la faire passer à plus de 18 %. C’est possible.
Dans ses déclarations, le gouvernement souffle le chaud et le froid.
Quand Laurence Parisot annonce vouloir un recul supplémentaire de l’âge de départ à la retraite, le ministre de l’économie, Pierre Moscovici lui emboîte le pas pour confirmer la nécessité d’une nouvelle réforme des retraites sans exclure une augmentation du nombre d’années de cotisations. Quant à Jérôme Cahuzac, le ministre du budget, il envisage de céder à l’exigence patronale d’une désindexation des pensions et de les dévaloriser de 1 % par rapport à l’inflation, en ajoutant que si le projet concernant les retraites complémentaires aboutit, il pourrait faire jurisprudence pour les retraites de base. Il y a là de quoi s’inquiéter.
Alors, pour rassurer, la porte parole du gouvernement Najat Vallaud Belkacem vient de déclarer : « Le gouvernement français ne prévoit ni baisse des pensions, ni hausse des cotisations, ni augmentation de la durée de cotisation dans le cadre de la prochaine réforme des retraites »... En ajoutant : « N’est à l’ordre du jour ni le fait de travailler plus longtemps, ni le fait de réduire les pensions, ni le fait d’augmenter les cotisations »,
Alors qui croire ?
Si la protestation ne se fait pas entendre plus fortement, les retraites seront en péril.
En reportant de deux ans l’âge légal du départ en retraite (de 60 à 62 ans), le gouvernement Sarkozy/Fillon a détruit un acquis de 1981. Les nombreux retraités et futurs retraités qui ont porté leurs espoirs sur l’échéance présidentielle de 2012 attendent beaucoup du gouvernement. Aujourd’hui l’attente et les incertitudes se prolongent, le doute et la déception s’installent, tout cela peut être propice à l’action.
Silvère Rozenberg
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