Aubervilliers livrée aux promoteurs !
jeudi 8 novembre 2012
Début novembre, les passants découvrent sur la bourse du travail, lieu emblématique à Aubervilliers, un panneau annonçant une "architecture contemporaine pour de beaux appartements". En Mars dernier ce sont les enseignants du collège Jean Moulin qui découvrent que le crayon monumental incliné écrivant sur la façade de l’établissement "Liberté j’écris ton nom" a été planté tel un pieux à l’entrée dans le projet de reconstruction du collège, dénaturant le sens de l’œuvre.
Bien sûr, le maire a tenté à chaque fois de rectifier le tir. En moins d’une semaine, la panneau du promoteur a été déplacé de la Bourse du travail à l’immeuble voisin (à l’architecture moins emblématique mais qui a rendu de bons et loyaux services depuis 10 ans en abritant des services municipaux après avoir été le siège du PCF 93). Et la mémoire de la Bourse devrait être conservée par le respect de la façade du bâtiment dont chacun a depuis longtemps admis le changement de destination... pour peu que les usagers puissent trouver en d’autres lieux des conditions de fonctionnement adaptées.
De même au collège Jean Moulin, c’est lors de la présentation du projet de reconstruction en PPP en avril dernier que le maire, se rendant compte du risque de destruction du crayon qui fait l’image du collège, a réagi face à un architecte et un conseil général qui semblaient découvrir l’œuvre et la nécessité de préserver la mémoire du lieu.
Mais la réalité est que nos responsables politiques locaux sont dépassés par le processus qu’ils ont eux même encouragé.
L’exemple des PPP [1] est significatif : au delà du surcoût qu’’entraine de ce mode de financement dénoncé de façon quasi-unanime, on déplore un processus d’élaboration des projets qui éloigne encore plus les décideurs locaux et les usagers de la conception de ces derniers. C’est précisément ce que n’ont pas admis les personnels et parents du collège Jean Moulin qui l’ont fait savoir au conseil général lors du vote du plan de construction de 12 collèges en PPP le 15 mars dernier.
Les deux conseillers généraux d’Aubervilliers, Pascal Beaudet et Jean-Jacques Karman, avaient, comme l’ensemble du groupe communiste et citoyen, voté contre ce mode de financement qui conduit de fait au doublement de l’endettement du département et à des réalisations concertées ni avec les villes, ni avec les usagers.
Ils ont ainsi exprimé leur souci d’un développement qui préserve à la fois l’identité de la ville et ne fasse pas peser sur le futur des coûts non maîtrisés.
C’est aussi pour cela qu’il y a lieu de s’inquiéter de la multiplication des constructions en accession à la propriété que traduit la multiplication des grues et des espaces de vente de logement à Aubervilliers (notre photo, avenue de la République). Inévitablement, ces constructions qui conduiront à une augmentation importante de la population de la ville posent la question du cadre de vie (circulation, déplacements, espaces verts...) ainsi que des services publics, (écoles, équipements sportifs) pour lesquels il faudra nécessairement investir, avec le risque de ne pouvoir entretenir le patrimoine existant et d’augmenter la fiscalité locale.
C’est la raison pour laquelle il est indispensable que la réflexion politique remette au cœur de ses préoccupations, les habitants d’Aubervilliers et qu’elle débouche sur des propositions partagées en matière de politique d’aménagement, de logement, d’accès aux services publics...
Armandi Bulle
Notes
[1] PPP : Partenariat Public Privé : Mode de construction et de financement d’un équipement public dans lequel la collectivité (commune, département, Etat...) est locataire du groupe qui a construit l’équipement. Nous nous en sommes fait l’écho sur le site, notamment à propos de l’école Wangari Maathai et du collège Jean Moulin.
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