6 médaillés français dans la piscine olympique d’Aubervilliers ?
vendredi 10 août 2012
On ne refait pas l’histoire, Londres l’avait emporté sur Paris pour l’organisation des Jeux. Mais à l’heure où nos nageuses et nageurs montent sur les plus hautes marches du podium de l’autre côté de la Manche, reconnaissons que l’événement aurait eu ici un sacré retentissement. Le centre aquatique était l’un des rares équipements rescapés du projet Paris 2012. Et il est sur le territoire d’Aubervilliers.
Une piscine municipale qui tourne à plein régime
Il faut dire que les arguments pour sa réalisation ne manquent pas : un pays comme la France est pour l’heure dans l’incapacité d’organiser un championnat du monde ou un championnat d’Europe, faute de complexe nautique pouvant accueillir un tel événement. Mais surtout, c’est la pénurie de bassins dans le secteur Nord-Est de Paris et des communes limitrophes qui constitue un handicap à l’apprentissage et au développement de la natation dans nos villes, où beaucoup de jeunes ne savent pas nager en entrant au collège. Difficile de dégager suffisamment de créneaux dans la piscine municipale Marlène Perratou qui tourne déjà à plein régime et dont les responsables s’efforcent d’assurer un accueil pour tous, aussi bien que pour les scolaires que pour les activités comme l’aqua-gym, les bébés nageurs, la plongée, l’accueil des séniors, le club et les individuels...
Or la piscine olympique disposerait de trois bassins permanents (un quatrième est démontable) : un est dédié à la fédération de natation, un autre à la ville de Paris et le troisième aux villes de Plaine Commune. Ce plus indéniable pour nos villes leur permettrait d’aller au delà d’une mise à niveau des équipements de natation en favorisant une dynamique telle que celle qu’on a observé autour du stade de France. On comprend que le projet tienne à cœur au président de la Communauté d’agglomération, Patrick Braouezec ainsi qu’à Pascal Beaudet qui ont tout mis en œuvre pour permettre en son temps le bouclage du projet.
Une détermination à géométrie variable
Mais le projet ne saurait être éternel. Depuis plusieurs années, Nice est sur les rangs pour accueillir ce centre aquatique et se joue des tergiversations des décideurs du 93. Ainsi, Jacques Salvator a longtemps privilégié l’implantation de Véolia [1] sur le terrain dévolu à la piscine olympique, faisant le jeu des élus socialistes de l’Est du département, ouvertement hostiles au projet : lors d’une mémorable séance du Conseil Général, Gilbert Roger, de Bondy, pour défendre la création d’un bassin de natation au demeurant entièrement justifié pour les villes de Clichy et Montfermeil, affirmait qu’à l’instar d’un stade de France totalement inutile, la piscine olympique ne présentait aucun intérêt local ! La démonstration inverse a été faite !
Opposer l’Est et l’Ouest du département n’est certainement pas le meilleur moyen de régler le problème des inégalités territoriales là où au contraire, un projet comme le centre aquatique devrait être unanimement porté. Et on ne peut pas à la fois créer les conditions d’une augmentation forte de la population d’Aubervilliers sans s’interroger sur les équipements mis à sa disposition.
Eric Plée
Notes
[1] Véolia a finalement décidé de s’implanter Porte d’Aubervilliers. Comme quoi la pression de Jacques Salvator pour "geler" le terrain prévu pour le centre aquatique n’a que contribué à fragiliser le projet.
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