Débat entre candidats aux législatives, mercredi 7 juin
Attention, terrain glissant !
vendredi 8 juin 2012
A l’image du trottoir face à l’école Wangarii Mataai sur lequel le débat avait commencé entre affichistes du front de Gauche et le colleur socialiste, et qui s’est conclu par un seau de colle renversé, les risques de glissades étaient réels au cours de cette initiative.
Le premier à en avoir fait les frais est le représentant de l’UMP, Geoffrey Carvalinho qui, répondant à une aide soignante en formation a affirmé que le problème de l’hôpital était dû aux 35 heures. La réaction de la salle ne s’est pas faite attendre et le suppléant UMP dont la candidate est infirmière, a eu bien du mal à finir son propos. Mais Elisabeth Guigou, malgré sa longue expérience ministérielle et parlementaire qui l’a menée aux quatre coins de la France, a aussi été rappelée à l’ordre par des albertivillariens à qui on ne la raconte pas.
En réaction à une habitante expulsée, madame Guigou a illustré le problème du logement à partir de sa situation personnelle : en cherchant un logement à Aubervilliers, elle a pu y mesurer le coût exorbitant des loyers. Rictus gêné sur les visages des ses sympathisants qui savent la nature du logement sur lequel elle a jeté son dévolu (un appartement insalubre avec commodités sur le pallier) et réaction vive de la salle qui attendait de la part de l’ancienne ministre une autre réponse qu’une proximité qui ne trompe personne. Il faut dire qu’ensuite, madame Guigou n’a pas été aidée par son secrétaire de section qui, hasard du tirage au sort a pu s’exprimer en évoquant l’Europe. "S’il avait voulu lui savonner la planche, il ne s’y serait pas pris autrement" nous confie un spectateur qui votera Le Hyaric après avoir voté Hollande. "Quand on sait le rôle et la position de Guigou sur les traités européens", (son oui à Maastricht et au traité constitutionnel de 2005 ndlr), "on se dit que l’Europe n’était vraiment pas la question à aborder ici" poursuit-il "dans des villes qui ont très largement voté pour le non".
L’Europe, ligne de démarcation entre les candidats
Car ce sont les fondements et les finalités assignées aux instances européennes qui conditionnent la sortie de l’austérité. Adosser un volet croissance à des politiques d’austérité (ce que défend Hollande ndlr) est sans efficacité, précise Patrick Le Hyaric et les déceptions risquent d’être fortes. Car les attentes par rapport ne sauraient se résoudre au cas par cas. A la jeune femme expulsée, le représentant de l’UMP répond ; "votre dossier devrait être mis au dessus de la pile" et madame Guigou introduit sa réponse oar "venez me voir après le réunion" provoquant quelques flèches décochées du public ("clientélisme"). il est vrai que peu de temps auparavant, à Vallès, des jeunes s’en étaient vertement pris au maire pour "promesses non tenues" lors des municipales de 2008... La réalité est que sur une question comme celle du logement, on ne saurait se contenter de rafistolages ou de mesures et qu’il faut se donner les moyens d’un plan de construction de 200000 logements par an précise Patrick Le Hyaric avec un effort qualitatif à la fois sur les constructions nouvelles mais aussi sur l’entretien du patrimoine existant. L’exemple des ascenseurs qui fonctionnent très mal au 23 rue de l’Union, à République, au 112 Cochennec.... est là pour nous le rappeler.
En fait, trois options politiques se sont dessinées au cours de ce débat
Il faut une majorité sans faille pour soutenir François Hollande, affirme Elisabeth Guigou qui aura à faire à d’autres candidats qui se réclament de la majorité présidentielle ; Claire Vigeant, sans étiquette mais qui a le soutien du modem, met en avant son implication locale et sa proximité : elle assure avoir été la première à défendre la jeune femme expulsée, se livrant au passage à un réquisitoire sans appel contre les services sociaux qu’elle juge procéduriers et inefficaces. Christine Ratzel, pour Europe écologie, défend aussi la nécessité d’une majorité plurielle pour soutenir François Hollande en y imprimant davantage des dimensions de développement durable par rapport aux transports, à la pollution... Pal Valente, dans sa spécificité locale défend un programme pragmatique dont les axes principaux sont la refonte du permis à points et le partage des gains du loto. Il se présente comme un candidat centre gauche démocrate. Plus inclassable, Philippe Lozes, assure d’emblée tout devoir à la République et se fait un devoir de le lui rendre en se présentant. On le voit, c’est le plein dans la majorité présidentielle, voire le trop plein. Peut-être la candidature très contestée de madame Guigou, y compris dans les rangs socialistes a-t-elle éveillé des vocations ?
Pour répondre à l’urgence sociale, il faut des députés Front de gauche nombreux à l’assemblée. En imposant à François Hollande des mesures qui le conduisent à accepter des compromis plus acceptables que des mesures en trompe l’oeil comme la retraite à 60 ans pour ceux qui auront commencé à 19 ans, c’est à dire quasiment personne pour le années à venir, ou encore un relèvement substantiel du Smic, le front de gauche fera gagner la gauche. La marge est étroite pour ne pas décevoir et éviter de penser comme l’a précisé Armonie Borde pour Lutte Ouvrière, qu’il n’y a rien à attendre des élections et que seule la lutte permettra aux travailleurs de gagner leur droit. Tonalité différente mais aussi axée sur l’importance du mouvement social au NPA pour faire reculer le capitalisme. Mais à ces réflexions que corrobore dans une dimension différente Jérôme Simsapeuth qui développe presque exclusivement son programme sur la perversité des circuits financiers et qui se sent proche du front de gauche, Patrick Le Hyaric défend la nécessité d’un rapport de force qui à la fois dans le monde du travail, au sein des instances parlementaires, pèse pour inverser les politiques de régression à l’oeuvre sous Sarkozy. Pour poursuivre la dynamique après l’élection, Il s’engage à créer un conseil de circonscription pour rendre compte de son mandat de député et corédiger des propositions de loi avec les habitants.
Difficile dans ce contexte pour le représentant de l’UMP de défendre le bilan Sarkozy dont il assure pourtant que sur les questions du logement, des quartiers, de la sécurité, jamais les banlieues n’ont bénéficié de tant d’attention de la part du pouvoir. Crédo habituel de la droite, il fustige "l’angélisme de la gauche" en matière de sécurité qui au contraire souhaite promouvoir une politique équilibrée sur la question par un renforcement du lien social par une police mieux imprégnée dans les quartiers.
Encore un effort, camarades
Bon débat plutôt, qui révèle une maîtrise de Génération engagée de plus en plus affirmée pour mener ce type d’initiative. Un petit regret toutefois, les hasards du tirage au sort ont fait que sur cinq questions tirées, deux ont permis l’expression de militants du PS, dont le secrétaire de section d’Aubervilliers qui a tenté de faire la courte échelle à sa candidate, (même si le barreau de l’échelle était cassé), une dame que madame Guigou avait croisé deux jours plus tôt... C’est très certainement le hasard, mais l’objectivité dont les organisateurs ont fait preuve pour assurer l’expression des candidats a un peu pâti de la formule...
Eric Plée
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