
Réception municipale à l’espace Fraternité, 22 novembre 2011
Départ de Claude Dubot
jeudi 24 novembre 2011
L’ancien DRH de la ville prend sa retraite. Il a été embauché en 1976 à Aubervilliers, après neuf années passées à Saint-Denis en tant que responsable des sports, puis du secrétariat des élus avec le député-maire Marcelin Berthelot. Très attaché à Saint-Denis où il a de nombreux amis et où il a longtemps présidé le club de rugby. Il a pourtant franchi le canal pour venir à Aubervilliers.
Il reconnait avoir été impressionné par André Karman qui lui avait confié la charge de monter le service du personnel. Il y a passé 35 ans, au cours desquels il est devenu pour tous les agents de la ville la personnalité incontournable, traitant aussi bien les questions individuelles que l’organisation des services. Situation inimaginable aujourd’hui où les logiques de mission, d’actions qui doivent être immédiatement visibles, vont de pair avec un travail segmenté et les effets qui en résultent sur la précarisation des tâches, des métiers et la façon de les effectuer.
Dubot n’a jamais mangé le chapeau de Waldeck
Dubot n’était pas opposé à l’idée de mission. Il en a rempli quelques unes. Par exemple, quand il était à Saint-Denis, il faisait partie d’une équipe mobilisable rapidement pour assurer l’accompagnement des personnalités du parti. Et son rôle était très précis : récupérer le chapeau que Waldeck Rochet oubliait systématiquement lors de ses déplacements et le rapporter en lieu sûr pour que le secrétaire général sorte couvert. De là à penser que cette fonction a forgé sa conviction selon laquelle il fallait que les femmes et les hommes soient reconnus pour ce qu’ils sont et par le travail qu’ils exercent, le raccourci est peut-être un peu rapide.
Mais Jack Ralite, en lui rendant un hommage appuyé a montré le rôle éminent que tient chaque membre du personnel dans le fonctionnement de l’administration municipale et en quoi il correspondait à la vision de Claude en terme d’organisation. Son petit agenda rempli d’une écriture très fine que lui seul et sa secrétaire arrivaient à déchiffrer, sa serviette en cuir noir dans laquelle se trouvait le dossier qu’il allait lire dans le train après Midi Olympique, l’ordinateur dont certains se demandaient s’il était là pour l’éclairage ou pour le chauffage, étaient les seuls attributs visibles du DRH, avec sa carte de visite sur laquelle figurait aussi son titre de directeur général adjoint à l’informatique. Sinon, comme le soulignait Henri Clément, cheville ouvrière de l’organisation de la réception avec une fine équipe d’aficionados, son bureau était étonnamment vide !
Dubot et l’informatique
On pouvait être surpris de voir Claude Dubot, à l’informatique ou à la restauration scolaire ainsi que chargé du suivi du quartier Paul Bert. On savait pouvoir compter sur ses qualités relationnelles pour faire le lien entre les différentes strates de l’administration et faire aboutir les projets. Projet, management, n’ont jamais été sa tasse de thé. Il a toujours observé sans enthousiasme mais aussi sans défiance la technocratisation d’une administration qui bouscule les repères de ceux qui la servent. C’est semble-t-il nécessaire selon le maire, Jacques Salvator qui a insisté sur les pressions sans précédent qu’exerce l’Etat sur les collectivités locales et leurs conséquences sur une administration qui doit à la fois s’adapter en étant plus pointue mais aussi réagir comme le font actuellement les élus contre l’asphyxie financière. A saisir les regards de l’assistance plutôt tournés vers les valeurs humaines qu’incarne Claude Dubot et l’importance qu’à travers celles-ci il savait donner "à chacune et chacun d’entre vous" comme le dit Jack Ralite, on pouvait mesurer les limites et les craintes que font naître les méthodes actuelles de management.
Dubot rayé des cadres...
Les gens disaient "je vais voir Monsieur Dubot", maintenant ils disent "je vais voir Monsieur Carrère" (son successeur NDLR), assure Evelyne Yonnet actuelle adjointe au maire chargée du personnel, rendant un hommage ému à l’ancien DRH. On souhaite que chacun ait entendu la ferveur discrète manifestée par les nombreux collègues et amis de Claude qui se sont reconnus dans les témoignages qui ont été distillés au long de cette réception. Bien que rayé des cadres comme le dit abruptement la formule administrative, on a le sentiment que le départ de Claude n’est en réalité qu’un faux départ.
Eric Plée
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