Roland Bouley nous a quittés

dimanche 20 juillet 2008

Roland Bouley vient de nous quitter. Ses camarades de la CGT, de la cellule Camélinat et de la section du Parti communiste, ses voisins et amis, l’ont accompagné le 18 juillet 2008 au cimetière communal d’Aubervilliers.

Michel Pipet, ancien secrétaire général de l’Union confédérale des retraités CGT lui a rendu un dernier hommage que nous publions ci-après.

Roland nous a quitté.

Pendant des dizaines d’années, plus de 50 ans, j’ai côtoyé Roland, ce qui n’a pas été sans effet sur nos relations d’amitié.

Je veux évoquer quelques aspects de sa vie de militant.

Roland, cimentier-boiseur, est devenu très vite un militant syndical accédant aux responsabilités dans les entreprises où il a travaillé.

Nous nous sommes connus dans le 16ème arrondissement où nous militions respectivement dans les années 1954 – 1958. Nous nous rencontrions, échangions nos points de vue, luttions pour nos revendications et pour la Paix en Algérie bien que nous soyons dans deux entreprises différentes. À la SAE, secrétaire de son syndicat d’entreprise, délégué du personnel et secrétaire du comité d’entreprise, Roland avait l’estime des travailleurs, auxquels il consacrait son énergie pour défendre leurs intérêts.

Son activité devait le conduire à devenir membre de la Commission exécutive de l’Union Syndicale de la Construction de la Seine-Saint-Denis.

Lorsque l’heure de la retraite sonna c’est tout naturellement que Roland accèdera à de nouvelles responsabilités. Il deviendra membre de la Commission exécutive de l’Union fédérale de la construction jusqu’en 2003.

Au niveau du département de la Seine-Saint-Denis, il sera dans un premier temps, membre du Bureau de l’union syndicale des retraités puis, pendant six années, de 1995 à 2001, il sera Secrétaire général de l’USR du 93 en remplacement de Paulette MAGNEN (André SCHRANTZ actuel Secrétaire général lui succèdera). Sur le plan local, à Aubervilliers, il animera et dirigera la Section interprofessionnelle des retraités et sera membre du Bureau exécutif de l’Union Locale CGT.

Seule la maladie a été un obstacle pour assumer ses responsabilités dans la dernière période.

Roland par ailleurs, consacrait aussi quelques temps à Loisirs Solidarité des retraités (l’association créée par l’UCR-CGT) aux côtés de Mado qui anime l’association. Souvent il participait à des voyages que LSR organisait avec le concours de Touristra. Je me souviens de vacances passées en groupe en Andalousie en 1996, à Marbela, à l’hôtel Pueblo Andaluz.

Roland était la coqueluche des vacancières d’Auber qui le chouchoutaient et lui apportaient au dessert des mini-bananes en quantité.

Je me souviens d’une anecdote qui caractérisait bien Roland. Juste à coté de notre hôtel il y avait un centre de vacances pouvant accueillir plus de 1000 personnes qui étaient essentiellement des Américains. C’était du haut de gamme, à des prix défiant toute concurrence.

Roland, pourtant réservé, voire timide s’était introduit dans le centre deux ou trois fois et s’invita au petit déjeuner. Il avait pris la file, faisant semblant de comprendre ce qu’on lui demandait en hochant la tête, imitant ceux qui le précédaient pour se servir, prenait une poêle et se mijotait des œufs sur le plat. Il m’avait proposé de le suivre, mais plus trouillard que lui j’avais refusé.

Roland durant plus d’un demi-siècle a été de tous les combats.

- Lutte pour la Paix en Indochine avec pour symboles Henri Martin et Raymonde Dien ;
- Lutte contre le colonialisme
- Lutte pour la Paix en Algérie, pour son indépendance, avec des actions multiples, des grèves sur les chantiers ou nous étions avec Ben Ali et Mohamed DJIGRI qui furent arrêtés, emprisonnés, guerre marquée de souffrances, de tortures, de sang, sans oublier en 1962 Charonne, où Roland participait, qui coûta la vie à neuf des nôtres avec Papon comme Préfet de police, de sinistre mémoire.

Roland était de toutes les actions, pour la Paix, la justice, contre le racisme, la xénophobie, la liberté. Il était farouchement opposé à l’Europe « ultra libérale » dont nous mesurons les effets dévastateurs.

C’était un homme de proximité, avec sa section de retraités pour défendre le pouvoir d’achat, le droit à la santé si gravement malmené, la Sécurité sociale, le droit au logement, à la sécurité.

Il avait conscience que la satisfaction des revendications des retraités ne pouvait se concevoir que dans le combat commun des actifs et des retraités.

J’ajouterais que Roland était et jusqu’au terme de sa vie, resté fidèle à son parti, le Parti Communiste Français, dont il était membre actif depuis plus de cinquante ans, avec les interrogations, les observations, les réserves que suscitent l’évolution de la société.

Au nom de l’UFR Construction, de l’USR 93, de l’Union locale CGT d’Aubervilliers, de LSR, de son Syndicat des retraités de la construction et aussi du PCF, je veux assurer ses filles (Joëlle, Evelyne, Muriel), sa famille, ses neuf petits-enfants et ses sept arrières petits-enfants, dans ces circonstances douloureuses, de toute notre amitié de notre soutien fraternel.

Cher Roland, tu nous quittes, mais tu as marqué de ton empreinte le mouvement ouvrier.

Gageons que les générations qui te succèdent relèveront le défi pour lequel tu as consacré ta vie, qu’elles reprendront le flambeau pour un avenir de Progrès, de Justice et de Paix.

Adieu, cher Roland. Nous t’aimions. Reposes en Paix.

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