Conseil municipal du 27 juin 2011 : on ne change pas une formule qui gagne
dimanche 3 juillet 2011
Trois mois jour pour jour après l’élection cantonale, on pouvait espérer un climat un peu plus apaisé pour ce dernier conseil avant l’été. Notons que le conseil prévu début juillet a été annulé, là où le maire s’était fait fort les deux premières années de montrer que le travail municipal se poursuivait en été !
Les héros sont fatigués...
Gros coup de fatigue sur notre municipalité qui s’est livrée à l’exercice imposé du bilan de l’année 2010 en présentant un compte administratif sans grosse surprise, sinon qu’il confirme des rentrées financières un peu meilleures. On peut regretter que cette situation n’ait pas été anticipée et mise à profit pour limiter les dépenses d’investissement par une maîtrise d’œuvre publique sur l’école Dolto Maatai au lieu d’un partenariat public-privé plus coûteux. Cela se traduit par une augmentation des dépenses que les administrés paieront forcément.
Mais nos édiles se sont encore distingués par un énième règlement de compte. C’est un Jean-François Monino gêné aux entournures qui a présenté une délibération demandant la protection fonctionnelle du maire et de sa première adjointe (concrètement que la ville paye un avocat) pour des propos injurieux qui auraient été tenus à leur encontre le 26 mars (veille de l’élection cantonale). Démarche curieuse, qui intervient suite à une plainte déposée bien tard par le maire et son adjointe, et sur laquelle les conseillers sont invités à donner leur blanc-seing, et sans pouvoir en apprécier la pertinence, l’exécutif se réfugiant derrière le secret de l’instruction pour rester silencieux. La réalité, explique Jean-Jacques Karman, est qu’il s’agit d’une question purement liée à l’élection cantonale, et qu’il est regrettable d’en faire une affaire municipale dont le coût sera supporté par les contribuables. En fait, l’objet poursuivi par la municipalité est simplement de peser sur le recours en annulation de l’élection, déposé par Evelyne Yonnet qui n’a toujours pas accepté sa défaite... Sans commentaire.
Mini score pour Minimbu
Peu avant, l’opération dépeçage des fonctions municipales de Malika Ahmed s’était poursuivie par l’élection d’un 18ème adjoint. C’est le jeune Edgard Minimbu qui a été honoré. Peut-être faut il y voir un signe en direction de la jeunesse, mais il semble que celle-ci n’ait pas besoin de modèle mais plutôt de perspectives. Toujours est-il que le nouveau promu est loin d’avoir fait le plein des voix, n’en ayant recueilli que 28 : soit une perte sèche de 6 voix qui ne s’explique pas seulement par les absences ou défections de Malika Ahmed et Marie Kouamé. Bizarrement, quand le vote est secret, ça change un peu les choses, soulignait un spectateur. Malika Ahmed qui s’était présentée, a pour sa part, obtenu le soutien de 16 conseillers, signe des dégats causés par une éviction dont les élus d’opposition et même un de la majorité ont manifestement souligné le caractère anti-républicain.
Le parti socialiste confond café du commerce, réunion de section et conseil municipal.
Refusant de prendre acte de l’étiolement de sa majorité, le maire refuse de reconnaitre le groupe politique désormais constitué par Malika Ahmed et Marie Kouamé, provoquant un déballage public dont les protagonistes, à commencer par le président du groupe socialiste qui considère Marie Kouamé encore comme membre du groupe PS, ou Omar Ait Bouali qui assurait avoir eu une explication à caractère "politique" avec l’intéressée ne sont pas sortis grandis. Même l’incontournable Abderrahim Hafidi, à qui on n’avait rien demandé, en a remis une couche avec l’épisode du pouvoir contesté qu’aurait remis Marie Kouamé à Brahim Hedjem qui l’avait rattrapée dans un couloir lors du précédent conseil pour élire les grands électeurs aux sénatoriales.
Lorsque les questions sont gênantes, les spectateurs ont pu constater que le maire n’hésitait pas parfois à refuser de redonner la parole aux élus. Toutefois, pour une fois, ils n’ont pas eu droit à un pétage de plomb de sa part ou aux frasques d’un Philippe Milla, absent, et dont on ne sait pas comment il aurait voté. Ce conseil municipal aura une fois de plus donné l’image d’une majorité à bout de souffle. Et ce n’est pas l’attention sympathique de l’hôtesse distribuant des petits pots de miel de la part du maire qui a modifié une image devenue habituelle.
Inquiétudes sur la santé
Dans ce contexte, si on peut se satisfaire de voir sortir les projets initiés depuis plusieurs années, on peut être inquiet de la capacité de la municipalité pour mener à bien les dossiers difficiles, celui de la santé par exemple.
Hantise pour des habitants fragilisés socialement, souligne Laurence Grare dans son intervention, les déremboursements par la sécurité sociale, les difficultés d’accès aux soins y compris en médecine de ville et dans le secteur paramédical, les dépassement d’honoraires... font peser les plus fortes craintes sur notre système de santé. Il interpelle toute l’offre médicale dans notre ville et replace le centre de santé au coeur de ses missions. Le toilettage du règlement du centre de santé était sans aucun doute nécessaire, mais il ne remet pas l’établissement sans la perspective des améliorations à apporter en terme d’offre médicale. L’audit commandité mérite d’être porté à la connaissance de tous les élus et débattu dans une perspective de renforcement de l’accès aux soins pour tous. L’intérêt porté par la municipalité aux adolescents et jeunes adultes, dont on constate qu’ils sont peu soignés, mérite réflexion.
Pour autant, était-il indispensable de créer une mission composée de 18 conseillers municipaux, avec un comité de pilotage, un comité de suivi... sur cette seule problématique alors que les questions de santé sont bien plus larges dans notre ville ? Il ne faudrait pas qu’une attention d’ailleurs indispensable sur l’accès à la santé des adolescents et jeunes majeurs ne détourne des enjeux globaux en matière de santé et que des assurances sérieuses soient apportées sur le devenir et le fonctionnement de notre centre de santé.
En terme de bilan de mi-mandat, plutôt qu’un abécédaire peu fonctionnel, on aurait préféré un bilan thématique qui ouvre des discussions et des perspectives dont certaines pourraient être mieux partagées. Mais la fatigue est vraiment là et c’est le choix du repli qui est à l’œuvre. Espérons que la trêve estivale amènera le maire à changer de formule !
Éric Plée
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