Surloyer : le bon sens l’emporte enfin
samedi 12 mars 2011
C’est l’une des mesures inscrites dans la loi Boutin. Très critiquée dès l’origine, elle risquait de vider les HLM des habitants bénéficiaires de revenus un peu plus élevés. Alors que tout le monde s’accorde sur la nécessité d’une mixité sociale, cette mesure apparaissait comme logique pour la droite qui estimait que vivre en HLM était un privilège pour un foyer gagnant 2500 euros par mois. On se souvient que la campagne "NON AU SURLOYER" menée par les communistes d’Aubervilliers n’avait pas bénéficié d’un écho très large auprès des autres formations politiques, malgré le millier d’affiches collées et les centaines de pétitions recueillies et portées au ministère du logement. Il a fallu une mobilistion sans relâche des locataires et notamment l’engagement du collectif de la Maladrerie "Ni riches, ni pauvres, ni soumis", ainsi que celui de la CNL. Toutes ces batailles ont été relayées par les élus communistes citoyens pour amener la municipalité à passer à un minimum d’offensive par l’adoption d’un vœu en conseil municipal.
Mesure nocive, mais aussi mesure injuste car en réalité, le locataire HLM paie le "juste prix de son logement". Son loyer est établi à partir d’un calcul qui prend en compte le coût de la construction amorti sur un certain nombre d’années. Le locataire soumis au surloyer paie non seulement le coût réel du logement mais aussi un surcoût. C’est en ce sens que le surloyer est injuste.
Certes, le surloyer ne s’appliquait pas aux habitations situées en ZUS (zone urbaine sensible), mais était-il normal qu’un habitant du Pont Blanc puisse y être soumis alors qu’il vit dans des conditions comparables à celui qui habite la Villette. C’est pourquoi, le groupe communiste et citoyen d’Aubervilliers a bataillé en conseil municipal pour obtenir le vote d’une délibération qui classe l’ensemble de la ville en zone hors surloyer. Parallèlement, le conseil communautaire de Plaine Commune a, dans son PLH (plan local de l’habitat) adopté le 17 décembre 2010, refusé aussi d’appliquer le surloyer.
Une victoire importante pour les locataires
Restait au préfet à valider ce PLH. Ce n’était pas chose simple dans la mesure où cela constituait pour lui une entorse à la loi dont l’État est garant. Mesurant sans doute à la fois l’inéquité que représentait le surloyer appliqué à un territoire comme le nôtre, la mobilisation des locataires qui ont signé pétitions et organisés des délégations, la détermination du Président de Plaine Commune, Patrick Braouezec, soutenu par les élus communistes et républicains, dont Pascal Beaudet, le Préfet a accepté de valider le PLH, tel que l’ont voté les élus communautaires (sans l’application du supplément de loyer de solidarité, le SLS). C’est une victoire importante pour les locataires qui met fin à quatre années d’incertitudes pour des habitants qui vivaient la crainte du surloyer comme une épée de Damoclès qui les oblige à quitter leur logement.
Le préfet reconnaît que le loi est injuste et nocive
Pour autant, la bataille n’est pas terminée. Cette décision n’a pas de caractère totalement contraignant pour les organismes HLM, même s’il sera beaucoup plus compliqué pour ces derniers d’aller à l’encontre d’une décision qui traduit en réalité la reconnaissance par l’État de la nocivité de sa politique. Un aveu de cette nature est suffisamment rare pour ne pas être relevé.
Eric Plée
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