Le débat entre les candidats à la cantonale a-t-il clarifié les enjeux ?
jeudi 10 mars 2011
Six candidats sur 9 avaient répondu présent à l’invitation de génération engagée à débattre de leurs propositions pour le conseil général du 93. De nombreuses affichettes, un entrefilet du Parisien et une annonce sur notre site (manifestement le seul à avoir relayé l’information) ont attiré environ 150 spectateurs qui souhaitaient soutenir leur candidat. le réfectoire de l’école Robespierre s’est avéré suffisamment grand pour accueillir un public devenu plus clairsemé au cours de la réunion.
D’entrée de jeu, et c’est le tirage au sort qui en a décidé ainsi, Pascal Beaudet a rappelé les effets de la politique gouvernementale qui conduisent à la multiplication des difficultés pour les habitants de Seine Saint Denis et d’Aubervilliers. La question était dès lors posée des choix politiques du département pour ne pas amplifier localement les effets de cette politique, que paradoxalement, tous les candidats ont dénoncé, y compris la candidate de l’UMP !
Beaucoup d’approximations dans les propos tenus par les candidats
Difficile dans ce débat de voir ce qui relevait clairement du conseil général, tant les messages apparaissaient brouillés par des lieux communs sans mesure avec les compétences du département. Incontestablement, la palme est revenue dans ce domaine à la droite : la candidate de l’UMP, Nadia Lenoury, a, dans l’une de ses interminables réponses, expliqué que le capitalisme, c’était aussi les trois francs six sous que la ménagère avait dans son porte-monnaie ! La candidate du modem a expliqué que les studios de cinéma représentaient peu d’emplois au mètre carré et qu’il valait mieux encourager des entreprises du BTP à s’implanter. Sans doute l’albertivillarienne récente qu’est Claire Vigeant a-t-elle été eclairée (Aubervilliers s’éclaire est son slogan) par l’exemple de la Plateforme du bâtiment qui se trouve boulevard Félix Faure, dont les voisins mesurent bien l’effet moteur sur l’emploi informel et la circulation (C’est là que des hommes viennent "se vendre" chaque jour auprès des entreprises). Beaucoup d’amateurisme donc dans ce débat, mais aussi beaucoup d’approximations, y compris de la candidate socialiste sortante, Evelyne Yonnet, dont on pouvait attendre au terme de six ans de mandat une meilleure maîtrise du sujet. L’auditoire a été gratifié d’une énième version sur le sixième collège dont la conseillère sortante assure qu’il verra le jour en 2015 (les parents attendent de pied ferme) sans pour autant préciser qu’il serait intercommunal contrairement à la brochure de la candidate. Autre sujet sensible, la suppression de l’aide à l’achat de l’ordinateur (bien que la conseillère ait affirmé l’inverse dans d’autres réunions) qui serait compensé par un plan d"équipement des collèges sans précédent ! Pas surpenant que ces affirmations aient suscité de vives réactions de la salle, en droit d’attendre un peu plus de rigueur de la part de ses élus.
Vous avez dit éthique ? ou quand on voit midi à la porte des autres !
Car d’éthique, il a aussi été question à travers la question du cumul des mandats. Il est naturel sur ces questions d’être sur une position anti-cumul qui est juste, alors que le problème essentiel est surtout le cumul des charges. On se souvient de l’ancienne maire socialiste de Noisy le Sec qui n’avait q’un mandat mais cumulait huit délégations. Un peu surprenant dans ces conditions qu’un habitant de la Courneuve soit venu à Aubervilliers dénoncer la situation de nos voisins alors que la conseillère sortante à Aubervilliers est aussi première adjointe et cumule d’importantes délégations municipales.
Le conseil général doit-il oui ou non accompagner la régression sociale ?
30 millions d’euros de coupe dans les budgets qui constituent une aide directe aux habitants, un investissement qui a diminué depuis deux ans pour les collèges, des équipes d’éducateurs au point mort, on ne peut pas dire que le conseil général ait depuis deux ans impulsé un réel mieux dans les domaines qui sont de sa compétence directe. Tout au plus s’est-il lancé dans une sorte de fuite en avant programmatique et financière à travers son projet 21 collèges pour le 21ème siècle largement financé par des PPP et dont on a du mal a imaginer une application sérieuse quand on voit les tergiversations entre la ville et le conseil général (et sans doute au sein même de ces collectivités) par rapport au 6ème collège. On peut regretter que ce débat n’ait pas permis de réellement cerner les enjeux départementaux ni fait émerger une ambition réaliste pour le département, qui, rappelons le, était souvent cité en modèle pour ses actions sociales, de santé en matière de prévention notamment, culturelles... Un département dont les habitants ont souvent été amenés à se battre avec leurs élus, comme ils l’avaient fait pour obtenir la ligne 12 du métro, et comme ils seront sans doute obligés de le faire pour obtenir le passage de l’arc express. C’est aussi ce qu’a rappelé Pascal Beaudet au cours d’un débat.
Merci aux organisateurs pour avoir tenté ce défi audacieux et aux candidats : Malika Ahmed (diversité de la majorité municipale) Nadia Lenoury (UMP) Claire Vigeant (Modem) Evelyne Yonnet (PS- Europe écologie) Pascal Beaudet (Front de Gauche- PCF- Parti de gauche- gauche unitaire- gauche communiste- Fédération- NPA) Bachir Hadj Larbi (En avant Aubervilliers)
Eric Plée
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