
La Maladrerie, le jour, la nuit (2)
jeudi 30 septembre 2010
Les « nuits blanches » ont une origine assez incertaine, même si leur objet semble assez bien défini. Il semble que les pays nordiques en soient à l’origine, la « nuit blanche » faisant référence à la longue période (mi-mai, mi-juillet),où le crépuscule ne cesse jamais la nuit . Ainsi, à Saint-Pétersbourg (ex Léningrad) le Festival des nuits blanches présente dans cette période de nombreux événements culturels, des carnavals…
La « nuit blanche » a débarqué en France à Paris en 2002. L’initiative visait à rendre, l’espace d’une nuit, l’art accessible à tous (les musées sont gratuits) et à valoriser l’espace de la ville en le confrontant à des créations. Un objectif de convivialité était recherché. Tout cela est assez intéressant, mais un peu bobo : c’est une parenthèse à vocation poétique brièvement installée dans la grisaille de l’existence.
On ajoutera que la professionnalisation de la nuit blanche a conduit à d’importantes dépenses : en 2007 le budget de l’initiative parisienne s’établissait à presque 2 000 000 d’euros.
En 2009, Aubervilliers a, assez discrètement, rejoint le club des villes désormais protagonistes d’une « nuit blanche ». Nous voici donc à une deuxième édition.
La cité de la Maladrerie (ou, plus exactement son cœur historique) accueille cette foi-ci l’initiative. L’espace de quelques heures (car en fait de nuit il ne s’agit que d’une soirée prolongée jusqu’à une heure du matin) divers événements créatifs s’y dérouleront. Ces événements ne paraissent avoir attiré que quelques uns des artistes en résidence dans la cité. Le fait est regrettable mais témoigne de l’éloignement des artistes résidents avec le quartier.
Gardons-nous cependant-de préjuger du résultat de l’initiative.
Ceci dit, cette « nuit blanche » agit aussi d’une certaine manière comme une provocation en raison de l’état d’abandon dans lequel se trouve le patrimoine artistique existant de la cité. Fresques, mosaïques, graphes, installés il y a près de deux décennies dans la cité, ont subi l’épreuve du temps. A maintes reprises la direction de l’OPH et la municipalité ont été interpellées sur le sujet. Non seulement aucune réponse n’est jamais venue mais des saccages ont eu lieu tant sur des graphes que sur des mosaïques (le dernier en date concerne la destruction de cinq mosaïques en façade du Franprix). Et les opérations de réhabilitation qui devraient voir le jour les prochains mois et années ajoutent aux risques de destruction.
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Graphe | Mosaïques saccagées du Franprix |
Sur ce dossier, le Collectif d’habitants a formulé des exigences et les reformulera à l’occasion de la « nuit blanche ».
Les voici :
1 – création d’une commission d’inventaire de l’existant dans laquelle le Collectif d’habitants et des artistes de la Maladrerie soient présents ;
2 –engagement des travaux de restauration nécessaires ;
3 – établissement de mesures de protection des œuvres et plus généralement du patrimoine architectural que représente la cité.
Nous formulerons des propositions à ce propos dans le troisième papier de cette série.
André Narritsens
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