La ville de demain se dessine aujourd’hui : le débat sur le plan local d’urbanisme (PLU) doit avoir lieu !
lundi 2 novembre 2009
Les quatre réunions publiques organisées par la municipalité ont le mérite de clarifier les enjeux sur des questions complexes puisqu’elles engagent l’image de la ville et les conditions d’environnement des habitants pour les 20 ou 30 prochaines années
Ainsi, le PLU remplace le POS, Plan d’occupation des sols, qui déterminait l’usage des bâtiments en construction (habitation, activité...) de même que la configuration des immeubles (alignement, hauteur...). Il datait de 1979. La logique du PLU est différente car la loi impose aux villes une démarche de concertation avec la population avant l’adoption du document en conseil municipal. Cette démarche est d’autant plus nécessaire que le PLU laissera ensuite à la municipalité une certaine souplesse en matière d’application des règles d’urbanisme. A partir de la première réunion qui s’est tenue mercredi 28 octobre à l’école Jean Macé, certaines réflexions apparaissent utiles :
L’enjeu de la concertation réside en la capacité de permettre à l’habitant de projeter son cadre de vie dans un avenir à 10 ou 20 ans, en fonction de plusieurs facteurs :
Son propre logement et son environnement immédiat : c’est d’ailleurs la question qui a été la plus largement abordée au cours de la réunion du 28 octobre : crainte de voir pousser un immeuble de huit étages à côté de son propre immeuble, questionnements à propos de l’élargissement de la rue Sadi Carnot qui inquiète un propriétaire de pavillon menacé d’expulsion, ou simplement des riverains qui attendent depuis des années une décision sur la vocation de cette rue qu’ils considèrent comme délaissée...
L’impact des grands équipements structurants : force est de constater que les équipements qui devraient prochainement voir le jour sont engagés depuis plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années : ligne 12, conservatoire, salle des fêtes, déménagement de la Roseraie, piscine olympique, école rue Paul Doumer, école inter-communale, campus Condorcet, centre commercial et quartier de la porte d’Aubervilliers... Ils font l’objet d’un large consensus, même si des questionnements légitimes apparaissent, par exemple sur la destination des locaux de la Roseraie aux quatre-chemins.
Plusieurs sujets à débat apparaissent dans les projets actuels : l’implantation d’un centre d’hébergement pour toxicomanes à proximité de la porte d’Aubervilliers, l’implantation d’une déchetterie parisienne sous le périphérique porte de la Villette, l’implantation d’un sixième collège nécessaire mais prévue dans un périmètre où il y a déjà deux établissements, posent question quant aux finalités poursuivies.
Les inter-relations entre des ensembles urbains modifiés : comment faire en sorte que la RN2 ou le canal ne soient plus une frontière, notamment entre le campus Condorcet et le centre ville, comment assurer un trait d’union avec Paris, porte de la Villette en particulier, comment favoriser une continuité entre les cités et les quartiers environnants... et en conséquence, la question des circulations apparait essentielle.
Enfin l’offensive gouvernementale sur le grand Paris pose le problème d’une gouvernance confisquée par l’Etat dont on sait qu’il souhaite hiérarchiser les territoires en Ile-de-France : les quartiers d’affaires qui bénéficieraient du "grand huit" (le métro rapide qui relie ces quartiers) et les autres espaces resteraient des espaces de relégation, avec une hiérachisation en fonction des catégories sociales y résidant...
Quelques orientations apparaissent à travers le projet de document, en chantier depuis 2001, et notammnent :
La volonté d’élargir le centre ville dans sa configuration actuelle avec la volonté d’y éradiquer, via les mutations, les activités d’entrepôt ou de mécanique dans les arrière-cours...
Densifier les espaces d’habitation entre le centre ville et Paris par des constructions de plus grande hauteur (huit étages)
Accompagner la mutation actuelle du quartier porte d’Aubervilliers-canal, avec le prolongement des projets en cours
Faire jouer au canal un rôle d’axe majeur de communication.
Mieux assurer la continuité urbaine entre les cités et leur environnement immédiat.
Densifier certains espaces pavillonnaires, par la construction de petits collectifs, par exemple, boulevard Edouard Vaillant.
Ces orientations non exhaustives restent à discuter dans le cadre de cette concertation, et on ne saurait que trop conseiller aux habitants de se saisir des documents existants et de participer aux réunions, éventuellement de saisir les conseils de quartier pour mieux cerner les enjeux.
On peut en revanche être surpris que certaines questions n’aient pas fait l’objet d’une attention particulière ; notamment le devenir des ensembles d’habitat social, considérés par Jean-Yves Vannier, adjoint au maire chargé de l’urbanisme, comme la résultante de constructions effectuées dans la nécessité de la reconstruction à une autre époque, sans intégration par rapport au tissu urbain existant. Mais peut-être la nature de la réunion du 28 octobre, en partie guidée par le questionnement des habitants a-t-il simplement éludé cette dimension du PLU.
Le droit à un logement et un environnement de qualité
Il n’en reste pas moins que la nécessité de partir du droit de tous les habitants à un environnement de qualité, c’est à dire vivre dans un espace qui accueille des logements confortables, dans un cadre bien équipé en services, que ce soient les services publics, les commerces, les transports, les espaces verts et récréatifs, l’activité économique... doit constituer le point de départ de la réflexion.
C’est en fin de compte l’enjeu du processus de concertation qui, s’il ne constitue pas une priorité immédiate pour les habitants, engage fortement la responsabilité de la municipalité actuelle.
Eric Plée
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