Chateaubriant et les fusillés d’Aubervilliers
lundi 26 octobre 2009
La commémoration des fusillades d’otages de l’automne 1941 s’est déroulée le 22 octobre devant le monument aux victimes des guerres situé dans le hall de la mairie. Une cinquantaine de personnes y a participé dont une trentaine de militants communistes. Un élu de Nantes, ville qui paya un lourd tribut aux fusillades, était présent et a rappelé le sacrifice des fusillés. Deux jeunes ayant participé à la cérémonie du week-end dernier à Chateaubriand ont dit quelques mots. Jacques Salvator a lu de brèves biographies des trois fusillés d’Aubervilliers et a égrené les noms des 48 fusillés d’octobre et de décembre. Mériem Derkaoui, au nom du groupe communiste et citoyen « Tous ensemble pour Aubervilliers » a prononcé l’allocution que l’on peut lire ci-après.
Nous célébrons aujourd’hui, en constante fidélité depuis 1945, la mémoire des fusillés d’Aubervilliers.
Dans les circonstances de la commémoration d’aujourd’hui nous pensons plus particulièrement à Antoine Pesqué, l’un des 27, qui fut exécuté le 22 octobre 1941, à Adrien Agnès et à Raoul Gosset qui tombèrent le 15 décembre.
Antoine Pesqué, Adrien Agnès et Raoul Gosset ont été les premiers martyrs d’Aubervilliers.
Seize autres militants communistes ont, au cours des années noires, affronté, en divers lieux, les pelotons d’exécution. D’autres ont connu les prisons et les camps où la mort a frappé.
André Karman et Adrien Huzard en furent notamment.
A Aubervilliers la police a mené avec un zèle particulier la chasse aux communistes.
Charles Tillon rappelle que sa femme Colette, qui fut sa compagne de Résistance durant toutes les années noires et qui est enterrée dans le cimetière communal, était suivie d’une manière obsédante par la police.
Charles Tillon et Emile Dubois avaient été déchus de leur mandat de conseiller généraux. Charles Tillon était, comme on disait alors, « passé dans le brouillard » mais Emile Dubois avait été interné dès le 19 décembre 1939.
Entre les mois de février et de mai 1940 la police avait procédé à l’arrestation de nombreuses personnes à qui l’on reprochait une activité de propagande communiste.
Emile Plas, Charles et Jeannie Jutteau, Eugène Cas, Baptiste Réchossière, Raoul Gosset, Marcel Nouvian, Pierre Prual, bien d’autres encore étaient inculpés et emprisonnés sous ce motif.
En octobre c’était le tour d’Antoine Pesqué et d’Adrien Agnès.
Le commissaire Georges Betchen fut l’organisateur méticuleux de cette répression.
Les listes qu’il établit ne comportaient pas moins de 468 noms. Ses hommes opéraient avec célérité, usaient de méthodes d’investigation efficaces, pratiquaient des interrogatoires très violents. Les brigades spéciales et la police nazie prenait bien souvent le relai.
On ne saurait omettre que l’action du commissaire Betchen et de ses hommes visait toute activité de résistance ainsi qu’en témoigne l’opération de démantèlement du groupe des « jeunes aviateurs » de l’aéro-club d’Aubervilliers, lié au réseau du Musée de l’Homme, fin décembre 1940.
Malgré les coups portés, que nous venons de rappeler très sommairement, la résistance nationale et communiste ne faiblissait pas. La résistance communiste passera bientôt à l’action armée, d’abord conduite par l’Organisation spéciale puis par les FTP, action dans laquelle s’illustrera notamment Gaston Carré.
Dans la région parisienne, les communistes n’ont pas constitué de groupes vraiment territoriaux. Ils ont construit leur action résistante en fonction d’une stratégie globale d’attaque de l’ennemi fondée sur les principes de la guerre de guérilla.
C’est pour cela que l’on retrouve, en diverses périodes, des résistants d’Aubervilliers engagés dans des actions, parfois loin de la région parisienne.
Toute cette histoire reste largement à écrire.
Ce ci dit le fait que trois albertivillariens aient été parmi les premiers fusillés de la génération des otages témoigne de la vivacité du courant politique auxquels ils appartenaient, vivacité qui les fit cibles de la répression.
L’espoir en une société de justice anima jusqu’au bout les combattants.
Antoine Pesqué écrivait ainsi, à la veille de son exécution : « Je meurs avec au cœur la même foi révolutionnaire, la même certitude de la victoire finale, pour la paix et la liberté ». Adrien Agnès de son côté disait : « Les feuilles d’automne sont jaunes et tombent comme les vies humaines dans la tragédie sinistre qui se joue ».
Aujourd’hui, notre vie résonne encore des échos de cette tragédie.
Meriem Derkaoui
Pour le Groupe des élus Communistes et Citoyens
Pour la section d’Aubervilliers du PCF
6 Messages