Paris-Métropole : les communistes lancent le débat

vendredi 13 juin 2008

Il m’arrive d’avoir de fortes inquiétudes sur la manière dont les choses semblent s’engager sur la question qui est à l’ordre du jour. Je ne parle pas précisément du conseil municipal de ce soir qui prolonge des débats locaux engagés depuis longtemps et qui est une bonne initiative, mais du débat général au delà des frontières d’Aubervilliers auquel nous assistons maintenant depuis plusieurs mois sur le sujet.

On nous parle de grand Paris, de Paris Métropole, certains avancent l’idée de supprimer les départements, d’autres de transformer les arrondissements de Paris, est évoqué la création de structures fédérales ; d’autres encore semblent vouloir la fusion des conseils généraux de la petite couronne au sein d’un grand Paris, ou encore l’extension de Paris à quelques communes périphériques. On suggère un grand Paris avec la région Ile de France - est même apparue une extension possible jusqu’au Havre ! - et bien d’autres choses encore.

Je trouve que ce débat porte trop sur la géographie territoriale avec comme grande perspective de proposer de nouvelles gouvernances. Tout cela, nous enferme dans un débat géographique qui tourne autour d’un centre dominateur qui serait Paris. Cette notion « du grand Paris » devrait être abandonnée car elle rend le débat plus obscur qu’elle ne l’éclaire.

Au lieu de définir la géographie d’un futur territoire et de ses compétences et gouvernances d’avenir, est-ce qu’il ne faudrait pas mieux d’abord partir de ce que l’on veut corriger.

Quels sont les problèmes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés et que nous ne pourrons pas assurément régler isolément sur le champs de nos seules compétences territoriales actuelle, que l’on soit communes, départements, communauté d’agglomération ou région ?

On le voit bien, parler des transports, du logement, de la richesse ou de la pauvreté territoriale, des ressources de développement économique, de l’emploi, plus aucun de ces sujets (et bien d’autres encore) ne peuvent être examinés à la seule lumière des territoires restreints qui sont les nôtres actuellement.

Pour autant, les réponses ne tiennent pas à la seule géométrie d’un territoire, ni à la mise en place de nouvelles gouvernances. Avant de savoir qui dirige et sur quel territoire, fixons d’abord les objectifs, les priorités que l’on veut voir émerger sur un territoire qui devra nécessairement évoluer sur la base d’un projet commun.

Ce n’est pas l’extension du territoire et la modification des gouvernances qui doivent nous guider, mais le contenu d’un projet partagé qui reste à construire.

Pour se faire, il faut prioritairement partir de l’intérêt des habitants concernés et en premier lieu de ceux qui ont le moins. C’est même d’abord à eux, qu’ils nous faut penser. Aucun projet partagé ne pourra se construire s’il ne vise pas à corriger les grandes inégalités sociales et territoriales.

De même qu’aucun projet ne sera partagé s’il prive les communes de leur prérogatives sans leur offrir la possibilité de maitriser le développement et l’avenir de leur propre territoire.

Il faut aujourd’hui mettre en place des mécanismes de redistribution des richesses entres les territoires qui se développent de façon inégalitaire.

La pertinence d’un territoire doit se définir à partir de la plus value qui pourra être apportée aux habitants notamment pour les plus défavorisés. Toute organisation spatiale qui ne s’appuiera pas sur cette priorité ne fera qu’accentuer la concurrence des territoires et aggravera les inégalités sociales actuelles.

Sur les questions les plus essentielles qui sont celles du logement, des transports, de l’emploi, nous avons besoin plus que jamais de territoires solidaires. C’est autour de cette idée qu’il faut engager un réel débat citoyen.

L’enjeu, ce n’est pas de trouver immédiatement le bon échelon territorial, c’est d’abord d’avoir un projet de territoire qui réduise les déséquilibres territoriaux pour le logement, l’emploi et les transports pour en rester sur les questions les plus brulantes.

Gérard Del Monte

Note du Webmaster :

Lire sur le même sujet l’intervention de Jean-Jacques Karman (conseiller général PCF d’Aubervilliers) : http://jeanjacqueskarman.com/site/?p=512

11 Messages

  • Paris-Métropole : les communistes lancent le débat Le 25 juin 2008 à 18:03, par Brank Hignolle

    Chers amis, j’ai encore du mal à trouver mon rythme de croisière, mais rassurez vous, je reviens : ma prochaine contribution portera sur le thème : ne pas confondre "être aux portes de Paris et voir midi à sa porte" !

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  • Paris-Métropole : les communistes lancent le débat Le 26 juin 2008 à 21:07, par La Critique !

    Sérieusement ça ne me tante pas du tout de voir Aubervilliers être le 21e arrondissement de Paris !

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  • Paris-Métropole : les communistes lancent le débat Le 27 juin 2008 à 20:54, par Brank Hignolle

    Avoir Paris à sa porte ou voir midi à sa porte, c’est ainsi qu’on pourrait rapidement résumer le débat sur le grand Paris. On pourrait aussi ajouter qu’il ne faut pas confondre "être aux portes de Paris" et "être à la porte de Paris". Cette dernière expression traduit l’image d’une banlieue, espace de relégation sociale et spatiale, accueillant à la fois ceux qui ne peuvent accéder aux lumières de la ville et ceux qui en sont chassés.

    Alors on s’imagine que c’est en agrandissant le périmètre de Paris aux communes limitrophes qu’on pourrait apporter bonheur et prospérité aux communes ainsi absorbées, repoussant un peu plus loin la frontière, comme l’avait fait Haussmann en 1860. Force est quand même de constater que la saisure reste entière 150 ans après entre les arrondissements de l’Ouest comme le 16ème et ceux de l’Est comme le 18ème et qu’un simple coup de crayon n’a pas permis de gommer les disparités.
    Et chacun d’y aller de son périmètre avec des propositions de découpage en cohérence avec un projet politique avoué ou non avoué. Le Président de région qui, avec le schéma directeur de la région Ile de France propose sans doute le projet le plus élaboré : il avait fait l’objet de discussions et de compromis au sein du conseil régional et aboutissait notamment au chiffre de 30% pour les logements sociaux et révélait ainsi la nécessité de prendre en compte les besoins des habitants dans ce domaine.
    D’autres projets comme celui du périmètre des trois cathédrales
    Amiens, Bourges, Reims (si ma mémoire ne me trahit pas), ou même
    un découpage mettant en avant la nécessité d’un débouché sur la mer, -Le Havre-(on se croirait revenu au traité de Versailles quand on a créé le corridor de Dantzig pour assurer à la Pologne un accès à la mer) apparaissent dans le débat. Bien évidemment, l’idée récurente d’une super région pour s’inscrire dans une logique européenne reste régulièrement évoquée.

    L’idée développée par le Président de Plaine Commune, Patrick Braouzec, de plusieurs pôles qui concentreraient chacuns les services nécessaires aux habitants concernés, "la marguerite", constitue un élément à verser à la réflexion.

    C’est dans ce contexte que Sarkozy, en retard à l’allumage, insiste sur la compétivité économique que doit avoir la métropole à l’échelle européenne, au même titre que Berlin ou Londres, (comme si elle n’était pas compétitive !) Traduction libre d’Hignolle Brank : Il faut renforcer au sein même de cette entité ce qui est le plus dynamique, sous entendu La Défense pour que l’argent aille à l’argent.
    Ce qui veut dire, et on en revient au point de départ, que ceux qui voient midi à leur porte ne sont pas ceux qui sont à la porte de Paris ! Et que si on améliorait le quotidien des habitants en jouant du ciseau, ça se saurait : depuis Haussmann, pour ne pas remonter à Philippe Auguste, on s’en serait rendu compte.

    La question essentielle est de construire un projet qui parte des droits des habitants existants ou potentiels : droit à un logement, droit à des transports, droit à un emploi, droit à des services de qualité (école, équipements publics, commerces...), droit à un environnement de qualité (espaces verts par exemple...), bref un maillage en terme de droit qui aille dans le sens d’une homogénéisation du territoire. Ce qui signifie aussi que la question des ressources ne soit pas éludée, que ce soient les dotations d’Etat ou les ressources fiscales,notamment la taxe professionnelle dont on sait à quel point elle est discriminante aujourd’hui, entre les villes qui accueillent de nombreux sièges sociaux (Puteaux, Suresnes...) et celles qui en ont peu ou pas constituent un des axes du projet de territoire.

    Les questions du périmètre, comme celle de la gouvernance,sont alors posées autrement, en devenant la résultante d’un projet de territoire qui s’inscrit sur des divisions administratives existantes dont on sait qu’elles sont elles aussi des enjeux en terme de pouvoirs et de contre pouvoirs.

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    • Paris-Métropole : les communistes lancent le débat Le 28 juin 2008 à 14:18, par Le Réac

      Sarkozy n’a que faire de la banlieue. Ce qu’il veut c’est faire de Paris une grande place internationale de la finance, un grand Paris centre d’affaires dominateur qui s’étend et qui dans la compétition internationale soit concurenciel avec Londres, Berlin, Barcelone, Amsterdam ...
      Pour ce faire, il lui faut étendre Paris par annexion d’une partie des banlieues afin de pouvoir mieux délester Paris de la population qui entrave ses projets.
      Au delà d’un discours et de quelques actes de solidarité de territoire, il n’est pas sûr que Bertrand Delanoë, maire de Paris, soit, sur la finalité, totalement hostile à cette démarche du grand Paris.

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  • Paris-Métropole : les communistes lancent le débat Le 29 juin 2008 à 10:05, par Géographe de médeux

    Hérodote, réveille toi, ils sont devenus fous !

    Ligne 17, Gérard del Monte fait un contresens terrible sur le terme "géographie" en le réduisant aux limites spatiales que l’on donne à un territoire. C’est pire que de confondre un imprimeur et un typographe.

    L’éthymologie de géographie est bien : "écriture (graphie) de la terre (géo)". Il s’agit de décrire, analyser, comprendre, interpréter, conceptualiser, cartographier... des activités humaines (peuplement, mise en valeur d’un territoire...) et naturels dans un espace ou des espaces qu’il convient de définir. On se rapproche là davantage du propos de l’auteur qui serait bien plus intelligible s’il n’était pas entaché de ce contresens qui rend le texte incompréhensible.

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    • Paris-Métropole : les communistes lancent le débat Le 29 juin 2008 à 22:26, par Tacautac

      Mais, que vient donc faire "Hérodote" dans cette affaire du "grand Paris" ? J’aurai préféré comme référence "Périclèse" ! Il n’y a dans ce texte aucun contresens avec l’éthymologie du mot géographie. Le risque est bien de voir certains, comme "Géographe de médeux", interpréter, conceptualiser pour finalement cartographier immédiatement, alors qu’il faudrait d’abord décrire et analyser pour mieux construire un projet et mettre en valeur un territoire futur. Je ne suis pas surpris que "géographe de médeux" ne fasse toujours pas la différence entre un typographe et un imprimeur...

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  • Paris-Métropole : les communistes lancent le débat Le 27 septembre 2008 à 09:44, par Perdu de vue

    Gérard del Monte, Coulibaly Ba, même combat : que sont ils devenus ? Si on a une explication sur le sommeil de Gérard del Monte, l’appel au boycott de sa page sur le blog, et la remise en ordre de l’outil par le toilier qui avait ouvert une page forum, y sont pour quelque chose, personne n’est capable de dire ce qu’est devenue la suppléante du député. Est elle devenue aussi suppléante d’Obama ? Il semble que non puisque l’intéressé qui avait attendu les socialistes d’Aubervilliers pour rééellement lancer sa campagne n’ait pas fait le choix de la parité... Encore un effort Barak pour être le vrai candidat des banlieues... Quant à Gérard Del Monte, le blog est en capacité d’apporter une info : il n’est ni le suppléant d’Obama, ni devenu socialiste.

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  • Paris-Métropole : les communistes lancent le débat Le 17 avril 2009 à 02:58, par Pour la construction de tours à Paris

    Les architectes engagent un lobbying intense pour que leurs projets d’urbanisme à Paris ne soient pas retardés par la crise. Indépendamment du caractère peut-être corporatiste de la démarche, je considère qu’une ville comme Paris ne peut vivre que dans un contexte de perpétuelle évolution architecturale. Les tours qui doivent ponctuer certains lieux comme les entrées de Paris sont un atout incontestable pour renouveler l’image de Paris.

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