Régie de quartier : où en est-on du désastre social provoqué par l’OPH ?
lundi 25 octobre 2021
La fin du contrat de nettoyage de 64 halls et de cinq parkings de la cité de La Maladrerie, brutalement signifiée à la Régie de quartier a produit des effets dévastateurs.
Le 21 octobre Le Parisien s’est fait l’écho de cette situation dans un article intitulé « L’office HLM laisse sur le carreau 14 femmes [1] en cours d’insertion ».
La situation créée était inattendue et résulte d’un coup de force. En effet, en juillet, le renouvellement du contrat liant la Régie à l’OPH avait été confirmé suite à un appel d’offres auquel la Régie avait été seule à répondre. La direction de l’OPH avait considéré que cette situation était anormale, du fait qu’une concurrence ne s’était pas manifesté et avait recommencé un appel d’offres effaçant la dimension insertion du marché. La Régie avait répondu en renouvelant sa proposition initiale.
C’est dans ce contexte que la société Guilbert (basée à Bondy, elle emploie 2 900 salariés et déclare un chiffre d’affaires annuel de 60 millions d’euros)) a présenté son dossier à un moindre prix, effaçant à peu près complètement les clauses d’insertion et entendant traiter le chantier de nettoyage avec seulement 8,5 équivalents temps plein, autrement dit avec une qualité de prestations en grande baisse.
Les salariés de la Régie ont été liquidés à ce prix et se retrouvent dans des situations très difficiles. Deux contrats ont expiré en août et septembre, cinq se terminent en octobre, quatre en novembre et trois en décembre.
La direction de la Régie n’a pas abandonné son personnel et a cherché à mettre en place des solutions d’attente (vacances, stages de permis de conduire…) afin de pénaliser le moins possible. Comme il n’existe pas de procédure de licenciement dans le cadre de l’insertion, les salaires doivent être versés jusqu’à l’expiration des contrats alors même que les ressources liées à l’activité de nettoyage ont disparu. La fragile trésorerie de la Régie se trouve ainsi soumise à rude épreuve.
Une rencontre avec la mairie n’a guère donné de résultats mais surtout Mme Franclet développe un argumentaire scandaleux , déclarant (voir Le Parisien) : « L’insertion, il en faut, mais est-ce aux locataires et aux personnes les plus fragiles d’en payer le surcoût ? »
Autrement dit, durant quatorze ans la Régie a volé, en raison de son surcoût, les locataires de l’OPH !
L’insertion est donc un surcoût (!?) et non point un investissement social et humain qui ne se mesure pas à l’affichage d’un moins disant comptable. Qu’en est-il en effet des conditions d’emploi des salariés de l’entreprise Guilbert ? Une salarié de la Régie a expérimenté le monde « moins disant » de Guilbert et n’y a résisté qu’une seule journée…
Mais le dessaisissement du marché a aussi pour conséquence de briser le lien historique sur lequel était fondé depuis toujours le projet de Régie de quartier, c’est-à-dire le lien avec… le quartier.
Ainsi est dilapidé, sans état d’âme, le travail considérable réalisé depuis vingt ans. Mais la Régie a traversé bien des épreuves et continuera à se battre pour que le projet sur lequel elle a été bâtie continue d’exister.
Notes
[1] En réalité onze femmes et trois hommes. Les situations familiales sont les suivantes : une veuve sans famille en France, un jeune sans famille en France, une femme mariée sans enfant, deux femme isolées avec un enfant chacune dont un enfant handicapé, un homme marié avec cinq enfants, huit femmes mariées avec enfants (de deux à six).
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