150e anniversaire de la Commune de Paris à Aubervilliers

jeudi 18 mars 2021

Les communistes d’Aubervilliers ont organisé un hommage à la Commune de Paris à l’occasion du 150ème anniversaire de son déclenchement, le 18 mars 1871.

C’est au coin de la rue de la Commune de Paris, face à la poste du centre-ville, que s’est déroulé cet hommage.

Après avoir écouté la chanson de Jean Ferrat "La Commune" qu’il avait écrite en 1971 pour les cent ans de la Commune, c’est André Narritsens qui a lu l’intervention du Parti communiste, Aurélie Le Meur, secrétaire de section, Anthony Daguet et Soizig Nédélec, conseillers municipaux, n’ayant pas pu participer à ce rassemblement pour raisons professionnelles et sanitaires.

Puis Albert Prigent, de l’Association des Amis de la Commune, a présenté celle-ci.
Son site est ici

Le rassemblement s’est terminé avec "Le Temps des Cerises"


Intervention prononcée le 18 mars 2021 à l’occasion du rassemblement organisé par la section d’Aubervilliers du PCF

Il y a 150 ans, le 18 mars 1871, le peuple parisien, entendant défendre Paris, refuse d’être désarmé et les femmes de la Butte s’opposent à l’enlèvement des canons installés à Montmartre. La troupe envoyée pour les récupérer met crosse en l’air. Les quartiers de l’Est et du Centre se soulèvent. Adolphe Thiers chef du gouvernement réactionnaire installé récemment dans la capitale pour, selon son expression, la « pacifier » s’enfuit à Versailles.

Le lendemain le Comité central de la garde nationale annonce la tenue d’élections pour créer le conseil de la Commune. Ainsi s’ouvre une période qui va durer 72 jours au cours de laquelle va se dérouler l’affrontement entre les tenants de l’ordre, vaincus par les Prussiens et qui bénéficient dorénavant de leur complicité contre le peuple de Paris, et ceux qui refusent la capitulation et aspirent à une autre société. Pour eux, l’instauration d’une Commune, c’est-à-dire d’une entité politique jouissant d’une pleine autonomie est indispensable. Dès le 6 janvier 1871 la création d’une Commune à Paris a été revendiquée.

La Commune, dans la grande diversité de ses composantes, va, en effet poser la question d’une autre organisation de la société. Fin observateur et analyste de l’événement, Karl Marx écrit dans La guerre civile en France » que la Commune est « l’antithèse directe de l’Empire » et que, si l’expression de « République sociale » formulée lors la révolution de Février 1848 n’exprimait alors qu’une vague aspiration, la Commune entend non seulement « abolir la forme monarchique de la domination de classe, mais la domination de classe elle-même »

La confrontation sera d’évidence brutale et il est significatif que le premier décret de la Commune ait été consacré à la suppression de l’armée permanente et son remplacement par le peuple en armes. D’autres décrets suivirent qui concernaient les modes de fonctionnement politiques (responsabilité et révocabilité des élus), La Commune ne devait en effet pas être un organisme parlementaire mais un corps agissant, exécutif et législatif à la fois.

Parmi les mesures d’organisation sociales et politiques dont la Commune décida du principe et commença leur réalisation on citera la suppression du travail de nuit des ouvriers boulangers, la création d’une commission chargée d’organiser le transfert à des coopératives des ateliers abandonnés, une réorganisation complète de l’instruction publique primaire et professionnelle dégagée de l’emprise religieuse et cléricale, la gratuité affirmée de la fourniture de tous les instruments nécessaires au travail scolaire, la remise totale des loyers des trois derniers mois, l’abolition des officiers judiciaires (notaires, huissiers, commissaires-priseurs, greffiers qui deviennent des fonctionnaires), la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la suppression du budget des cultes. On notera aussi combien la Commune porte les revendications des femmes, envisage l’égalité salariale, bannit la prostitution, reconnaît l’union libre.
Dans un contexte de lourdes menaces, de harcèlements constants des Versaillais et alors même que les conditions de vie demeurent extrêmement difficiles, la Commune réalise, en très peu de temps, une œuvre considérable.

La bourgeoisie ne pardonnera pas son œuvre à la Commune. Elle organisera les massacres de la semaine sanglante et les massives répressions dont les déportations en Nouvelle-Calédonie formèrent l’épicentre. Elle développera la calomnie aussi dont on entend aujourd’hui encore quelques refrains.

Les empreintes laissées par la Commune sont immenses. Dans les imaginaires révolutionnaires les références à la Commune sont très fréquentes. Ce fut en effet le premier exemple d’une volonté d’émancipation radicale. « Un espoir mis en chantier » selon la belle formule de Jean Ferrat.

Oui, nous sommes les enfants de la Commune, nous portons haut ses valeurs et ses symboles comme le drapeau rouge qui accompagne ce rassemblement.
Nous avons dans Aubervilliers un certain nombre de de noms de lieux qui nous parlent de la Commune, citons dans l’ordre alphabétique : Gustave Courbet, Jules Guesde, Louise Michel, Elisée Reclus, Edouard Vaillant, Jules Vallès, Eugène Varlin, Paul Verlaine.

Et nous avons aussi cette rue de la Commune de Paris où nous tenons ce rassemblement et qui fut nommée ainsi pour le 100e anniversaire de la révolution parisienne.

Et nous dirons, en contrepoint de ce qui fut alors fait, et qui se poursuit d’ailleurs à Paris aujourd’hui, que l’actuelle municipalité ne s’honore pas de son silence.
Pour briser ce silence, faisons entendre, en conclusion de ce rassemblement, le cri d’espérance que portait la Commune : VIVE LA COMMUNE !

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