Disparition de Jacques Chirac

Une déclaration de Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, conseiller municipal d’Aubervilliers

jeudi 26 septembre 2019

Comme beaucoup de nos concitoyens, c’est avec émotion que nous avons appris le décès de Jacques Chirac. Avec sa disparition, une page importante de notre histoire politique se referme.

Il a côtoyé les responsables de l’Humanité et les dirigeants communistes dans la rudesse du combat politique. Une part de la conception du monde
nous opposait. Nous avons mené de nombreuses batailles contre sa politique, ses idées, et bon nombre de ses engagements. Mais je garde aujourd’hui en souvenir le profond respect qu’il entretenait pour ses adversaires, tant en Corrèze ,qu’à Paris puis comme président de La République. Il respectait les élus communistes et leur parti. ses hommages à plusieurs dirigeants communistes en témoignent amplement.

Emprunt d’une tradition républicaine qui était celle de sa Corrèze familiale, Jacques Chirac savait rester courtois, affable et respectueux. Cette qualité, loin de gommer les oppositions, permettaient des échanges qui, quoique virulents, demeuraient dans le cadre du débat démocratique.

Homme de terroir, attaché à faire vivre les territoires, soucieux des sentir l’humeur et l’opinion des milieux populaires, il perpétuait « une certaine idée de la France » d’inspiration gaulliste.

Il restera une figure républicaine soucieuse de garantir le pluralisme des idées et la vitalité du débat démocratique. Il avait ainsi manifesté son attachement au pluralisme de la presse et singulièrement à L’Humanité qu’il considérait indispensable au débat démocratique. Lorsque dans les années 2000 L’Humanité s’est trouvé dans une passe difficile il s’était préoccupé et engagé à plusieurs reprises pour qu’elle puisse se pérenniser.
Ceci ne nous avait pas empêché de nous affronter sur ses propos scandaleux contre les immigrés. En même temps, devenu, Président de la République, il aura tenu et entretenu les digues républicaines face à une extrême droite qu’il honnissait et qu’il savait opposée aux valeurs profondes de la République.

En 2003, il tint une position courageuse qui fit honneur à la France en refusant avec sagacité d’engager nos forces dans la guerre illégitime, meurtrière et déstabilisatrice d’Irak. Populaire dans de nombreux pays du monde, malgré les complaisances entretenues sur le continent africain avec des régimes antidémocratiques, il mit un terme à sa longue et tumultueuse carrière politique en menant un combat résolu pour faire progresser les consciences sur les questions environnementales. Son appel précoce au sursaut pour conjurer le réchauffement climatique restera dans les mémoires. de même il eut le courage de faire respecter le droit des palestiniens et avait eu le courage d’accueillir Yasser Arafat malade.

A la fin de son second mandat, à l’heure de la retraite, nous découvrions un second Chirac, un Chirac caché, un homme à la culture discrète, riche et construite, solide et raffinée, un homme épris des arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques qu’il se refusait à considérer comme inférieure et auxquelles il donna une visibilité inédite avec la création du Musée du Quai Branly qui porte désormais son nom.

J’adresse à sa famille ainsi qu’à ses proches, a ses compagnons et amis mes condoléances attristées et mes sentiments respectueux.

Patrick Le Hyaric

Directeur de L’Humanité

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