Un bilan du XXXIVème congrès du Parti Communiste Français
samedi 3 janvier 2009
Les médias français ont été exceptionnellement silencieux concernant l’issu du XXXIVème congrès de notre parti. Et pour cause : nous ne leur avons pas facilité la tâche. Pas de querelles fratricides, pas de polémiques stériles, pas de grands effets de manches. Et surtout, contrairement aux prédictions, notre parti ne s’est ni dissout ni déchiré. Pour autant, l’issu du congrès, même prévisible, n’en demeure pas moins riche en enseignements, au contraire.
Nos lecteurs savent que s’achèvent ici un long processus de près d’un an. Au cours des 6 derniers mois, les débats se sont intensifiés autour du futur texte dit « base commune de discussion ». Fin octobre, la section d’Aubervilliers organise une soirée débat présentant aux camarades les trois options en présence pour la base de discussion. Ce sera le texte proposé par le Conseil National qui sera retenu (à 67% des votants à Aubervilliers). Pour autant, le texte reste amendable et les communistes d’Aubervilliers se réuniront encore une demi-douzaine de fois pour préparer et voter les amendements qu’ils jugent nécessaires. C’est ce travail de titan que nos délégués ont porté au congrès qui s’est tenu du 11 au 14 décembre.
Le congrès, retransmis en direct sur internet et partiellement sur la chaîne de télévision Public Sénat, a accueilli quelques spectateurs bien connus : Arlette Laguillier et Jean-Luc Mélenchon pour ne citer qu’eux. Ce dernier a publié un texte sur son blog qui retranscrit bien l’ambiance studieuse de ces quatre jours. Je cite : « Incroyable Parti Communiste. Ils votent ligne à ligne (elles sont numérotées), page par page, amendement par amendement. Certes avec des boitiers de vote. Mais ça dure. Mais pas trop. Mais quand même. Un pour, un contre, pour chaque amendement ! Donc il faut être patient. Il leur faut trois jours pour venir à bout de leur texte… Ça peut faire sourire. Moi ça me stupéfie. Rien à voir avec l’incroyable foire qu’est un congrès socialiste où trois mille personnes parlent en même temps pendant que défilent à la tribune des rangées de camarades qui font des vocalises. J’ai terriblement pratiqué et aimé ça. Mais en voyant ces communistes, leur « ruches », leurs amendements et leurs votes ligne à ligne, j’étais pétrifié. Comme par un retour au réel. A la pudeur après l’obscénité. Si j’étais encore membre du PS je courrai dire aux camarades ce que j’ai vu. « Camarades, vous êtes devenus fous ! Un congrès appartient aux congressistes » Bon. Je perdrai mon temps, je le sais bien. Les socialistes se fichent totalement de leurs propres textes. Ils ne les lisent pas. » Sur le site national du PCF, on relève aussi de nombreux commentaires enthousiastes. Je n’en cite qu’un : « Fin du 34 ème Congrès dans la joie, la liesse. Ils chantent autour des tables, ils sentent qu’il s’est passé quelque chose, ils sont prêts et prêtes aux combats futurs ».
D’accord, il y a aussi des voix discordantes. Il y a ceux de la Riposte qui râlent de n’avoir pas obtenu de sièges au CN, il y a Robert Hue qui créé un nouveau mouvement politique (mais sans quitter le parti), il y a André Gérin et Jean-Jacques Karman qui déplorent n’avoir pas pu fusionner leur liste avec celle du CN sortant. La nouvelle direction aura un réel travail à faire pour clarifier le statut des « tendances » au sein du parti sans quoi ce genre de débat parfaitement stérile continuera à nous détourner des discussions plus essentielles.
Un certain nombre d’idées fortes ont traversées tout le congrès :
Le PCF ne doit pas se dissoudre et doit au contraire travailler à son renforcement.
L’analyse communiste de notre société se trouve confirmée par la crise économique actuelle. Les propositions des communistes pour sortir de la crise doivent être largement diffusées.
Les progressistes doivent se regrouper autour d’un « front de gauche » pour les élections européennes de 2009
Et puis, et surtout, il y a le texte (joint à l’article). Un texte dans lequel on retrouve quelques fois mot pour mot les propositions des communistes d’Aubervilliers. Un texte de bonne facture, bien structuré et plutôt complet. Un paragraphe consacré à la crise a été ajouté à la première partie. Le paragraphe « Des conditions de luttes sociales et politiques transformées » a été considérablement développé : on y relève notamment une analyse plus explicite de la situation politique des pays d’Amérique latine ainsi qu’une mention à l’élection de Barack Obama. La deuxième partie clarifie notre projet politique. Les rédacteurs ont fait le choix d’une longue liste de propositions pour un « nouveau mode de développement ». La rupture avec la 5ème république est désormais clairement mentionnée. Comme les communistes d’Aubervilliers l’avaient suggéré, notre journal, l’Humanité, est clairement mentionné dans le texte ainsi que la JC. La cellule fait aussi son retour mais ce n’est qu’une structure parmi d’autres pour réimplanter le parti au plus près de la population (paragraphe « un parti d’action, de luttes et d’intervention populaire et citoyenne »).
Je ne puis ici détailler tous les ajouts au texte. Je recommande seulement à tous de le lire car il parle de notre parti, de notre projet communiste, de notre engagement militant.
D.R.
PS : Suite à l’AG du 8 janvier, nous mettrons vraisemblablement un nouvel article en ligne sur le sujet à partir du compte-rendu de Meriem Derkaoui (déléguée de la section au congrès). Les camarades sont d’ors et déjà invités à nous faire partager leurs analyses.
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