Hommage à Suzanne Martorell

vendredi 8 février 2019

Comme chaque année, la Municipalité a rendu hommage à Suzanne Martorell, habitante d’Aubervilliers et militante communiste, assassinée par la police lors de la manifestation organisée le 8 février 1962 pour exiger la fin de la guerre en Algérie.

Voici l’intervention de Meriem Derkaoui, prononcée juste avant celle de Mahmoud Massali, Consul d’Algérie, devant l’ancien domicile de Suzanne Martorell, cité Robespierre.

Monsieur le consul Mahmoud Massali,
Cher-es élu-es,
Mesdames, Messieurs,

Bonjour,

Le 8 février 1962, la répression d’Etat tuait 9 personnes à Paris.

Comme 8 autres de ses camarades, Suzanne Martorell ne regagna jamais son domicile, tuée par écrasement dans les escaliers de métro Charonne. Alors que la guerre d’Algérie entrait dans sa dernière phase, la contestation en France pour rapatrier les soldats français du contingent grandissait en métropole. Portées par les forces progressistes dont le PCF, ces manifestations exigeaient la paix et d’en finir avec cette sale guerre où des jeunes ouvriers français étaient envoyés pour tuer de jeunes paysans algériens qui se battaient pour leur liberté.

Suzanne Martorell faisait partie de ce mouvement irrépressible pour que triomphe l’idée de liberté de tous les peuples.

L’Etat, par le biais de son sinistre préfet Maurice Papon, décida de réprimer pour l’exemple cette manifestation du 8 février 1962. Les communistes en étaient les cibles comme le prouve la liste des victimes alors que l’OAS, putschistes et auteurs d’attentats multiples, ne fût quant à elle jamais inquiétée.

L’heure est venue de la reconnaissance plus de 50 ans après cet événement. Ces meurtres doivent être qualifiés en crime d’Etat comme pour la répression du 14 juillet 1953 ou celle plus connue du 17 octobre 1961 qui tuèrent des centaines d’ouvriers algériens. L’ensemble des archives doivent être ouvertes pour faire la vérité sur ces événements. Comme pour l’assassinat de Maurice Audin que l’Etat a reconnu récemment par la voix de M.Macron, la France doit prendre ses responsabilités et regarder sa part d’ombre en face.

Aubervilliers agira pour la vérité et pour honorer ses habitant-es et valorisera les combats mémoriels promouvant la justice et la paix.

Nous le devons à Suzanne Martorell, elle l’ancienne employée de l’Humanité, qui était un des rares journaux anticolonialistes et dont l’existence est menacée aujourd’hui comme vous le savez.

Nous le devons aussi pour nos combats actuels contre les formes de colonialisme, de néo-colonialisme et d’injustice, face à l’atteinte aux libertés publiques qui restreignent le droit de manifester.

Vérité et justice pour Suzanne et le 9 de Charonne ! Paix et justice pour tous les peuples !

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