Tribune de Laurence Grare, conseillère municipale
La braderie des HLM va t-elle commencer à Aubervilliers ?
mercredi 3 décembre 2008
Régulièrement les commerçants soldent leurs invendus. L’Etat, lui, a décidé de brader, chaque année, 1% du patrimoine HLM soit 40 000 logements sociaux. A écouter Mme la Ministre du logement, rien ne semble plus pouvoir enrayer cette braderie, alors que jamais la France n’a eu autant besoin de logements à loyers modérés.
"Tous propriétaire !", c’est beau comme un rêve. Mais lorsque l’on pousse les plus modestes vers la propriété privée, le plus souvent, le rêve tourne au cauchemar. Une fois endettées par cet achat, les familles ayant acquis leur appartement n’ont presque jamais les moyens d’entretenir ni le clos et le couvert, ni les parties communes. Contrairement aux idées reçues, les quartiers les plus dégradés de France ne sont pas les cités HLM, mais des copropriétés dégradées, qui représentent jusqu’à 40% du parc immobilier de certains quartiers difficiles.
Si l’OPH d’Aubervilliers décide de s’engager dans cette démarche, il contribuera à produire les copropriétés dégradées de demain.
Cette mesure s’ajoutant au « surloyer », encouragera les locataires dits « très solvables », ceux là mêmes qui contribuent encore à un semblant de mixité sociale, à quitter le parc HLM. Ces logements qui seraient mis en vente seront assurément les mieux situés, les mieux desservis, les mieux entretenus. Le résultat est connu d’avance, vendre les logements HLM par quartier, par escalier ou par immeuble, renforcera le phénomène de ghettos sans pour autant répondre à la demande actuelle des familles qui attendent un logement.
Certes Jacques Salvator, à l’opposé de Pascal Beaudet, n’écarte pas l’idée de vendre des logements HLM. Encore faut-il que le Conseil d’Administration de L’OPH fasse de cette démarche une priorité, sans oublier que ce patrimoine est le bien commun de tous les locataires et que leurs associations auront aussi leur mot à dire. Certes, il existe quelques locataires qui se montreront intéressés par cette mesure, mais dans cette affaire, s’agissant d’un bien commun,c’est l’intérêt général qui qui doit prendre le pas sur l’intérêt particulier.
Concernant les priorités, l’immense majorité des locataires des HLM d’Aubervilliers préfèreraient certainement voir concrètement appliquer d’autres engagements qui figuraient parmi les promesses électorales du Maire actuel. Par exemple : "pour assurer l’entretien quotidien et de qualité du parc locatif public, nous instaurerons une obligation de réparation sous 48 heures des petites et moyennes dégradations..." ou encore : "Nous recréerons des postes de gardiens d’immeuble dans le parc HLM de la ville...". Les locataires commencent à s’impatienter...
Ce n’est pas en vendant les HLM que l’on parviendra à loger celles et ceux qui en ont vraiment besoin, mais en construisant davantage de logements sociaux qui soient vraiment accessibles à tous.
La vente à la "Sarkozy" des HLM est un mauvais coup contre le logement social. On peut comprendre que pour des raisons de soutien politique à cette idée d’une "France de propriétaires" certains organismes HLM, notamment dans les villes dirigées par la droite, appliquent cette mesure avec enthousiasme. Par contre, croire cela possible à Aubervilliers devrait nous révolter.
Laurence Grare, élue du groupe Communiste et Citoyen "Tous ensemble pour Aubervilliers"
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