Hommage aux victimes de l’attentat de Nice
lundi 18 juillet 2016
En ce lundi 18 juillet de très nombreuses personnes sont venues dans le hall de l’hôtel de ville rendre hommage aux victimes de l’attentat de Nice du 14 juillet.
Après avoir écouté Anthony Daguet, premier adjoint, prononcer l’allocution ci-dessous au nom de la Municipalité, elles ont observé une minute de silence et chanté La Marseillaise.
« Chers collègues,
Mesdames, messieurs,
Au nom de la municipalité et de la Maire Meriem Derkaoui, j’ai la charge de vous dire ces quelques mots.
Jeudi 14 juillet, jour de la fête nationale, français et étrangers étaient nombreux sur la promenade des anglais à Nice, pour assister au traditionnel feu d’artifice célébrant la naissance de la République française.
Ce jour là, des milliers de personnes étaient présentes, en famille, espérant passer une soirée festive et agréable au cœur de la douceur de l’été.
C’est à ce moment là, qu’un tueur fou, aux commandes d’un poids lourd, a décidé de tuer lâchement et de sang froid, hommes, femmes, enfants.
84 morts connus à ce jour. 84 personnes de tout âge, de parcours différents, de confessions multiples, de nationalités diverses. L’horreur les a tous frappés, sans distinction. Un meurtre de masse aveugle et révoltant.
A Nice, comme à Istanbul, Bagdad, Orlando, Bruxelles… c’est notre humanité commune qu’on assassine et à chaque fois c’est une partie de notre être qui nous est arrachée.
Le premier mouvement face à l’horreur de cet attentat est la solidarité avec les victimes et leurs familles. Beaucoup de citoyens auront besoin de toute la compassion et de tout le soutien dont nous pourrons faire preuve collectivement et individuellement.
Les albertivillariennes et les albertivillariens, sont solidaires des victimes et de leurs familles. Ces 84 personnes sont des martyres. Elles sont mortes pour la France qu’on aime.
La revendication tardive de cette innommable atrocité par Daech ne nous informe pas sur ses raisons profondes.
Elle nous dit cependant que le terrorisme est bien ce décor obscur dans lequel se meuvent des fanatiques, des âmes errantes, des petites frappes frustrées, d’imbéciles voyous prêts, pour des raisons diverses, à devenir des assassins de masse sans le début d’un frémissement de conscience.
Il s’agit d’une incontestable victoire de cette franchise du crime qui parvient à activer dans différents endroits du globe des pulsions meurtrières aussi cruelles qu’imprévisibles.
Il faut rappeler et rappeler encore que les musulmans ne sont pas les ennemis, mais qu’ils sont aussi les premières victimes des terrifiants attentats quasi quotidiens de Bagdad, Damas, Tripoli, au Liban, au Pakistan, en Afghanistan, en Libye.
La peine et le recueillement passés, nous devrons répondre à cette terrifiante menace.
Depuis le 7 janvier 2015, la menace terroriste s’inscrit dans notre quotidien.
Elle frappe désormais en dehors de la région capitale, comme s’il fallait partout s’habituer au carnage, comme s’il fallait renouveler sa peine à échéance régulière.
Là se situent peut-être l’horreur véritable et l’ultime dessein du terrorisme : la banalisation d’une épouvante qui prêterait le flanc aux réflexes les moins raisonnés, à la recherche de la fragmentation, de la division de la société, ouvrant la voie au triomphe de l’abominable secte des égorgeurs, coupeurs de têtes, lanceurs de bombes et de camions fous.
La sécurité intérieure est donc une grande question, un grand défi pour toutes celles et tous ceux qui ont légitimement à cœur d’être protégés et de préserver, de faire fructifier nos libertés individuelles et collectives, nos moments de communion.
L’état d’urgence ne l’aura pas permis. Il ne permettra pas plus aujourd’hui de répondre à ce nouveau type de terrorisme, dont seuls des démagogues politiciens prétendent pouvoir à tous les coups prévenir les horribles méfaits.
Si des mesures de sécurités doivent être instruites, elles ne doivent être pensées que comme provisoires. Qui souhaite ici vivre dans une société de la peur permanente qui ressemblerait plus à une prison et qui nous priverait une à une de nos libertés fondamentales ?
Non, si nous voulons vivre dans une France de paix, il faudra donc s’attaquer aux racines du mal, au terreau social, politique et idéologique qui répandent un nihilisme mêlé à un instinct de mort, propice à la manipulation par le premier fou de pouvoir.
Face à cette barbarie, il ne faut pas laisser le silence s’installer. La terreur et la menace ne doivent pas empêcher la joie de vivre ensemble et ne doivent, en aucun cas, limiter nos libertés.
Plus que jamais, il nous faut nous rassembler autour de nos valeurs d’humanité, de justice, de fraternité, de solidarité et de liberté.
Quoi qu’il en soit, face à l’attentat du 14 juillet, comme face à tous les attentats passés, notre réponse la plus éclatante et la plus efficace sera de donner du souffle et de la vigueur aux principes fondamentaux de notre République : Liberté, Égalité, Fraternité.
Car ce sont justement ces valeurs qui sont détestées au plus haut point par nos ennemis. Car elles sont universelles.
Oui, nous disons ici que toutes les femmes et tous les hommes sont libres et doivent être libres partout dans le monde.
Oui, nous voulons que toutes les femmes et tous les hommes soient réellement égaux…
Et oui, nous savons que toutes les femmes et tous les hommes ont la responsabilité d’un monde en partage et nous savons que notre bonheur collectif passera nécessairement par la construction d’un monde de paix et de la coopération.
Et dans les heures les plus sombres de notre histoire, je crois qu’il faut toujours se souvenir de ces vers d’Aragon :
« Qu’importe si la nuit à la fin se déchire
Et si l’aube en surgit, qui la verra blanchir ?
Au plus noir du malheur j’entends le coq chanter
Je porte la victoire au coeur de mon désastre !
Auriez-vous crevé les yeux de tous les astres ?
Je porte le soleil dans mon obscurité ! »
C’est en pensant à nos morts, à leurs familles et à nos valeurs à défendre que je vous propose de respecter une minute de silence…. »
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