Allocution d’Anthony Daguet lors des voeux du PCF samedi 30 janvier

mercredi 3 février 2016

Avant de vous présenter les vœux des communistes pour l’année 2016, permettez-moi de revenir sur la terrible année qui vient de s’écouler.

Terribles les images du flot des réfugiés, du corps abandonné du petit Aylan, enfant kurde de Syrie, sur une plage de Turquie.

Terribles ces vies, broyées au quotidien en France par le chômage de millions de travailleurs et de travailleuses, de jeunes, d’anciens… rejetés.

Terrible cette tablée hypocrite et cynique de rdirigeants européens condamnant le peuple grec à l’austérité malgré ses choix démocratiques et le courage de ses gouvernants.

Terribles enfin, en France, ces élections régionales qui voient progresser le scénario catastrophe dans lequel la gauche risque fort de disparaître, si nous ne trouvons pas la force de redresser la barre.

Terribles puisque par deux fois, notre pays a été victime du terrorisme, de la guerre, du repli sur soi et de la haine. Celle qui accuse, qui tue, qui détruit.

Terrible car dans le monde c’est quasiment toutes les semaines que nous apprenons un drame, que nous comptons des morts et que l’avenir démocratique des peuples se construit sur les corps toujours plus nombreux de nos martyrs.

L’actualité est lourde, pesante. Les discours aussi. « Leurs Guerres, Nos Morts » peut-on lire sur certains murs de Paris. En effet, ce sont les victimes civiles qui, ici et ailleurs, meurent dans les décombres de la guerre que mènent les dirigeants de ce monde.

La responsabilité des guerres est lourde, notamment celle de Libye, qui a embrasé toute la région, qui a fourni des armes (bien souvent françaises) aux terroristes. La France est progressivement rentrée en guerre ailleurs, bien avant les attentats, maintenant elle est en guerre ici sur le territoire.

Mais qui est en guerre ? Drôle de guerre que celle qui n’est pas issue de l’affrontement de deux ou plusieurs États les uns contre les autres. Voici donc le peuple pris en otage d’un discours belliqueux qui produit des affrontements réels.

Non messieurs du Gouvernement ! le peuple de France et les peuples du monde ne veulent pas être en guerre, ils veulent vivre en harmonie ensemble dans un monde de Paix et de Justice.

C’est cette déclaration que nous devrions entendre de la bouche de ceux qui, encore plus dans le pays des droits de l’Homme et du Citoyen, devrait porter haut et fort la parole de cette idée universelle, de cette aspiration unanime.

La mise en place de l’état d’urgence doit donc s’arrêter. Il est temps pour nous, de retrouver pleinement nos droits inaliénables, dans une société pleinement démocratique.

Notre acte de résistance, dressé comme un manifeste politique, doit être de faire vivre plus de démocratie, plus de culture, plus de vivre ensemble.

C’est en développant ce processus « ici et ailleurs » et « ici pour ailleurs » que nous serons le plus efficace dans la lutte contre l’intransigeance, le sectarisme, le repli sur soi, la peur, les haines et la violence.

L’état d’urgence ne doit pas devenir un outil pour étouffer tout mouvement de revendication.

On peut constater à quel point les fervents de la crise produisent un cocktail détonnant : décennies de privatisation, licenciement massifs, casse du droit du travail, abandon de milliers de structures de proximité, guerres, déni démocratique.
Tout cela a été le terreau de l’émergence d’intégriste en tout genre.

Ils sont en réalité de deux genres qui se nourrissent.

Les premiers, les intégristes identitaires : ceux qui viennent nous expliquer une histoire qui n’a jamais existé pour justifier que les gens ne sont pas fait pour vivre ensemble parce que leur religion, leur nation, leur soi-disant race doivent restées intactes, éloignées des autres.

Les seconds, les intégristes du marché : ceux-là, on en parle beaucoup moins. Ceux qui viennent nous expliquer qu’on ne bosse pas assez, qu’on coûte trop cher, que la vie est plus dure quand on est à la tête d’un conseil d’administration.

Alors pour 2016, je formule avec vous ces vœux : plaçons 2016 sous les auspices de la fraternité, de l’égalité et de la liberté.

Travaillons ardemment ensemble pour vivre mieux, vivre ensemble.

Faisons la démonstration que quel que soient nos origines, nos idées, nos croyances, nous voulons un monde de paix où chacun voit dans l’autre un univers à découvrir, où chacun s’enrichit des différences des autres.

Travailler l’en-commun dans ce monde en partage est une responsabilité qui nous incombe encore plus à nous, ici, à Aubervilliers.

Aubervilliers est une ville où se côtoie plus d’une centaine de nationalités différentes, où toutes les croyances coexistent de manière pacifique, où dans chaque quartier, dans chaque initiative on trouve ce peuple de France, celui qui vit ici, mélangé, solidaire…

C’est tout le sens du collectif Auber-Fraternité qui s’est créé au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo : réunir et fédérer tous ceux qui refusent de voir la division l’emporter.

Jeudi 21 janvier s’est passé à Aubervilliers un événement symboliquement très fort contre les obscurantismes de tous bords.

Aubervilliers a élu pour la première fois de son histoire à sa tête une femme. Je connais déjà quelques misogynes notoires qui ont du s’étouffer en apprenant la nouvelle.

Meriem Derkaoui, Maire d’Aubervilliers. Une femme, binationale, franco-algérienne. Meriem est le symbole de la diversité des parcours politiques de notre ville. Elle fait la fierté des habitants d’Aubervilliers.

Fierté d’avoir une femme aussi compétente et combative à la tête d’une commune de 80.000 habitants.

Pascal, je suis autorisé au nom de tous les communistes à te remercier très chaleureusement pour ton engagement, ta droiture, ta fidélité et ta constance.

Tu auras été en 2008, 2011, 2014 et 2015 celui grâce à qui les communistes d’Aubervilliers ont pu progressivement reprendre espoir, construire et développer leur présence politique dans la ville puis mettre en place une politique autre que celle que les puissants chaque jour tentent de nous dicter.

La liste est longue des projets et réalisation qui sous ton impulsion auront ou vont créer du mieux vivre à Aubervilliers.

Nous te remercions vivement et chaleureusement de ton engagement.

Bien sur, il reste du travail et avec Meriem Derkaoui, Madame La Maire, nous avons l’assurance d’avoir une femme compétente, soucieuse de l’action publique, des services publiques, du bien être de la population.

Avec son équipe, elle va poursuivre la réalisation déjà bien entamée, des 30 engagements qui constituent le socle du contrat d’action municipale.

« La où croit le péril, croit aussi ce qui sauve » écrivait le poète Hölderlin. J’aurai tendance, pour ma part à dire ou plutôt à lire : « là où croit le péril, croit aussi celles et ceux qui sauvent. »

Dans une société qui pousse à la division, au repli sur soi à l’individualisme, l’action collective est déjà un acte de résistance.

Bénévoles d’associations, militants politiques, syndicaux, membres de collectifs, parents d’élèves… et j’en passe, vous êtes de ceux là. Vous êtes de ceux qui sauvent.

La section du PCF va lancer une série de débats et de conférences, où vous serez acteurs, avec des invités de haut niveau pour questionner le monde, le repenser et se repenser à l’intérieur.

Au nom des communistes, je souhaite pour 2016 :

- que la paix progresse partout dans le monde

- que l’Europe constitue une terre d’accueil et d’asile

- que cette même Europe accepte les résultats des scrutins électoraux de Grèce, du Portugal ou d’Espagne

- que la France redevienne la patrie des droits de l’Homme, porteuse de nos grandes valeurs universelles

- qu’Aubervilliers rayonne, grandisse, réussisse

Les communistes et leurs amis participeront à faire de ces vœux une réalité. Dans une démarche ouverte, rassembleuse, élargie.

A chacune et à chacun d’entre vous, je vous souhaite de vivre une année de bonheur, de réussite, d’accomplissement de soi. Pour vous, vos proches, vos collègues.

Ce que je sais en tout cas, c’est que vous étiez hier et vous serez demain les contributeurs de notre bonheur collectif.

Je vous remercie.

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