Un attentat contre la République

Par Patrick le Hyaric

mercredi 23 décembre 2015

En s’attaquant au droit du sol et à la nationalité, le pouvoir exécutif vient de basculer dans le déshonneur. C’est tout l’inverse du programme présenté aux français par le candidat François Hollande.

Aux choix sécuritaires extrêmement inquiétants pour les libertés individuelles et collectives symbolisés par l’inscription de l’état d’urgence dans la Constitution s’ajoute donc l’infamie d’une mesure racialiste et identitaire qui balafre le visage de la République laïque et universelle.

En inscrivant dans la Constitution la possibilité de déchoir de leur nationalité les binationaux, le Président et son premier ministre viennent de créer deux catégories de citoyens. Au-delà du caractère ridiculement inefficace de la mesure pour lutter contre le terrorisme, le symbole envoyé effraie.

Qui peut croire qu’un terroriste puisse craindre d’être déchu de la nationalité française ? C’est avoir peu confiance en notre République, sa police et sa justice que d’envoyer dans un pays tiers un terroriste ou présumé tel au lieu de l’incarcérer dans notre pays.

Le gouvernement a donc décidé de placer les idées et propositions de la droite extrême et de l’extrême droite au cœur du débat public et de leur donner corps dans les principes constitutionnels. Ils accélèrent ainsi leur ascension à quelques encablures des élections législatives et présidentielles. Il s’agit soit d’une minable manœuvre politicienne sur le dos des principes républicains pour conserver le pouvoir, soit d’un choix idéologique profond.

La situation est très inquiétante. La République, ses principes, ses valeurs, ne sont aujourd’hui plus défendus. François Hollande adresse une gifle à toutes celles et ceux qui l’ont porté à la tête de l’Etat. Nous pensons à cette France diverse et colorée aujourd’hui pointée du doigt par un gouvernement qui se dit de gauche.

Nous devons et devrons redoubler de solidarité avec les millions de français ainsi stigmatisés en raison de leurs origines. C’est à la résistance morale et politique qu’il va désormais falloir s’atteler pour préserver la République des démons identitaires qui la consume à grand feu.

5 Messages

  • Un attentat contre la République Le 27 décembre 2015 à 08:06, par Abstentionniste de gauche !

    Le titre n’a aucun sens : ce n’est pas un attentat, c’est une erreur politicienne .
    Ce ton condescendant , comme l’utilisation du mot "minable" (sic) donne une image pitoyable du PCF. Le PCF est mal parti pour être une alternative de gauche avec un vocabulaire de cet acabit.
    Certes le PS s’enferme dans une dérive droitière pourtant le peuple de gauche ne regarde pas du coté de la gauche de la gauche : pourquoi ? . Donnez des leçons au PS est facile mais proposez une ligne alternative de gauche à ses dérives droitières est plus difficile . Cette tribune ne contient aucunes propositions concrètes pour lutter à la fois contre la montée du FN et les extrémismes religieux et identitaires. Le PS fait de fausses propositions, le PCF devrait être le moteur d’une alternative politique concrète au lieu de s’enfermer dans une propagande uniquement dénonciatrice ...

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    • Un attentat contre la République Le 27 décembre 2015 à 19:27, par Ne pas se troper de combat

      @ l’abstensionniste dit de gauche... Non, ce n’est pas une erreiur politicienne que de dénoncer la déchéance de nationalité, c’est dénoncer une faute politique qui fait tâche dans une histoire de France qu’on voudrait marquée par le progrès, comme l’a été la France de l’Edit de Nantes, de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, del’abolition des privilèges, ou plus récemment de la carte de séjour de 10 ans de François Mitterrand...
      Non, on attendait autre chose d’un président dit socialiste dont l’acte nous plonge dans le syndrome de Vichy qu’on espérait écarté, et s’inscrit dans une logique de régression qui nous rappelle Pasqua ou Sarkozy avec sa fameuse circulaire qui avait tant fait de mal à Aubervilliers...
      Alors merci à vous, abstensionniste de gauche de mettre en débat un texte que vous jugerez moins politicien et/ou moins grandiloquen ; vous trouverez sans doute des soutien sur ce blog, y compris de Patrick Le Hyaric sans doute.
      Bien à vous,

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    • Un attentat contre la République Le 1er janvier 2016 à 17:43

      L’inscription dans la Constitution de la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France condamnés pour terrorisme revient à prendre une mesure qui contrevient non seulement aux valeurs de la gauche mais à celles portées par la Constitution française : l’égalité des citoyens. Peu importent les valeurs, ose Manuel Valls, peu importe aussi l’efficacité très relative de cette mesure, reconnaît même le Premier ministre, pourvu qu’on affiche un symbole.
      Mais un symbole qui sert quoi ? Uniquement le jeu de poker politicien auquel se livre François Hollande et dont le principal ennemi ne semble être ni Daesh ni le racisme à l’œuvre sur son territoire, mais la droite de Sarkozy qui lui barrerait la route de l’Elysée, quitte en passant, à adopter les recettes xénophobes du Front National et à tuer son propre parti.
      Il y a de quoi dégoûter encore davantage le citoyen français pris à nouveau pour un niais et réduit à de la chair à pâté électorale, le précipiter encore davantage dans les bras du FN et faire de la France un territoire de plus perdu pour la démocratie en Europe.

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  • Un attentat contre la République Le 1er janvier 2016 à 17:33

    Après le Bataclan, la France allait être soudée, dépasser les clivages partisans et pratiquer l’Union nationale. Cette volonté était farouchement incarnée par François Hollande, un Président qui prenait soudain stature d’homme d’État.
    Un mois plus tard, cette France-là n’a jamais paru aussi divisée et écartelée, la population comme le monde politique. La population ? Ce sont des Corses qui hurlent non seulement « les Arabes dehors » mais aussi « à mort », face caméra, à visage découvert, en groupe et fort de leur bon droit. Les politiques ? Non seulement ils ne rassemblent pas, mais ils se divisent profondément, au sein du même parti avec un PS au bord du schisme.
    Les attentats du Bataclan n’auront ainsi pas seulement provoqué la consécration aux élections régionales de l’extrême droite et du Front National de Marine Le Pen, ils sont en train de faire perdre à nombre de politiques hexagonaux, leur âme, leurs valeurs et le sens commun. Car si aujourd’hui la gauche se déchire et si le paysage politique français est en passe d’être explosé, c’est suite à l’aveuglement égocentrique d’un président, François Hollande, qui a visiblement davantage dans sa ligne de mire sa réélection, que la gestion du désarroi et du destin des citoyens dont il a la charge.

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  • une députée cohérente Le 6 janvier 2016 à 10:42, par sorbes le gras

    si c’est la droite qui le fait, c ;’est mal. Si c’est le ps, c’est bien... Garde à vous ! Fixe !

    Elisabeth Guigou en 2010 :
    "La déchéance de nationalité est indigne et misérable".

    La même, le 5 Janvier 2016 :
    "La déchéance de nationalité ne me choque pas. Elle existe dans notre droit depuis plus de 150 ans. Et pour de bon motifs"

    Pour mémoire, en 1940, Pétain a déchu De Gaulle de la nationalité française...

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