Un article de Lucien Marest paru dans l’Humanité le 4 février 2015

Un appel pour la culture qui dérange

lundi 9 février 2015

L’appel d’Aubervilliers "de l’argent pour la vie pas pour la finance" a rassemblé tous les acteurs culturels de la ville, de Zingaro au Théâtre de la Commune, en passant le conservatoire, les Laboratoires d’Aubervilliers, les festivals des villes et des musiques du monde, Aubercail, le cinéma, le studio et de nombreuses associations culturelles.

Le 22 janvier plus de 150 personnes ont manifesté sur la place de la mairie leur volonté de voir maintenus les budgets culturels des collectivités territoriales et de l’Etat. Or le gouvernement Valls, Hollande a voté des réductions budgétaires qui frappent toutes les villes y compris celles dont les populations comptent parmi les plus pauvres de France, ce qui est le cas d’Aubervilliers.

Cette rançon payée à l’austérité risque de coûter très cher à toutes les structures culturelles du pays : théâtre, centres dramatiques, centre d’action culturelle, conservatoires sont financés en moyenne entre 60 % et 70 % par les villes, les départements, les régions (quasiment 90 % pour les conservatoires et écoles de musique).

Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre ce qui risque de se passer. Un nombre non négligeable de villes de droite et elles sont nombreuses depuis 2014 et hélas quelques autres ont commencé par faire des économies sur le dos des budgets de la culture rompant ainsi un partenariat financier avec l’Etat qui peut conduire à un démaillage de tout le tissu culturel et artistique national patiemment construit après plus de 50 ans de luttes. On cherche quelquefois à comprendre ce que veut dire "l’exception culturelle française". Pour une part elle réside dans l’existence de ces lieux de culture, d’art, de pensée qui irriguent tout le territoire national et il n’est pas impossible qu’un désengagement des financements locaux entraîne à son tour un retrait de ceux de l’Etat.

C’est sans doute ce qui justifie l’initiative du ministère de la culture et de l’article de Stéphane Troussel dans l’Humanité des débats du 28 janvier 2015. Le ministère de la culture propose ainsi des conventions par lesquelles il s’engagerait à maintenir ses subventions pendant 3 ans à condition d’un engagement similaire des villes. Le premier contrat signé par Fleur Pellerin avec Clermont-Ferrand illustre cette démarche. Ce qui devrait logiquement la conduire à remettre en cause la politique d’austérité de son gouvernement qui va frapper les villes et qui peut détruire jusqu’à la raison d’être de son ministère,

Pour le conseil général du 93 Stéphane Troussel montre qu’il est conscient du péril qui menace l’héritage considérable de la politique culturelle communiste du conseil général qu’il a désormais en charge, depuis que la majorité a basculé en faveur du P.S. Il me permettra de le féliciter pour sa prise de position dans l’Humanité, à la veille des élections départementales puisqu’il s’engage à maintenir les efforts budgétaires du conseil général 93 pour la culture. Je lui rappelle cependant que l’an dernier il a amputé la subvention de Didier Bezace et du théâtre de la commune de 20.000 €, alors que ce centre dramatique national est celui qui a la plus faible participation des collectivités territoriales à son budget. Il serait bien qu’il la rétablisse comme l’Etat lui-même l’a fait pour le conservatoire d’Aubervilliers après la mobilisation des professeurs, des élèves, des parents, des élus qui furent finalement entendus par Aurélie Filippetti. Enfin, les seuls qui trouvent à redire à la belle mobilisation des acteurs culturels à Aubervilliers, sont les socialistes locaux soutenus par le Parisien qui va jusqu’à inventer des réductions du "budget culture dans la ville de Ralite" alors que le budget n’est évidemment pas encore voté et que cette ville peut sans rougir comparer l’importance de ses équipements culturels avec n’importe quelle autre ville de même importance.

Il reste que le péril est bien là si toutes les forces progressistes ne se remobilisent pas pour défendre les budgets de la culture contre la religion de l’austérité .

Comme le dit l’appel d’Aubervilliers "cette politique de régression des moyens pour toute la vie sociale est absurde et dangereuse pour la République. Avant qu’il ne soit trop tard, il faut en changer !.

Au fait ! Vous pouvez, vous aussi le signer ou vous en servir, cher lecteur, cher camarade :
appelaubervilliers@gmail.com

Lucien Marest

1 Message

  • Un appel pour la culture qui dérange Le 9 février 2015 à 18:10, par Picsous

    Les milliards coulent à flot, alors qu’il parait qu’il n’y aurait plus d’argent ??? Or il s’avère que les sommes versées par les conseils d’administration des entreprises du CAC 40 à leurs actionnaires, sous forme de dividendes et de rachats d’actions, ont grimpé de 30% l’an dernier à 56 milliards d’euros. Cela fait la "Une" des quotidiens, des radios et des télévisions ce matin ! Alors monsieur l’ennemi de la finance, on fait quoi maintenant , le changement ou la continuité ?

    Répondre à ce message

Répondre à cet article