Quelques enseignements de l’élection européenne du 25 mai 2014

dimanche 1er juin 2014

L’élection européenne du 25 mai 2014 a été marquée au niveau national par une très forte abstention, une très importante poussée du vote Front national, un recul du Parti socialiste, un grand affaiblissement du vote Vert et un recul de l’influence des partis de la droite classique (-5 points). Pour ce qui le concerne, le Front de gauche n’a pas réussi à progresser et ce fait appelle un grand débat ainsi qu’y invite Pierre Laurent.

Dans le contexte d’une campagne très courte au cours de laquelle aucun débat ne s’est ouvert et où les manipulations politiciennes des opinions ont été méthodiquement organisées, la montée de l’abstention, sur fond du désarroi né à gauche en raison des reniements du parti socialiste, a été planifiée par le pouvoir.

Manifestement une crise politique d’ampleur s’est ouverte qui exige rapidement de tous ceux qui soutiennent une visée de transformation sociale, une grande mobilisation, la définition d’un cadre politique permettant de propulser le Front de gauche dans la période qui vient et la construction de perspectives crédibles.

Sous ces quelques considérations générales, que nous apprennent les résultats d’Aubervilliers ?

Aubervilliers ne s’est pas écartée des données générales que nous venons d’évoquer. Hormis le Front de gauche, et plus particulièrement le parti communiste, aucune force n’a mené campagne sur la ville. Collages d’affiches, tractages, discussions de rues, débats, ont été rares. Le FN ne s’est pas exprimé et le PS n’a quasiment rien fait.

Du côté du Front de gauche, l’effort militant considérable réalisé lors de l’élection municipale n’a pu être maintenu au niveau alors atteint mais de nombreux militants ont continué le travail politique. Les résultats obtenus doivent à leur action une part importante.

1 - Les résultats des principales listes

2009 2014 Variation en voix et %
Inscrits 25 949 27 244 + 1295
Votants 7 102 (27.3%) 6 818 (25.02%) - 284 voix (- 2.28 points)
Blancs/nuls 224 (3.15%) 138 (2.02%) - 86 voix (- 1.13 point)
Exprimés 6 898 (26.58%) 6 574 (24.13%) - 324 voix (- 2.45 points)
Front de gauche 1 204 (17.51%) 1 477 (22.5%) + 273 voix (+ 4.99 points)
Parti socialiste/PRG 1072 (15.69%) 887 (13.5%) - 185 voix (- 2,09 points)
EELV 1 034 (15.03%) 616 (9.4%) - 418 voix (- 5.18 points)
Extrême gauche (LO, NPA) 437 (6.33%) 264 (4.01%) - 173 (-2.32 points)
UMP 1 144 (16.63%) 683 (10,4%) - 461 (- 5.93% points)
Centristes (Modem/UDI) 431 (6.27%) 350 (5,3%) - 81 voix (- 0.97 points)
Front national 569 (8.27%) 1 365 (20.76%) +796 (+ 12.49 points)

2 – L’abstention

Au niveau national l’abstention a été du même niveau qu’en 2009 (avoisinant les 60%). A Aubervilliers elle est encore plus forte puisqu’elle s’établit à 75% (3 points de plus qu’en 2009). On observe cependant des inégalités sur le territoire de la commune, puisque la participation n’atteint que 18.4 % au bureau de vote n° 8 (Paul Langevin) contre 31% au bureau de vote n°9 (Edouard Finck).

Le niveau de l’abstention a des conséquences sur les résultats : plus l’abstention est élevée plus le vote FN est important.

Ce fait signale que le niveau d’abstention provient pour une grande part de la non mobilisation de l’électorat de gauche, en particulier de l’électorat socialiste.

3 – Le vote FN

À Aubervilliers comme au niveau national, la progression du vote FN caractérise le scrutin, mais cette poussée n’est pas homogène sur la ville (10,3% dans le 9e bureau et 38,3% dans le 8e) et procède de facteurs nationaux puisque le FN n’existe pas à Aubervilliers et n’a mené aucune campagne.

Le score atteint par le FN en 2014 n’est pas nouveau à Aubervilliers. On trouve en effet des niveaux équivalents ou supérieurs lors des cantonales de 1992, des régionales de 1998 et 2004, des législatives de 1993, de la présidentielle de 1995, de la municipales de 1995, de la présidentielle et des législatives de 1997 et 2002.
S’il doit être pris très au sérieux, le résultat obtenu par le FN ne signifie pas l’installation d’une situation durable. Il exprime la mobilisation d’un électorat désespéré dans le contexte d’une très forte abstention et d’un recul près de 7 points de la droite « classique ».

4 – Le vote socialiste

Le vote en faveur du Parti socialiste et du PRG suit à Aubervilliers la pente nationale avec un recul de plus de deux points. Il ne se place en première position que dans le bureau de vote n°11 (Gymnase Manouchian) mais n’y devance le vote FN que d’une voix et le vote Front de gauche que de quatre voix.

5 – Le vote Vert

Le vote Vert connaît la même évolution d’influence qu’au niveau national. Le recul s’établit à 40% de l’influence de 2009.

6 – Le vote en faveur de la droite classique (UMP, UDI)

Comme pour le vote socialiste et le vote Vert, les votes en faveur des formations de la droite classique suivent à peu près le profil national : l’UMP connaît un recul important et l’UDI suit la même pente avec cependant moins d’intensité.

Au total, la droite classique recule de 542 voix (- 6,9 points). Ce résultat doit être rapproché de celui du FN qui progresse de 796 voix (+ 12.49 points). Le recul du vote en faveur de la droite classique nourrit les deux tiers du progrès du Front national.

7 – Les votes d’extrême gauche

Les formations d’extrême gauche perdent le tiers de leur influence par rapport à 2009. Ce recul est principalement imputable à l’effondrement du vote en faveur du NPA.

8 – Le vote Front de gauche

Le résultat obtenu par le Front de gauche est remarquable.

Dans le contexte d’une abstention augmentée, il progresse en voix (+ 273) et en % (+ 4,99 points). Cette poussée le propulse en tête dans 11 des 23 bureaux et le vote atteint 41.6% à Edouard Finck (9e bureau). Notons que les écarts Front de gauche/Front national sont très faibles (2 à 9 voix) dans dix-sept des vingt-trois bureaux de vote et plus importants dans six bureaux (de 13 à 121 voix). Le résultat du 9e bureau (Edouard Finck) doit être souligné : c’est celui où la participation est la plus élevée et où le vote Front de gauche est le plus haut. Le résultat du 9e bureau éteint la quasi égalité des résultats observée par ailleurs et installe le Front de gauche à la première place.

La dynamique en faveur du Front de gauche dégagée notamment lors du deuxième tour de l’élection municipale est donc confirmée. L’écart d’influence avec le Parti socialiste et ses alliés qui s’établissait à 1.92 points (132 voix) en 2009 est porté à 9 points (590 voix) en 2014.

Le résultat obtenu lors de l’élection européenne confirme donc, en l’accentuant, la dynamique de reprise d’influence que les succès électoraux de 2011 à l’élection cantonale et de 2014 à l’élection municipale avaient annoncée.

Les militants du front de gauche d’Aubervilliers qui se félicitent aussi de la réélection de leur camarade Patrick Le Hyaric au Parlement européen, trouveront dans ces résultats des raisons supplémentaires pour renforcer leur union et le dynamisme politique dont ils sont porteurs.

André Narritsens

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