
Samedi 6 avril, manifestation des parents devant la mairie d’Aubervilliers
1000 enfants devront changer d’école à la rentrée 2013 : inacceptable !
mercredi 10 avril 2013
Le maire Jacques Salvator se serait bien passé de ce nouveau revers après l’accueil que lui avaient réservé parents, enseignants et animateurs sur l’application dès 2013 de la réforme des rythmes scolaires.
Cette fois, c’est devant la députée Elisabeth Guigou, le président du Conseil Général Stéphane Troussel, venus assister en grande pompe à l’ouverture du festival Banlieues Bleues que des parents très remontés sont venus manifester leur ras-le-bol par rapport à une mesure de carte scolaire qui déplace plus d’un enfant sur dix. "Après Gérard Philipe, Victor Hugo, et à la rentrée prochaine Jules Guesde, c’est la troisième fois que mes enfants changent d’école" assure un papa brandissant l’un des nombreux panneaux confectionnés pour l’occasion. "Si j’étais le seul, je pourrais comprendre, mais là c’est plus d’un enfant sur dix à Aubervilliers qui doit subir ça" poursuit-il. "Inacceptable" juge un autre parent en colère face à "l’incurie municipale qui s’étale au grand jour".
"Si vous êtes capable de faire mieux, présentez vous aux élections"
Déjà la veille, le maire à court d’argument dans un dossier qui le dépasse, avait invité les parents à se présenter aux élections municipales s’ils étaient "capables de faire mieux". "Chiche" affirme une maman, "le 18 avril prochain, nous serons quelques uns à interpeller Monsieur Beaudet à l’espace Fraternité" (la première réunion publique pour les municipales 2014 NDLR).
Alors comment on est-on arrivé là ? La situation n’est pas nouvelle depuis le boom démographique de l’année 2000 qui s’est confirmé les années suivantes. Mais l’augmentation accélérée de la population a été plus vite que les constructions d’écoles et oblige les services municipaux à refaire la carte scolaire presque chaque année pour faire entrer tous les enfants dans des établissements pleins comme des œufs.
Ne tirons pas sur l’ambulance
Situation difficile pour le service de l’enseignement à Aubervilliers qui fonctionne à effectif constant depuis de nombreuses années alors qu’il doit gérer un nombre d’élèves en très forte augmentation et un nombre de demi-pensionnaires en augmentation encore plus forte. Incontestablement, il aurait besoin de soutien, et sans doute même par un cabinet spécialisé en gestion de carte scolaire. Mais n’imaginons pas de miracle là où il n’existe aucune marge de manoeuvre. Les classes sont quasiment toutes proches de l’effectif maximum.
La réalité est qu’on assiste dans cette ville à une absence totale de réflexion et de mise en cohérence des politiques d’urbanisme avec les politiques d’équipement, scolaires notamment. "On le paie comptant aujourd’hui et ce n’est pas fini" affirme un fonctionnaire territorial qui dénonce la frénésie de programmes immobiliers dans la ville.
"Le problème, c’est qu’on construit trop"
- En juillet 2012, il y avait trois bugalows de vente le long du square Stalingrad. Aujourd’hui, il y en a six.
Nombre d’acheteurs de nouveaux logements en copropriété sont en fait des investisseurs qui bénéficient de niches fiscales (loi Sellier et aujourd’hui loi Duflot [1]) à condition de louer pendant neuf ans. Ne trouvant pas de locataires en capacité de payer un loyer de 1100 ou 1200 euros pas mois pour un T3, ils louent à plusieurs familles. Les répercussions sur les écoles de secteur ne se font pas attendre. Ainsi l’école du Landy est pleine à craquer et la ville doit organiser une navette pour ramener des enfants vers le groupe scolaire Quinet Matthiez, comme avant...
En réalité, "les constructions actuelles ne répondent en rien à la demande de logement albertivillarienne et sont même largement à l’origine de la difficulté actuelle" nous précise une maman qui en participant au recensement l’an passé avait commencé à mesurer l’importance de ce phénomène de sur-occupation...
Oui, il y a urgence à maîtriser les permis de construire pour sortir de cet engrenage.
Arnandi Bulle
Notes
[1] La loi Duflot est une version écolo-boboïsée de la loi Sellier à laquelle elle succède et qui permet à un accédant à la propriété d’un appartement répondant aux normes environnementales de bénéficier d’une réduction d’impôts conséquente.
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