Interview d’Anthony Daguet, secrétaire de section
« Le changement sera le fruit d’une démarche collective. »
lundi 4 février 2013
La section d’Aubervilliers du PCF a le plaisir d’accueillir un nouveau secrétaire de section : Anthony Daguet. Quel est son parcours ? Quelle est sa lecture du contexte local et national ? Quelles sont ses ambitions pour la section ? Voilà quelques unes des questions auxquelles il répond au cours de cette interview.
Tu es devenu secrétaire de section du PCF, le 12 janvier. Qu’est-ce qui te motive dans cette prise de responsabilité ?
Anthony Daguet. Les politiques d’austérité, menées par l’Union européenne et relayées par le gouvernement font que les conditions de vie de nombreuses personnes, à Aubervilliers comme ailleurs, s’aggravent. Le fatalisme s’empare de plus en plus des esprits. L’idée que plus rien n’est possible avance. Notre équipe d’animation a pour objectif de mettre en mouvement le Parti communiste français localement. Et celui-ci doit montrer que d’autres politiques sont possibles. L’enjeu pour nous est de renverser le rapport de forces dans notre ville, afin de mettre en avant les questions de logement, de défense de service public.
Tu n’es pas nouveau à Aubervilliers. Quel a été ton parcours militant sur la ville ?
Anthony Daguet. J’ai commencé par militer avec les jeunes communistes. Nous avons mené la bataille pour la libération de Marwan Barghouti. Ensuite, c’est surtout à l’université, à Paris VIII où étudient bon nombre d’Albertivillariens, que j’ai été actif. J’ai pris des responsabilités nationales au sein de l’Union des étudiants communistes (UEC), puis du Mouvement jeunes communistes de France (MJCF). Par la suite, j’ai été collaborateur de l’ancien maire, Pascal Beaudet. Cela m’a permis de rencontrer de nombreux habitants, de militants associatifs. Toujours, dans mon militantisme, j’ai eu à cœur l’idée de faire d’Auber une ville solidaire, où il fait bon vivre. Il faut améliorer les choses, mais je suis convaincu que ce sera le fruit d’une démarche collective.
De quoi la ville a-t-elle besoin aujourd’hui ?
Anthony Daguet. Aubervilliers a changé d’étiquette politique, même si les communistes étaient en tête au premier tour des élections municipales. En 2008, les socialistes l’ont emporté en ne respectant pas la règle du désistement républicain qui veut que toutes les forces de gauche s’allient avec la force de gauche arrivée en tête. Cela a engendré un climat très tendu.
Pour les prochaines échéances, nous avons besoin d’un débat plus serein afin que la prochaine équipe œuvre avec tous pour le plus grand nombre. Cela appelle une démocratie locale plus forte. Cela manque dans ce dernier mandat. Des moyens plus importants doivent être mobilisés afin d’impliquer davantage de citoyens dans les politiques municipales. Le besoin est urgent d’une équipe municipale plus engagée dans la protection des habitants, qui sont victimes des politiques d’austérité menées d’abord par la droite et poursuivies encore aujourd’hui.
C’est possible. Quand le prolongement de la ligne 12 a été retiré du projet du Stif (Syndicat des transports d’île de France), l’ancien maire, Pascal Beaudet s’est mobilisé, avec les habitants. Tous sont partis en car dire ce qu’ils avaient à dire, devant le Conseil d’administration du Stif. Cette action a permis de remettre ce projet à l’ordre du jour. Et aujourd’hui, grâce à cette magnifique mobilisation, la ligne 12 marque un arrêt à Aubervilliers. De même, avec Pascal Beaudet, les habitants avaient pu se mobiliser pour la défense concrète des services publics, tels La Poste. Comme je le disais à l’instant, le changement sera le fruit d’une démarche collective. C’est celle-ci que nous avons à cœur de porter.
Dans la période, quel va être le rôle des communistes ?
Anthony Daguet. Le PCF est sûrement la force politique la plus importante sur la ville. Nos militants sont engagés dans la vie associative, culturelle et sportive. De ce fait, nous sommes très vite au courant des problèmes. Bien que nous ne soyons pas dans la direction de la municipalité, les communistes sont un vrai outil d’alerte pour influer sur les politiques municipale et départementale. C’est ainsi que notre lutte contre la mise en place de surloyers a payé. Nous avons gagné grâce à l’appui des élus de Plaine-Commune. De même, nous avons lutté contre la mise en place d’une déchetterie près de la Villette. Nous nous battons avec les habitants contre le projet de destruction du marché dans le quartier de Montfort : le maire, Jacques Salvator, semble d’ailleurs reculé sur cette question.
Nous avons une influence qui nous permet de changer les choses, de faire qu’elles aillent dans le bon sens. Cette influence est d’ailleurs renforcée avec la construction du Front de Gauche depuis les dernières élections européennes qui nous permet d’élargir le nombre de ceux qui veulent co-élaborer pour changer la donne. L’autre rôle du PCF est d’alerter sur les dangers que représentent certaines politiques nationales et européennes. Cela passe par un débat politique avec les citoyens. Cela a été notre démarche en 2005. C’est grâce à celle-ci que le « non » au traité constitutionnel européen l’a emporté dans la ville, et en France. Ce « droit d’alerte », nous l’exerçons également sur la défense des services publics, notamment de La Poste, des écoles ou du Centre municipal de santé. Nous regardons également au-delà des frontières de notre ville, de notre pays. Le 12 février, nous organisons un débat sur la situation au Mali. Voilà notre rôle : permettre à tous d’avoir des outils de compréhension. Pour agir.
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