Louis Aragon célébré avec amour à sa juste hauteur
jeudi 19 juillet 2012
Dans l’Huma du 17 juillet 2012, Jean-Paul Léonardini qui a interprété un magnifique Louis Jouvet au théàtre de la Commune lors de la saison 2009-2010 (http://pcfaubervilliers.fr/spip.php?article401) relate l’hommage rendu à l’occasion du trentième anniversaire de la mort d’Aragon au cours duquel Jack Ralite s’est fendu d’un très beau témoignage.
Il y avait foule dimanche à la Maison Jean-Vilar, pour écouter et voir Jack Ralite, Olivier Barbarant et Dominique Blanc évoquer la vie et l’œuvre du poète par excellence.
Envoyé spécial. C’était dimanche matin, dans la cour pavée de la Maison Jean-Vilar (en présence de Pierre Laurent, secrétaire national, Alain Hayot, délégué national à la Culture, et Bernard Vasseur, qui dirige le moulin de Saint-Arnoult où reposent au grand jamais Elsa Triolet et Louis Aragon), la conférence organisée par le Parti communiste français pour célébrer l’œuvre et la mémoire du grand poète, à l’occasion du trentième anniversaire de sa disparition. Après quelques mots de bienvenue de Jacques Téphany au nom de la Maison Jean-Vilar, Marie-José Sirach, chef du service culture de l’Humanité, annonce ainsi la couleur : « Il faut lire et relire Aragon pour mesurer les aspects de sa grandeur, pour éprouver jusque dans la chair la fulgurance de son écriture. » Jack Ralite prend ensuite la parole pour égrener un magnifique chapelet de souvenirs autour d’Elsa et d’Aragon, depuis la première exposition Maïakovski de 1966, jusqu’à la fameuse Légion d’honneur décernée par François Mitterrand au poète, qui l’oublia le soir même chez Monsieur Bœuf, sa table familière et que Ralite, involontaire héritier, se fait un plaisir, en une tardive cérémonie impromptue, de remettre sous nos yeux à Bernard Vasseur… Son texte, très écrit, dans lequel l’affection et le respect de toujours le disputent à la plus grande lucidité historique (beau développement sur le Comité central d’Argenteuil où, sous l’impulsion d’Aragon et Roland Leroy, furent prises des décisions capitales quant à la liberté de création), Jack Ralite le prononce dans la plus sensible implication de tout l’être, ce qui en renforce encore la vertu émotive, d’autant plus lorsqu’il rappelle les liens unissant Aragon à son cher ami Antoine Vitez… Maintenant, c’est au poète Olivier Barbarant (entre autres recueils : Douze Lettres d’amour au soldat inconnu et Odes dérisoires et quelques autres un peu moins), parfait connaisseur du colossal travail d’écriture d’Aragon – n’en a-t-il pas supervisé, dans « la Pléiade », l’édition des œuvres poétiques complètes ? –, de dresser du poète un portrait exhaustif sous tous les angles possibles, en un impeccable exercice d’admiration de longue haleine. Il appartient après à Dominique Blanc, comédienne émérite, de faire tendrement résonner des vers d’Aragon, depuis la Rose et le Réséda, jusqu’à l’Affiche rouge, via « Je vous salue ma France aux yeux de tourterelle », « Je suis l’hérésiarque de toutes les églises » ou encore « Je réclame, dans ce monde-là, la place de la poésie », jusqu’au vœu testamentaire d’Épilogue (« Je me tiens sur le seuil de la vie et de la mort (…) Hommes de demain, soufflez sur les charbons. »). De l’avis de tous, venus en foule, ce furent du début à la fin de la rencontre des moments proprement magiques d’émotion noble mise en grand partage.
J.-P. L.
Festival d’Avignon 2012
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