Quel(s) outil(s) pour une transformation sociale radicale ?

samedi 30 juillet 2011

Profitons de l’accalmie politique estivale pour prendre un peu de recul et réfléchir sur l’avenir de notre parti. Partant des interrogations légitimes que suscitent la démarche "Front de Gauche" dans laquelle le PCF s’est engagé depuis deux ans, André Narritsens initie une série d’articles consacrés à la forme parti, à ses transformations et à son avenir. Bonne lecture !

A plusieurs reprises le « mégaphone » du site a accueilli des opinions considérant que la forme parti avait fait son temps, qu’il fallait même s’en débarrasser parce qu’elle était devenue un obstacle aux avancées radicales.
Le propos était catégorique mais ne proposait pas d’alternative, si ce n’est de manière implicite : une suggestion mouvementiste dont l’actuelle irruption des « indignés » constitue peut-être une manifestation. On peut aussi penser aux thèses de Toni Negri sur les « multitudes » qui chemineraient sous la carapace d’un capitalisme au fond aux abois et surgiraient porteuses de radicalités indestructibles sans que l’on s’y attende.

Voici donc remis à l’ordre du jour le beau cri de Marx saluant les prouesses souterraines de la Révolution d’un tonitruant : « Bien creusé vieille taupe ». Autrement dit la satisfaction de constater que les conditions sociales et politiques d’une irruption révolutionnaire cheminent sous l’ordre social dominant et produisent l’ébranlement.

On sait, à rebours d’un spontanéisme (dont l’anarchisme fut friand et que Marx combatit) qu’il a existé au sein du mouvement ouvrier, une tendance économiciste qui considérait l’écroulement du capitalisme inévitable et mécaniquement acquis en raison de l’aggravation constante des contradictions entre forces productives te rapports de production.

C’est dans ce contexte des représentations des conditions de la révolution sociale que s’est posée la question du parti de classe que Marx et Engels considéraient fondamentale. C’est-à-dire la construction d’un regroupement conscient et organisé, organiquement liée à la classe ouvrière, d’un outil de lutte et de transformation sociale. Le parti ainsi conçu permettait de réaliser le passage de la classe en soi (n’existant qu’objectivement) à la classe pour soi (consciente d’elle-même et conduisant la lutte de classe).

On voit donc combien a été essentielle la question du parti et l’on doit répondre à la pertinence de l’outil politique qu’il représente à partir de l’analyse que l’on fait du présent : si les sociétés sous dominations capitalistes fonctionnent aux divisions de classes, si l’exploitation de la classe ouvrière (au sens des producteurs) fonde la production de richesses et établit le profit capitaliste, le problème posé au XIXe siècle est intact dans ses fondements. La question du parti propulse en effet les exploités dans le champ politique (ce que ne fait pas le syndicalisme) et les situe en position de combat sur un grand nombre de fronts sociaux et politiques ce qui n’est pas sans soulever des questions compliquées.

C’est à l’approche de quelques unes de ces questions que je souhaite consacrer une série de courts textes dont l’agrégat permettra je l’espère d’y voir un peu plus clair.

Les questions suivantes seront abordées :
- naissance des partis modernes ;

- partis bourgeois et partis ouvriers ;

- partis réformiste/partis révolutionnaires ;

- quel parti révolutionnaire ?

- les raisons historiques de la construction du Front de gauche ;

- que faire pour remettre la révolution à l’ordre du jour ?

À suivre...

A.N.

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