Cités Emile Dubois/Maladrerie
Que penser de la réunion sur la sécurité du 17 septembre ?
lundi 21 septembre 2009
Une réunion sur les questions de sécurité concernant les cités Emile Dubois/Maladrerie, s’est déroulée le jeudi 17 septembre 2009 à l’école Joliot-Curie. Convoquée à 19h, elle a débutée avec une demie heure de retard, ce qui est désormais une tradition.
Environ soixante-dix personnes étaient présentes dont une quinzaine de jeunes de la Mala venus demander un local pour leurs activités. Il y avait donc une cinquantaine de personnes venues pour discuter sur l’ordre du jour.
Autour du Maire étaient présents le commissaire d’Aubervilliers, le responsable de la police municipale, la responsable des questions de prévention sécurité et de l’aide aux victimes, le remplaçant de Renan Viard, la déléguée du Préfet (Mme Simonpiétri) arrivée le jour même et qui doit opérer dans le quartier au titre du plan « espoir banlieue », Evelyne Yonnet, Véronique Hammache. Christine Ratzel-Togo était absente.
V. Hammache a indiqué que le Maire avait rencontré des gens pour entendre leurs problèmes et qu’il allait faire un bilan. Elle a indiqué que la réunion commençait par les questions que les habitants souhaitaient poser.
Vingt-cinq interventions ont suivi, égrenant les problèmes rencontrés. Ceux-ci concernent de multiples domaines (circulation de motos et de scooters dans des espaces piétonniers, rassemblements de groupes dans des halls, dysfonctionnements de stationnement, développement de la mécanique sauvage sur l’avenue Jean-Jaurès notamment, pratiques de rodéos devant l’école Joliot-Curie…). Plus généralement le sentiment d’une situation détériorée a été évoqué à plusieurs reprises. Les agressions physiques visant en particulier à arracher les sacs à main ont été très nombreuses dans la dernière période. Ces agressions sont le fait de jeunes adolescents au comportement très violent, opérant à pied ou en scooters. L’invisibilité de la Police municipale a été soulignée ainsi que les insuffisances de la police nationale (plusieurs situations concrètes ont été évoquées à ce propos). Deux intervenants ont noté la responsabilité des parents à l’égard de leurs enfants. Un habitant a demandé qu’un bilan de la situation soit établi. Intervenant sur mandat du collectif d’habitants des cités E. Dubois/Maladrerie, André Narritsens a fait la déclaration suivante.
« J’interviens sur mandat du collectif d’habitants de cités E. Dubois/Maladrerie.
L’an dernier, à la même époque j’avais demandé à ce que soient évalués les différents outils existants en matière d’intervention sur les questions de sécurité. Mon interpellation s’adressait également au commissariat.
Je vous demande de nous dire si cela a été fait et, si oui, quelles conséquences ont été tirées.
Monsieur le Maire, vous avez pris en charge la responsabilité politique des questions de sécurité en prolongement de celles assurées par votre ami Bernard Vincent au temps où Pascal Beaudet était maire. Vous vous devez de rendre des comptes, le temps des promesses et des déclarations d’intention étant derrière vous. Quel bilan tirez-vous de votre action et que comptez vous faire pour sortir de la situation dégradée dont les habitants se font l’écho ?
Je ne veux pas allonger mon intervention mais je dois tout de même attirer votre attention sur le fait que du point de vue de la démocratie la situation s’est considérablement dégradée dans le quartier. Aucune information n’est donnée sur les dossiers lourds tels les squats, le projet de rénovation urbaine, la discussion du plan d’aide à l’OPHLM en vue d’obtenir des financements pour la réhabilitation de la Maladrerie.
Le Conseil de quartier n’a pas été réuni depuis janvier dernier. Un président a été « élu » dans des conditions rocambolesques et une équipe d’animation a été semble t-il installée sans que le Conseil de quartier en connaisse rien. Rien ne va dans ce domaine aussi et nous vous demandons de vous expliquer ».
Suite à cette première phase de la réunion, le Maire demande au responsable de la police municipale et au commissaire de répondre.
Le responsable de la PM a indiqué que l’action sur les problèmes de stationnement avait conduit à dresser 337 contraventions depuis janvier et que 19 procédures en matière de mécanique sauvage avaient été ouvertes (on ne sait si ces chiffres concernent le quartier ou la ville). Il a indiqué que les effectifs de la PM s’élevaient à 15 opérant en deux équipes du lundi au samedi de 8h à 20h. Il a déclaré qu’il suffisait de prévenir la PM pour qu’elle intervienne. Ces propos ont plongé la salle dans la perplexité.
Le commissaire (M. Boisard), en poste depuis début avril, visiblement irrité par les critiques faites à la PN a indiqué que les effectifs de police s’élevaient à 160, que les services disposaient de 6 voitures en journée et de 3 à 4 la nuit, que les effectifs du commissariat recevaient des renforts de services départementaux et prochainement de Paris. Il a informé que 3 agents s’occupaient en journée plus particulièrement du secteur du Fort (actions de prévention et de répression) et que le commissariat avait procédé l’an dernier à 2 200 gardes à vues. Il reconnaît une amplification des situations d’agression (arrachages de sacs) et se montre dubitatif sur les suites judiciaires données lorsqu’il y a interpellation. Il indique avoir placé en garde à vue deux parents d’enfants récidivistes bien que cette mesure frôle l’illégalité. En matière de lutte contre la mécanique sauvage il souligne une bonne coopération avec la PM et note qu’un scooter volé est saisi chaque jour. S’agissant de la lutte contre le trafic de stupéfiants il indique que des interpellations de dealers ont eu lieu en juin allée Charles Grosperrin. Il s’engage à répondre à tout courrier dans la semaine.
J. Salvator ne rajoute rien à ces propos et suggère que le point soit fait sur les questions évoquées l’an passé.
1- situation du 27 allée Rabot (réfection du hall et de l’escalier en partenariat Régie/OPH/OMJA avec la participation des jeunes stationnant régulièrement dans le hall à qui un séjour de vacances serait offert en contrepartie de leur implication dans le chantier). Une habitante déclare que la remise en peinture a bien été effectuée mais que la porte est toujours cassée, ainsi qu’une vitre et que les jeunes continuent de stationner dans le hall. On ne parvient pas à éclaircir ce qui est advenu de la contrepartie « séjour de vacances » le représentant d’A travers la ville ayant déclaré que l’association n’avait pas souhaité organiser le séjour, le Maire se montre irrité par ces propos.
2 – Sécurisation de l’entrée du collège Gabriel-Péri. Des études ont été faites qui conduiraient à une « privatisation de l’entrée ». E. Yonnet indique que le financement de ces travaux revenant au Conseil général ceux-ci devraient être réalisés … début 2011 !
3 – la question de la réorganisation du parking dit « des commerçants » du camembert E. Dubois n’a pas avancée d’un millimètre. On en est toujours, semble t-il, à l’étape des discussions.
4 – la question de l’occupation du hall du 7 Grosperrin semble à peu près résolue, mais le problème s’est simplement déplacé et les crédits ne sont pas disponibles pour une remise en état du hall.
J. Salvator commente brièvement cette situation, déclare attendre une prochaine réponse du Procureur de la République sur les actions juridiquement possibles, et tentera de régler les problèmes au coup par coup. Il évoque la piste de Protocoles d’intervention publique, réunissant acteurs institutionnels et locataires (ce point n’est guère développé et demeure assez obscur).
Plus généralement il indique qu’il « faut faire avec les moyens qu’on a ».
Sur la Police municipale il indique que des progrès ont été faits, que de nouveaux locaux vont être mis à disposition et que la coordination PM/PN est assez satisfaisante. Il annonce un conseil municipal extraordinaire sur la sécurité pour le 19 novembre prochain.
S’agissant des familles de jeunes délinquants il informe avoir reçu une dizaine d’entre elles et la nécessité de mettre en place un Conseil de la parentalité.
Depuis le 14 septembre Aubervilliers dépend de la circonscription policière de Paris et cela peut apporter un mieux quant aux effectifs. La demande de création d’une unité territoriale de quartier (police de proximité) sera renouvelée (sans grande illusion quant au résultat).
Des embauches d’agents chargés de la sécurité à la sortie des écoles vont être réalisées. Le maire note pour conclure, citant un article du Monde, l’existence d’un grand banditisme à Aubervilliers.
S’agissant du Conseil de quartier il observe qu’une réunion aura lieu le 23.
Que penser de cette réunion ?
La structuration de la discussion à partir des questions soulevées par les habitants conduit à ne jamais traiter de la situation d’ensemble. Aucun bilan n’est établi (le Maire récuse l’idée même de bilan et préfère se situer dans une logique de « point d’étape »). Aucune comparaison dans le temps n’est faite (mais le commissaire admet une aggravation de la situation). On répond comme on peut sur des questions concrètes, le bilan de ce qui a été fait en une année est très médiocre ou inexistant. Bref, on a fait ce qu’on a pu. Aucune réponse n’est faite aux questions posée par le Collectif d’habitants (squats, ANRU, plan d’aide à l’OPH).
On notera pour l’anecdote (encore que) que les participants à la tribune ne possèdent aucun dossier, qu’ils ne prennent aucune note et ne parlent que sur la sollicitation du Maire.
On annonce une réunion de même type pour l’année prochaine. Ce n’est pas une bonne nouvelle.
Nota : ce compte rendu et les appréciations qu’il contient ont étés rédigés à partir des notes prises en séance et d’échanges entre plusieurs membres du Collectif d’habitants : [AN, AG, AM, AW, BB, JCH, MC, MR, NP, RF].
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