Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel

vendredi 10 avril 2009

Aubermensuel, dans son n° d’avril a publié au bas de la page 3 un petit texte présenté sous une rubrique « Précision » et intitulé À propos de Suzanne Martorell.

Ce texte constitue une réponse indirecte à la lettre que Laurence Grare, secrétaire de la section d’Aubervilliers du PCF, avait adressée le 11 mars 2009 à M. Abdel Pastel, directeur de la publication. Aubermensuel ne fait pas référence à ce courrier (dont la publication était demandée) et ne répond qu’incomplètement aux critiques qu’il contenait.

Nous publions en conséquence, ci-après, le texte de la lettre de Laurence Grare ainsi que l’articulet rectificatif publié par le magazine municipal d’informations locales.

La lettre de Laurence Grare

Monsieur le Directeur de publication

Nous venons de prendre connaissance, dans le n°192 (mars 2009) d’Aubermensuel, de deux expressions journalistiques publiées en pages 6 et 7 faisant état de la cérémonie commémorative de l’assassinat, le 8 février 1962, de Suzanne Martorell à Charonne.

L’article publié en page 7, dans une rubrique « Mémoire », évoque l’assassinat de Suzanne à l’intérieur d’un article consacré à une évocation sommaire de la guerre d’Algérie.

L’hommage rendu au sacrifice de Suzanne Martorell a eu lieu le dimanche 8 février, au pied de l’escalier numéro six de la Cité Robespierre où elle résidait. Plusieurs gerbes ont été déposées : l’une par la municipalité, une autre par le groupe des élus socialistes et républicains, deux autres par la section d’Aubervilliers du Parti communiste français et le groupe communiste et citoyen « Tous ensemble pour Aubervilliers ».

L’article ne fait état d’aucun de ces actes symboliques, qualifie Suzanne Martorell de « militante » et se contente d’évoquer l’intervention, au demeurant très sensible et fidèle aux faits, que fit Didier Daeninckx. Or, ce dimanche 8 février, André Narritsens, responsable de la section du PCF a également prononcé un hommage et le maire a dit quelques mots.

Nous ne pouvons interpréter ce qui a été écrit que comme l’expression délibérée d’évacuer l’engagement communiste de Suzanne et d’effacer l’hommage que lui a rendu, comme il le fait chaque année depuis 1962, son Parti.

Nous trouvons confirmation de cette orientation dans le choix de la publication de la photographie figurant en page 6. Ce sont, en effet deux élus socialistes qui déposent une gerbe au nom de leur groupe municipal. Dans la légende accompagnant la photographie Suzanne Martorell est, a nouveau, qualifiée de « militante », sans mention de son engagement au PCF.

Ces derniers jours beaucoup de militants et d’amis m’ont dit combien ils étaient choqués du traitement journalistique que vous avez choisi.

Bien évidemment, en raison de l’altération de l’histoire dont Aubermensuel s’est fait le support, je vous demande de porter à la connaissance des Albertvillariens la lettre que je vous adresse.

Veuillez croire, Monsieur le Directeur de publication, en ma parfaite considération républicaine.

Nota : J’ajoute, mais cela est de moindre importance, que l’assassinat de Charonne a eu lieu le 8 février 1962 (et non le 6) et que la cité Robespierre est toujours la cité Robespierre (et non Charles Tillon).

La Précision d’Aubermensuel

Dans le précédent numéro d’Aubermensuel, à l’occasion de la commémoration de la mort de Suzanne Martorell, nous avons omis de rappeler que cette admirable militante pour la Paix en Algérie était aussi communiste. Lors de la cérémonie commémorative, organisée par la municipalité et à laquelle assistait le maire, Jacques Salvator, et plusieurs élus, André Narritsens lui avait d’ailleurs rendu un bel hommage, au nom du PCF.

27 Messages

  • Et maintenant Suzanne et Hocine Le 11 avril 2009 à 09:52, par Suho

    J’apprécie beaucoup que toute la clarté soit faite sur les petites opérations politiciennes d’Aubermensuel.

    A propos de ce qui s’est passé le 8 février dernier, il faut ajouter que demande a été faite au Maire que les noms de Suzanne Martorell et d’Hocine Belaïd (assassiné par la police le 28 mai 1952) soient donnés à deux rues d’Aubervilliers. M. Salvator avait déclaré avoir entendu la demande et qu’il allait réfléchir.

    La perte de mémoire étant toujours possible, mieux vaudrait se rappeler à son souvenir : une lettre du groupe par exemple me semblerait être la bienvenue.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 20 avril 2009 à 10:54, par Cirque d’Hiver

    Suzanne Martorel, militante communiste a été assassinée par la police gaulliste en février 1962.

    47 ans plus tard, c’est un maire socialiste qui s’engage à ce que son nom soit honoré et qu’une rue de la ville où elle habitait porte enfin son nom.

    On peut se demander pourquoi la municipalité dirigée par le PCF, le parti de Suzanne Martorel, a oublié de faire ce qui était tout simplement normal, et que ce soit un ancien dirigeant du PSU (une scission du parti socialiste motivée par l’opposition à la guerre d’Algérie) qui fasse ce que les communistes auraient du faire.

    S’il y a une opération politicienne, c’est bien de la part du PCF qui masque son incurie, son manque de mémoire, en attaquant un journaliste d’Aubermensuel qui a écrit un article fautif.

    Le plus drôle, c’est que ce journaliste avait été embauché par l’ancienne municipalité.

    Sûrement une taupe.

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  • Suzanne Martorell, mérite le respect Le 20 avril 2009 à 18:30, par Ernesto

    La publication de la lettre de Laurence Grare et de l’entrefilet rectificatif d’Aubermensuel représentent des élément de clarté par rapport à ce qui a été une rédaction non seulement "fautive" mais vraiment indigne.

    Je trouve la réaction de "Cirque d’hiver" inconvenante.

    Depuis 47 ans le PCF honore la mémoire de Suzanne. Une plaque commémorative a été apposée sur la façade de l’immeuble qu’elle habitait.

    Pascal Beaudet avait projet de donner à une rue d’Aubervilliers le nom de Suzanne Martorell. Si cela se réalise prochainement ce sera une bonne chose.

    S’agissant de la position du PSU (auquel J. Salvator a appartenu) sur la guerre d’Algérie, c’est un fait d’histoire et ce fut l’honneur des militants de ce parti de pratiquer une unité d’action assez large avec le PCF pour la paix en Algérie et le droit à l’indépendance du peuple algérien.

    Je ne veux pas polémiquer, mais tous les socialistes n’étaient pas au PSU et la SFIO a laissé de bien mauvais souvenirs aux anticolonialistes (il n’y eut pas que l’Algérie).

    "Cirque d’hiver", un peu de retenue et de réflexion seraient plutôt de mise.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 20 avril 2009 à 19:51, par Cirque d’Hiver

    Ainsi Pascal Beaudet avait l’intention de dédier une rue à Suzanne Martorell, mais il n’a pas eu le temps de concrétiser.
    Pareil pour ses prédécesseurs qui ont connu cette militante : Jack Ralite ou André Karman.
    Ce sera fait par un maire socialiste dont l’engagement politique est né dans le refus de la sale guerre d’Algérie.
    Je crois qu’il n’y avait vraiment pas lieu, de la part du PCF à ouvrir une vaine polémique sur ce sujet.

    La lettre de madame Grare pointe le personnel de Aubermensuel, comme s’il s’agissait de gens aux ordres de la municipalité et non des journalistes.

    Allez faire un tour dans les bureaux de la communication pour comprendre combien ces allégations sont mal ressenties.

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  • Trou de mémoire Le 11 mai 2009 à 10:03, par Léna

    On commémore beaucoup en mai.

    A tel point que l’on peut passer ses journées à courir d’un point à l’autre pour déposer des gerbes, observer des minutes de silence, entendre des discours (ou plus exactement des propos) la plupart du temps stéréotypés et parfois très approximatifs (il serait intéressant de disposer de ce qu’a dit le maire d’Aubervilliers depuis un an puis de comparer ce corpus au nouveau cycle commémoratif).

    Bien, c’est ainsi que va une certaine gestion administrative de l’histoire.

    Mais puisqu’il est question de commémorations, soulignons une absence : Hocine Belaïd assassiné par la police, le 28 mai 1952, a été oublié.

    Après tout Hocine Belaïd n’appartient sans doute qu’à la mémoire communiste.

    Nous reparlerons d’Hocine Belaïd.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 11 mai 2009 à 11:12, par Mémoire

    Certes on doit rappeler la position de Guy Mollet membre de la SFIO .Mais on pourrait parler du vote des pouvoirs spéciaux par le PCF .

    " Nous étions conscients que Guy Mollet avait capitulé à partir du 6 février à Alger, nous étions conscients du risque de voir se refaire une entente autour d’une politique de " centre-droit " favorable au maintien de l’Algérie dans son statut de colonie…Mais vous avez tout de même voté ce texte… "

    Ce sont les propos de Roland Leroy à l’époque où le PCF avait 150 députés .Encore une fois l’histoire laisse des traces on voit les trahisons des autres mais rarement ses propres ambiguïtés.

    Tiens autre rappel dans un interview de Sylvain Pattieu auteur du livre " Trotskystes et libertaires pendant la guerre d’Algérie " :

    Le PCF a toujours eu le cul entre deux chaises sur la question coloniale. Au début des années 1920, ils sont très engagés contre la guerre du Rif au Maroc, mais sur la question algérienne, ils vacillent. Lors du massacre de Sétif et Guelma, ils condamnent les “provocateurs hitléro-trotskistes” comme ils les nomment. En novembre 1954, ils condamnent l’insurrection déclenchée par le FLN. Du côté des dirigeants, il y a une volonté d’entretenir le flou tout au long de la guerre avec le mot d’ordre “Paix en Algérie”. Tout le monde voulait la paix en Algérie, même les partisans de l’Algérie française, donc ça ne voulait rien dire. Du côté des militants, à titre individuel, certains s’engagent aux côtés du peuple algérien. Par exemple Fernand Iveton, un militant vivant en Algérie, essaie de poser une bombe dans son usine : il est guillotiné. Alban Lietchi déserte, refuse de combattre et est emprisonné pendant trois ans. Des déserteurs communistes de l’armée française passent du côté des maquis algériens… Mais le PCF reste très prudent et condamne en général les militants qui font du soutien au FLN ou à l’indépendance de l’Algérie. En janvier 1956, la gauche gagne aux élections avec un programme de rassemblement républicain dont le mot d’ordre est “Paix en Algérie”. Guy Mollet de la SFIO est président du conseil, le PCF n’est pas dans le gouvernement mais apporte son soutien par ses votes au gouvernement. Guy Mollet se rend en Algérie et est reçu par les colons français avec des tomates ; à son retour il devient un partisan déterminé de l’Algérie française, il augmente la répression en Algérie et fait voter les pouvoirs spéciaux pour l’armée en Algérie. Cette loi votée à l’assemblée nationale ne passe qu’avec les voix des députés communistes en échange de contreparties sociales pour la métropole. Cela provoque l’indignation de beaucoup de militants du PCF.

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  • Mais qui a donc parlé de Guy Mollet ? Le 11 mai 2009 à 15:27, par Léna

    Je ne sais si "Mémoire" répond à mon post sur Hocine Belaïd. Si oui je ne comprends pas son propos : il change complètement d’axe.

    Ceci dit sur le PCF et l’année 1956 (au sein de laquelle figure, entre autres, la question des pouvoirs spéciaux) il existe une publication récente et qui me paraît faire référence.

    Il s’agit des actes des journées d’étude des 29 et 30 novembre 2006 organisées par les archives départementales de Seine-Saint-Denis en partenariat avec le PCF et la Fondation Gabriel Péri. Les actes ont été publiés par la Fondation Gabriel Péri sous le titre : "Le PCF et l’année 1956".

    La lecture de cet ouvrage devrait permettre de quitter le ciel des polémiques à deux balles, d’autant plus fatigantes que le PCF s’est longuement exprimé sur les circonstances dans lesquelles il avait voté les pouvoirs spéciaux, vote qu’il considère depuis longtemps comme ayant été une erreur.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 12 mai 2009 à 07:31, par tendance à deux balles

    Intéressante la réponse de Léa , parler du passé c’est de la daube , critiquer notre parti c ‘est de la daube. Tiens petit rappel 150 députés en 1956 et 19 en 2009 :

    Amiable Marie Hélène (Hauts de Seine)
    Asensi François (Seine Saint Denis)
    Bellot Huguette (La Réunion)
    Boquet Alain (Nord)
    Braouzec Patrick (Seine Saint Denis)
    Brard Jean-Pierre (Seine Saint Denis)
    Buffet Marie Georges (Seine Saint Denis)
    Candelier Jean-Jacques (Nord)
    Chassaigne André (Puy de Dôme)
    Dessalangre Jacques (Aisne)
    Fraysse Jacqueline (Hauts de seine)
    Gerin André (Rhône)
    Gosnat Pierre (Val de Marne)
    Gremetz Maxime (Somme)
    Lecoq Jean-Paul (Seine Maritime)
    Muzeau Roland (Hauts de Seine)
    Paul Daniel (Seine Maritime)
    Sandrier Jean-Claude (Cher)
    Vaxes Michel (Bouches du Rhône)

    Au vue de cette liste qui oscille entre des tendances mégalo caractérielles et des communistes unitaires qui ne sont plus au parti, je comprends pourquoi l’UMP vous filera un coup de main pour en garder une qui soit dans la ligne majoritaire.… …

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  • Il n’est pire sourd... Le 12 mai 2009 à 09:52, par Léna

    "Tendance à deux balles" (alias "Mémoire") revêt les habits du communiste critique pour, inlassablement, poser les bonnes réponses aux problèmes politiques qu’il croit débusquer.

    J’avais cru ouvrir l’espace d’une discussion sérieuse hier en signalant l’existence de l’ouvrage "Le PCF et l’année 1956". Mais cela a été balayé d’un revers de main et l’on passe donc à autre chose.

    Mais puisque de difficultés du PCF il s’agit,le hasard fait bien les choses. L’Humanité d’hier a, en effet, consacré une page entière à une interview de Roger Martelli à propos du livre qu’il vient de publier aux Editions sociales : "L’Archipel communiste, une histoire électorale du PCF".

    Ceci dit, très déçue par la tonalité et les "arguments" apparus dans cet échange, je quittes cette discussion.

    A bientôt.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 16 mai 2009 à 10:44, par Vous avez dit mémoire ?

    Oubli du passé, étrange que des militant du PCF en parle. Comme si vous n’aviez pas des expériences à tirer de votre histoire.

    Je vous conseille de lire le procès verbal de la rencontre entre Francis Jeanson (réseau Jeanson mandaté par le FLN algérien ) et Laurent Casanova ( membre du bureau politique du PCF) le 30 mai 1958, dans le livre "Les porteurs de valises" de Hervé Hamon et Patrick Rotman (1979).On sent bien dans cet entretien les ambiguïtés du PCF durant la guerre d’Algérie .

    Je vous conseille aussi la lecture l’article de Jean Pierre Vernant ( Le PCF et la Révolution algérienne )où il écrit " Le PC prenait ainsi, dans les faits, position contre le mot d’ordre au nom duquel le mouvement national algérien avait engagé la lutte armée contre le système colonial français : l’indépendance"

    Parlons donc de 1945, le PCF est obnubilé par Yalta , il veut protéger l URSS au dépend de l’indépendance des autres peuples . Aussi quand des communistes membres des FTP participent à l’assassinat de 50 000 Algériens à Sétif , aucune condamnation à l’époque, d’ailleurs ce crime contre l’humanité n’a pas été encore reconnu. Puis le PCF reste tributaire de la réalité électorale algérienne avec les "pied-noirs" dont une partie importante votaient pour vous, sans parler aussi des sympathisants de métropole, qui étaient favorables au maintien de la présence française en Algérie. Cela se reflétait dans la mise en avant du mot d’ordre "Paix en Algérie" .

    Bien sûr des communistes se sont élevés contre la torture, comme Henri Alleg ou Luc Montagnier, ou ont soutenu les nationalistes algériens, comme Etienne Bolo ou Henri Curiel. On pourrait parler de Fernand Iveton, il a été guillotiné par Mitterrand mais la réalité politicienne vous fait soutenir ce dernier en 74 et 81. Quant à Henri Alleg ,si son courage est indéniable , il garde de son époque ce goût pour la langue de bois , il parle ainsi de son expérience dans l’Humanité de 2004 :

    " Les révélations sur Staline nous sont passées un peu au-dessus de la tête. Nous étions, si j’ose dire, dans le cambouis de la guerre. Et si on leur parlait de Budapest, des Algériens répondaient Suez. C’est également, ne l’oublions pas, l’année de la folle expédition contre l’Égypte de Nasser qui avait nationalisé le canal. À ma sortie de prison, en 1962, quand je me suis rendu dans les pays socialistes, les gens que j’ai pu interroger, passés par des camps, ne se sont jamais plaint devant moi de tortures telles que je les avais subies. Ils avaient enduré des choses atroces, mais personne ne parlait de tortures."

    Voilà ce que j’appellerais la mémoire stalinienne, d’ailleurs logique avec lui même, il est membre d’un groupuscule le "Pôle de renaissance communiste en France" (PRCF) une des scissions de votre parti.

    Cela me confirme que l’analyse de votre histoire est toujours pleine d’ambivalence, cela me confirme que votre prise de distance avec le stalinisme est à double face, il suffit d’entendre les tirades nationalistes dans la bouche de certains de vos militants.

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  • Ca sufit vraiment Le 16 mai 2009 à 21:53, par Ernesto

    Je le dis avec colère "Vous avez dit mémoire" est vraiment abject.

    Il simplifie tout, mélange les questions, tire ce qui l’arrange de l’histoire dont il fabrique une interprétation. Un seul exemple l’attaque vraiment dégueulasse contre Charles Tillon massacreur de Sétif !

    On dispose de pas mal d’éléments sur cette affaire mais on aimerait bien que toutes les archives soient ouvertes.

    Charles Tillon s’est expliqué à plusieurs reprises sur le fait que, ministre de l’aviation, il n’a jamais été informé de ce qui se passait à Sétif.

    Cela s’est fait dans son dos et c’était une vraie crapulerie à laquelle des socialistes furent d’ailleurs mêlés.

    Dans Mémoires algériennes Henri Alleg est longuement revenu sur cette affaire. Or, "Vous avez dit mémoire" évoque Henri Alleg pour le disqualifier. On peut discuter de ses positions aujourd’hui mais il est tout à fait ignoble de l’attaquer sur l’Algérie.

    On peut toujours énoncer des poncifs sur l’attitude politique du PCF durant la guerre d’Algérie alors qu’il fut le seul parti à avoir mené le combat pour la paix (oui la paix) et le droit à l’indépendance du peuple algérien. Beaucoup de militants ont subi de dures répressions, et ont parfois laissé la vie en raison de cette orientation. "Vous avez dit mémoire" a t’il entendu, par exemple parler de Maurice Laban et des Combattants de la liberté ?

    Alors, basta, quittons les invectives et les propos calomnieux pour aborder les questions d’histoire de manière sérieuse.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 08:13, par Vous avez dit mémoire ?

    Etrange la réponse d’Ernesto : on sent le militant blessé dans ses "croyances" et aussi cette habitude de lire en diagonale, sans admettre les "erreurs" (euphémisme) du PCF.

    Quant à Charles Tillon , effectivement il est mal à l’aise sur cette question dans son livre "on chantait Rouge". Il faudrait reconnaître que les chiffres du massacre de Sétif donnés par l’état français sont sous estimés , il faudrait reconnaître les ambivalences des communistes pendant cette période et surtout dénoncer les déclarations à la sauce stalinienne de l’époque. Qui a dit : " L’insurrection de Sétif ? un complot fasciste , une provocation d’agents hitlériens qu’il faut châtier impitoyablement "

    Quant à Henri Alleg , a-t-on le droit de dire qu’il a été courageux dans son combat mais il reste prisonnier de l’histoire de son parti. Je crois qu’il n’est pas le seul et je crains que vos échecs historiques expliquent en partie vos échecs actuels.

    Au fond j’aime surtout la conclusion professorale : " aborder les questions d’histoire de manière sérieuse" .On sent la certitude militante , aussi je te souhaite de continuer dans cette voie pour vaincre les "propos nauséabonds des agents de l’idéologie dominante".

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 08:20, par Narines saines

    Ernesto devrait travailler un minimum sur les questions qu’il aborde.

    Ainsi fait-il référence au militant communiste algérien Maurice Laban tombé les armes à la main dans un maquis lors de la guerre d’Algérie.

    Un livre a été publié il y a quelques années qui retrace le parcours de Maurice Laban, son engagement dans les Brigades Internationales, sa résistance, son combat pour l’indépendance algérienne. On y apprend aussi que Maurice Laban a été victime d’une campagne abjecte de la part d’André Moine, envoyé de la direction du PCF pour suivre sur place le dossier algérien. Il a été soupçonné d’être en contact avec la police, on a mis sa vie privée en cause. Tout cela en raison de son indépendance d’esprit et de son opposition au vote des pouvoirs spéciaux.

    Avant de brandir le nom de Maurice Laban, de cette manière, Ernesto devrait s’essuyer les pieds sur le paillasson de l’Histoire.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 08:30, par Nez d’Élec

    Assez curieux cette manière qu’ont certains de défendre Charles Tillon comme si ça allait de soi, et qu’on ne l’avait pas traîné dans la boue pendant de decennies.

    Quand il a été éjecté du PCF, au début des années 50, un militant alors en pointe à Aubervilliers avait prononcé cette phrase définitive dont il est fait mention dans les livres de Charles Tillon :

    "Qu’il s’estime heureux, si on avait été au pouvoir, comme en Tchécoslovaquie, iil aurait été pendu".

    A la même époque, une des personnes chargées de liquider politiquement Tillon, le jeune André Karman, était allé voir le chef des FTP pour lui dire qu’on craignait en haut lieu qu’il ne se suicide. La camaraderie était alors à son zénith.

    Pour les massacres de Sétif et Guelma, la position du PCF a été en évolution au cours des semaines de massacres, et il faut rappeler qu’une des premières victimes fut un responsable du PC algérien qui eut les bras tranchés.

    Signalons simplement que Charles Tillon n’était pas "Ministre de l’Aviation", mais "Ministre de l’Air", responsabilité sur la flotte civile et non la flotte militaire qui écrasait la révolte algérienne.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 09:53, par Ernestard

    Le langage de monsieur Ernesto nous rappelle les époques glorieuses du PCF : son vocabulaire va puiser dans les valeur sûres de l’argumentation :

    l’interlocuteur est "abject"

    les socialistes des "crapules"

    l’argumentaire de l’internaute "dégueulasse", "ignoble"

    ses prises de position sont des "calomnies"

    ses rappels historiques des "invectives"...

    Et tout cela dans une seule intervention !

    Merci, monsieur Ernesto de nos faire voyager dans le temps !

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  • Enervés ? Le 17 mai 2009 à 12:26, par André Narritsens

    Juste un mot tout d’abord pour dire que j’apprécie la super finesse de l’internaute au pseudonyme "Narines saines" et à ses divers autres succédanés.

    S’agissant de l’histoire en général et de celle du PCF en particulier je pense qu’il convient de garder ses nerfs, de ne pas céder à des versions en large usage sur le marché idéologique, à moins bien sûr de viser des buts politiques voire politiciens.

    Je ne prendrai qu’un exemple auquel j’ai été confronté, en tant qu’historien. L’Institut CGT d’histoire sociale a organisé un colloque en partenariat avec l’université de Paris 8 sur le Syndicalisme dans la France occupée (le livre est édité par les Presses universitaires de Rennes). J’ai entre autres choses co-rédigé avec Raymond Barbéris une contribution sur la commission d’épuration syndicale installée à la Libération. La thèse jusqu’alors dominante était que cette commission avait été un instrument aux mains des communistes afin d’éliminer leurs adversaires politiques.

    Or, nous avons découvert dans les archives de l’IHS-CGT la quasi totalité des sténographies des auditions. Nous les avons méticuleusement étudiées et avons constaté que non seulement la commission présidée par des proches de Léon Jouhaux n’avait absolument pas été ce que l’on en disait mais qu’elle avait fait preuve de beaucoup de mansuétude.

    Nous attendions des contradicteurs, ils ne se sont pas manifestés, et pour cause.

    Voilà un exemple concret de ce qui a, durant près de 60 ans, relevé d’une manipulation idéologique.

    Il en est bien d’autres dans beaucoup de domaines, mais que Charles Tillon et André Karman soient aujourd’hui ciblés me fait aussi penser qu’il reste bien du travail à faire pour parvenir à l’écriture d’une histoire critique, autrement dit rigoureuse quant aux archives et aux contextes.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 13:15, par MER NOIRE

    Charles Tillon ne dit pas dans son livre que quelqu’un préconisait de le "pendre".

    C’est dans "Un procès de Moscou à Paris" paru au Seuil au début des années 70 que Tillon revient sur la manière effroyable dont il a été traité par les militants communistes d’Aubervilliers, et il est vrai qu’il n’est pas tendre pour monsieur Karman qui joue un sale rôle dans cette histoire.

    A un moment, il dit que son fils était victime de railleries à l’école de la part de fils de militants.

    Charles Tillon écrit exactement cela :

    "Dans le quartier de Montfort, un instituteur du comité de section a dit à sa cellule : "Tillon, il est parti parce qu’il avait peur. Si on avait le pouvoir, il sait qu’on le fusillerait"."

    Il serait intéressant, pour l’histoire locale, d’aller interviewer cette personne qui habite toujours la ville.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 13:23, par NARINE ZEN

    C’est une figure obligée en rugby, que de botter en touche.

    Au lieu de répondre sur Maurice Laban, puis sur Charles Tillon puis sur André Karman, la solution est de faire l’impasse sur le premier et de mettre les deux autres à égalité dans la même phrase. La victime et son épurateur traités sur le même plan.

    Et pour bien enfumer le tout, il suffit de partir sur une autre histoire (celle de la commission d’épuration concernant la CGT) dans laquelle les communistes ont été faussement accusés.

    Beau travail qui n’honore pas son auteur.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 13:39, par SURDITÉ

    Dans son livre sur la Chine publié en 1994, Henri Alleg fait preuve d’indulgence d’Henri Alleg , pour le moins, envers le régime de MAO . Il choisit d’i ignorer les millions de morts de la Révolution Culturelle. De bonnes intuitions en voie de confirmation aujourd’hui :

    "dans moins d’un quart de siècle, le potentiel économique de la Chine sera supérieur à celui des Etats Unis"(p 6) -

    ne parviennent pas à masquer une impardonnable complaisance. Dans un historique des hauts faits de Mao, en une vingtaine de pages (p 61 à 80), l’auteur traverse les épisodes des Communes populaires, du Grand Bond en avant, de la Révolution culturelle sans voir un mort ! Il faut attendre l’année 1976 (Mao vient de mourir), et le tremblement de terre de Tangshan (8,2 sur l’échelle de Richter est-il précisé) pour voir apparaître (enfin…a-t-on envie de dire !) 240 000 morts mais pour cause naturelle, suite à un séisme. Certes, il nous dit que les temps maoïstes furent "difficiles". La Révolution culturelle entraîna "d’immenses dommages" (p 70). Il y eut hélas "évidemment (…) de terribles cicatrices" et, tenez vous bien, des gens furent même "parfois battus" (p 77). Parfois battus ! Et les 500 000 morts, notamment parmi les classes intellectuelles ? Rien, pas un mot. Et si l’on apprend "qu’une grande partie d’entre eux furent envoyés vers des villages éloignés". Ce n’est, somme toute, pas très grave puisque l’idée est généreuse : " l’idée qu’au contact de la paysannerie, et dans le travail aux champs, ils se débarrasseraient de ce qui restait en eux de la mentalité bourgeoise" (p 70).

    C’est là ce que proclamaient les slogans des Gardes Rouges …mais trente cinq ans plus tôt. Depuis, nous n’aurions rien appris ? Comment Alleg n’a-t-il pas pu, ou voulu, durant ces trente-cinq ans lire Simon Leys (Ryksman), Billeter, Domenach, et …Etiemble ! Comment lui qui fut une conscience de la lutte contre la guerre d’Algérie, qui fut victime de la bestialité de l’armée coloniale, comment a-t-il pu être sourd à ce point aux cris des innombrables victimes chinoises ?

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 14:02, par Mémoire

    Pardon de donner le bourdon aux jeunes communistes, je réponds à la question :

    "Les tueries de Guelma et de Sétif sont la manifestation d’un complot fasciste, qui a trouvé des agents dans les milieux nationalistes" dixit Etienne Fajon le 11 Juillet 1945, à l’assemblée nationale.
    .
    Encore une autre abjection, une autre crapulerie, une autre calomnie, une autre invective :

    "À l’égard des soldats français dans les colonies. 1945. Constantinois. Les FTP ont participé à l’assassinat de 50 000 Algériens. Il y avait des communistes". Il ne faut pas que cette honte se renouvelle ". Interview de Roland Leroy dans l’Humanité du 8 juin 2001 qui dit l’avoir trouvé :

    " Dans mes " cahiers " de l’école de " quatre mois ", j’ai retrouvé, à ce propos, les notes prises lors d’un " cours " de Léon Feix "

    Et pourtant le camarade Léon avait la langue de bois bien stalinienne mais bon cette langue a encore dans des adeptes dans le PCF et cela me surprend un peu.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 14:48, par coco dauber

    Merci à "Mémoire" de citer des extraits des archives de l’Huma ; dommage que ces citations soient incomplètes !

    L’Huma étant, je crois, le seul quotidien national à publier l’intégralité des ses articles depuis 1990, gratuitement, le plus simple, pour éviter toute polémique, est d’aller lire ces archives :

    interview de Roland Leroy le 8 juin 2001

    article de JP Monferran du 20 décembre 2000

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 14:58, par Lecteur assidu de 20 minutes et de l’Huma

    L’Huma est aussi le seul journal qui a publié le traité constitutionnel intégralement. c’est mieux de savoir pourquoi on vote, pas comme les espagnols qui ont voté un texte sans le connaître en entier !

    Une information pluraliste, ça aide à réfléchir

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  • En touche ? Le 17 mai 2009 à 15:04, par André Narritsens

    Non, je ne botte pas en touche. Je donne simplement un exemple de ce à quoi conduit un usage idéologique/politiquement intéressé de l’histoire. Il y en a beaucoup d’autres.
    Par exemple la campagne menée contre le PCF à propos d’un prétendu lâchage du groupe Manouchian aujourd’hui complètement dégonflée après la publication du livre "Le sang de l’étranger".

    Idem de l’assertion sur l’inexistence d’un texte d’Arthur London précédant l’Aveu (Lise London, qui a réadhéré au PCF, a publié le document).

    Alors, soyons sérieux et confrontons les sources.

    Loin de moi l’idée qu’il n’y aurait rien à dire (ou à redire) sur l’histoire du PCF et du mouvement ouvrier. Mai, de grâce, ne cédons pas aux facilités polémiques, tout cela est trop sérieux.

    Quant à Narine Zen, merci beaucoup. Vous pouvez en trouver d’ailleurs d’autres. Voici quelques pistes : "La richesse", "Harrissa". On continue comme ça ?

    Abandonnez donc un instant les pseudonymes.

    J’aimerai bien une confrontation publique, de vive voix.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 15:28, par L’ANAR IBSEN

    Cette discussion, me semble-t-il prend sa source dans les problèmes posés par la commémoration de l’assassinat de Suzanne Martorell par la police de Papon, et le fait que le journal municipal a fait l’impasse, dans un premier temps, sur son appartenance au PCF.

    J’ai relu les interventions, et ce qui me pose problème, c’est le fait de vouloir donner le nom d’une rue de la ville à Bélaïd Hocine, un employé communal tué lors d’une autre manifestation en mai 1952.

    En effet, associer Belaïd Hocine et Suzanne Martorell est une marque de malhonnêteté intellectuelle.

    Suzanne Martorell protestait contre les attentats de l’OAS et pour l’indépendance algérienne.

    Belaïd Hocine participait à une manifestation contre la guerre de Corée et contre la venue d’un général américain à Paris.

    Cette manifestation a été critiquée par le PCF comme "gauchiste", par la suite et a été considérée comme une erreur politique.

    Charles Tillon raconte dans son livre de mémoires (que les militants PCF devraient lire de près) qu’il était contre cette manifestation décidée en fait pour soutenir la politique de tension de Staline en Europe. La direction du PCF avait demandé à Tillon de faire confectionner des manches de pioches par centaines dans les ateliers municipaux, ainsi que des pancartes en fer. Les ordres étaient d’attaquer les forces de police et un encadrement militaire avait été organisé pour l’occasion. Tillon était déjà dans le viseur, et il allait passer en procès quelques mois plus tard. Ce fut donc André Karman qui fut le "général" de la colonne d’Aubervilliers qui partit affronter la police place de Stalingrad où mourut Bélaïd Hocine.
    Il serait juste d’honorer la mémoire de cet employé communal (en donnant son nom à un équipement du personnel communal par exemple). Une rue à son nom impliquerait de vider le problème politique posé par cette manifestation gauchiste ordonnée par Staline.

    Et la question se pose toujours : pourquoi le PCF, aux manettes depuis 1945 et jusqu’en 2008, n’a-t-il pas pris des dispositions pour honorer ses militants ?

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 16:33, par Lecteur assidu de ce que je peux lire.

    je ne saurais que trop recommander à l’internaute précédent la lecture de Daeninckx, qui, dans un style proche du sien depuis qu’il intervient sur ce blog s’inspire de cet évènement dans l’un de ses polars. Il me semble qu’il s’agit de "Meurtre pour mémoire" mais je n’en suis pas certain. De mémoire (sic) il présente les préparatifs à cette fameuse manif de 1952, avec force détails.

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 18:50, par Ras bol de vos commentaires !

    D’accord avec la conclusion d’André Narritsens : faites vous une confrontation de vive voix, (vous n’êtes que deux), et lâchez un peu le site pendant quelques mois, ça nous fera des vacances !

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  • Suzanne Martorell, le PCF et Aubermensuel Le 17 mai 2009 à 23:28, par al’zheimer

    Non, cher "Lecteur assidu de ce que je peux lire.", le livre de Didier Daeninckx intitulé "meurtres pour mémoire" concerne la manifestation du 17 octobre 1961 à l’issue de laquelle des centaines d’algériens furent massacrés par la police du préfet Papon.

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