Dimanche 8 mars : journée des femmes

Un peu d’histoire, un tract et quelques photos

samedi 7 mars 2009

Comme chaque année, les communistes d’Aubervilliers ont distribué des œillets aux habitantes de la ville pour fêter la journée des femmes. Vous trouverez en fin d’article des photos de cette distribution ainsi qu’un tract de la section. L’initiative de la municipalité à direction socialiste pourrait donner à croire que cette journée ne serait qu’une seconde fête des mères mais il n’en est rien. Explications.

L’initiative de l’organisation d’une journée de lutte des femmes revient à la deuxième Conférence internationale des femmes qui se tint à Copenhague en septembre 1910, parallèlement au VIIe congrès de l’Internationale socialiste (IIe Internationale). Sur proposition de Clara Zetkin, la Conférence décide en effet de « faire du 8 mars (…) une journée universelle, féminine, de lutte pour les droits de la femme et pour la paix ».

Cette décision prolonge les orientations prises trois ans auparavant par la première Conférence des femmes tenue à l’occasion du VIIe Congrès de l’Internationale à Stuttgart qui avait décidé de placer la lutte pour le droit de vote des femmes au centre de son action.

La décision de la Conférence de Copenhague entre dès l’année suivante en application : des journées de lutte des femmes sont organisées à des dates variables en 1911 aux Etat-Unis, en Allemagne, en Suisse, en Autriche et au Danemark. En 1912, la mobilisation gagne le France et la Russie tsariste. Durant la guerre, Norvégiennes, Polonaises, Italiennes, Hollandaises, Anglaises, Russes se joignent au mouvement. Le 8 mars 1917, les femmes de Saint-Pétersbourg manifestent contre la famine, la guerre et le tsarisme. C’est le début de la bataille qui sonnera le glas de l’empire des tsars.

En 1924, l’Internationale syndicale rouge fixe (en référence à la manifestation des femmes de Saint-Pétersbourg) au 8 mars la date de « la journée internationale de l’Ouvrière ». L’ISR déclare que « Les ouvrières de tous les pays proclameront le 8 mars, leurs revendications prolétariennes à la face du monde d’exploitation sanglante » et précise que « la femme ouvrière est doublement exploitée et opprimée, en tant qu’ouvrière et en tan que femme ».

Cette journée a ses années de gloire. En 1925, 5 000 femmes réunies à la Grange-aux-Belles à Paris s’élèvent contre la guerre du Maroc. En 1945, dans l’horrible camp de concentration de Ravensbrück, le 8 mars est célébré dans l’espoir de la libération et de la construction d’un monde meilleur.
Depuis la Libération dans beaucoup de pays du monde le 8 mars est l’occasion pour les femmes de se mobiliser pour leurs droits.

Clara Zetkin

Clara Eissner est née en Saxe le 5 juillet 1857 dans une famille d’instituteurs. Elle finance ses études pour devenir enseignante en faisant fonction de répétitrice auprès d’enfants de familles bourgeoises.
Dès le milieu des années 1870, elle participe aux discussions des Allgemeinen Deutschen Frauenvereins (Association générale des femmes allemandes) et commence à militer dans la mouvance socialiste.

En 1878, elle adhère au SAP (ancêtre du SPD), que Bismarck interdit la même année. Elle s’exile alors à Zurich (où elle rencontre le révolutionnaire russe Ossip Zetkin avec qui elle vit en union libre), puis à Paris en 1882 où elle gagne sa vie en donnant des leçons et en faisant des traductions. Elle participe activement à la fondation de la Deuxième Internationale et y réclame l’égalité complète des droits professionnels et sociaux de la femme ainsi que sa participation active à la lutte des classes.

A compter de cette époque Clara prend le nom de son compagnon dont elle aura deux enfants. De santé fragile Ossip Zetkin décède en 1889.

Après l’abrogation des lois antisocialistes de Bismarck, en 1890, Clara retourne en Allemagne et développe le mouvement féminin socialiste. Elle fonde en 1891 la revue des femmes socialistes, Die Gleichheit (L’égalité) qu’elle publiera jusqu’en 1917, et milite sans relâche pour les droits des femmes. Elle fréquente des révolutionnaires du monde entier. En 1907, lors de la première conférence internationale des femmes socialistes réunie à Stuttgart, Clara Zetkin est élue à la présidence du secrétariat international des femmes socialistes.

En 1908, c’est elle qui attire l’attention de Lénine sur les problèmes des femmes.

Très proche de Rosa Luxemburg durant la première guerre mondiale elle combat le chauvinisme au sein du SPD et participe à la création, en 1915, de la ligue spartakiste. Elle mène de nombreuses actions pacifistes, et organise, notamment, une conférence internationale pacifiste des femmes socialistes en 1915 à Berlin. Ces actions lui valent d’être arrêtée à plusieurs reprises.

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Clara Zetkin (à gauche) à côté de Rosa Luxemburg (Cliquer pour agrandir)

En décembre 1918, Clara Zetkin adhère au Parti communiste d’Allemagne (KPD) issu de la Ligue spartakiste et y exerce de 1924 à 1929 des responsabilités dirigeantes. Députée 1920 à 1933), Clara Zetkin est également membre de la direction de l’Internationale communiste. En décembre 1920, elle entre clandestinement en France pour apporter le salut de l’exécutif de l’Internationale communiste au Congrès de Tours d’où naîtra le PCF. En août 1932, présidant le Reichstag en tant que doyenne, elle appelle, au cours d’une séance historique, à combattre le nazisme.

Contrainte de fuir l’Allemagne après l’arrivée des nazis au pouvoir et l’interdiction du KPD, elle meurt le 20 juin 1933 à Moscou.

Extraits de l’intervention de Clara Zetkin à la Conférence de Copenhague (1910)

« Pour accélérer l’instauration du droit de vote politique des femmes, il est du devoir des femmes socialistes de tous les pays de populariser ce principe par une agitation incessante et explicative sur la signification du sexe féminin, par la parole et par l’écrit, parmi les larges masses et que chacun utilise les possibilités qui s’offrent dans ce but. En particulier, vous devez porter cette exigence par toutes les méthodes d’agitation à la connaissance des autorités publiques et politiques.
Dans le cas où le droit de vote des femmes relève de la compétence de ces autorités -représentations communales et provinciales, tribunaux de métiers, caisses de maladie…- les femmes doivent saisir l’occasion pour utiliser ce droit entièrement et raisonnablement. Dans le cas où les femmes sont totalement ou partiellement privées de droits, elles doivent être réunies et menées à la lutte pour leurs droits par les femmes socialistes ; dans toutes les circonstances, c’est par l’action que la revendication du droit de vote politique des femmes doit être énergiquement réclamée.
Au cours des fêtes annuelles du 1er mai – peu importe la forme sous laquelle elles se déroulent – l’exigence de la pleine égalité en droits politiques devra être soulignée et expliquée ? En accord avec les organisations de classe syndicales et politiques du prolétariat de chaque pays, les femmes socialistes de tous les pays organiseront chaque année une Journée des femmes qui servira avant tout d’agitation pour le droit de vote des femmes. Cette revendication devra être expliquée sous un éclairage socialiste, en étroite relation avec toutes les autres questions relatives aux femmes. La Journée des femmes devra avoir un caractère international et être soigneusement préparée ».

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Cliquez sur l’image ci-dessous pour télécharger le tract de la section :

1 Message

  • Un remarque amicale à notre maître toilier (qui fait un travail tout à fait remarquable) : le 8 mars n’est pas "la journée des femmes" mais la "journée internationale de lutte pour les droits des femmes".

    Le papier d’histoire nous dit que c’était même, en 1924, une journée consacrée aux droits des "ouvrières". Il est vrai qu’à l’époque on raisonnait prolétariat et l’on en oubliait que les femmes non ouvrières subissaient (ou en tout cas pouvaient subir) oppressions et dominations en raison du fait qu’elles étaient femmes.

    Mao disait (l’expression est très belle) que "les femmes sont la moitié du ciel". On ajoutera qu’elles subissent plus encore que les hommes exploitations, dominations, oppressions.

    Il faut penser à cela tous les jours et agir en conséquence. Le 8 mars concentre l’attention mais la lutte doit être quotidienne et concerner femmes et hommes.

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