De retour de Gaza : témoignage de Mériem Derkaoui

lundi 26 janvier 2009

Meriem Derkaoui revient de Gaza. Elle nous livre ici un témoignage à vif de la situation dans laquelle les palestiniens vivent depuis les bombardements par Israël.

Du 22 au 23 janvier j’étais à Gaza.

Après deux jours d’insistance à la frontière égyptienne nous avons pu entrer dans la bande de Gaza par Rafah. Nos amis palestiniens sont contents de nous voir. Nous nous rendons immédiatement au camp de Rafah où le F16 a bombardé. En une frappe il y a 80 points d’impact. C’est tellement impressionnant que la pilote du F16 a refusé de larguer la deuxième bombe ; traduite devant la justice militaire elle a été condamnée à deux ans de prison. Nous allons ensuite au camp de Djabalia qui a été bombardé quotidiennement pendant les 22 jours de l’agression. Sur notre chemin des destructions, des amas de béton, des cimetières touchés. Nous rencontrons un homme qui a perdu sa fille lors du bombardement de l’école de l’ONU. La nuit vient de tomber, nous sommes dans le noir. Tous les réseaux sont détruits, il n’y a ni eau ni électricité. On nous dit « vous savez, ici, nous vivons comme des morts vivants ». Un autre a survécu au bombardement de sa maison. Onze membres de sa famille ont été retirés des décombres.

85% des victimes sont des civils.

Nul ne peut ignorer la densité de la bande de gaza : chaque mètre carré est habité par un individu ! Pour se faire une idée : il suffit de 30 minutes pour traverser ce territoire du nord au sud. Qui peut penser une seule minute que des attaques aériennes, terrestres et maritimes ne feraient pas un maximum de victimes ? La communauté internationale est restée muette jusqu’au déplacement du secrétaire général des Nations Unies Ben Kimoon qui, « choqué » par ce qu’il a vu, a déclaré que « les responsables devront être traduits devant des instances judiciaires ».

Ceux que nous avons rencontrés nous disent leur soulagement après le cessez-le-feu mais ils nous disent surtout qu’ils n’ont jamais vécu de telles horreurs. Malgré cette situation nous avons vu des enfants heureux de nous voir, joyeux et désireux de parler et de plaisanter entre eux, l’un disant qu’il préférait les frappes et l’autre expliquant « parce qu’il n’y avait pas école », d’autres disant que le bruit était assourdissant et qu’ils ne pouvaient pas dormir. Quelques-uns faisant un bout de chemins avec nous.

Nous sommes passés devant un marché où la spéculation sur les prix dépassait de 10 fois leur coût habituel - le carburant est à 6€ le litre, par exemple. Ils nous disent que ces produits passaient par les tunnels et que la levée du blocus israélien (qui dure depuis deux ans date de la prise de Gaza par le Hamas) signifierait la fin et des tunnels et de la spéculation.

C’est dur de le dire comme cela :le plus impressionnant c’est, après Rafah et Deir Balah, le nord de Gaza : un champ de ruines, des maisons, des champs complètement retournés on dirait un après tremblement de terre. Nous croisons des journalistes et TV qui ont réussi à rentrer la veille. Les regards parfois se voilent ;des survivants errant à côté de ce qui fut leur maison. Des familles s’entassent dans des salles de sport ou écoles à même le sol, sur des matelas de fortunes en plein courant d’air ;des femmes nous interpellent : « nous ne pouvons vivre ainsi » !

Mais qui le peut ?

À suivre...

1 Message

  • Palestine, il faut continuer ! Le 28 janvier 2009 à 10:44, par Ernesto

    Merci à Meriem de son début de témoignage. Peut-on prévoir une initiative publique ?

    D’autre part la Fédé vient d’éditer une affiche vraiment magnifique sur la Palestine.

    Il faut la faire claquer sur les murs.

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