
Une lettre de Anthony Daguet, Gérard Del Monte, Silvère Rozenberg, anciens présidents de l’OPH d’Aubervilliers, aux locataires
jeudi 10 décembre 2020
Nous sommes préoccupés par l’application de la loi ÉLAN qui impose aux bailleurs sociaux détenant moins de 12 000 logements de se regrouper, de fusionner, de vendre ou de rejoindre dès janvier 2021 une société anonyme de coopération (SAC).
Cette restructuration obligatoire devrait se faire en toute transparence et conduire la présidente de l’OPH et Maire, Madame Karine Franclet, à engager un débat avec l’ensemble des locataires pour parvenir à faire le meilleur choix possible, en ayant le sens de l’intérêt général des locataires.
C’est parce que nous sommes inquiets du silence de Madame le Maire que nous, anciens présidents de l’OPH, prenons l’initiative de nous exprimer ensemble pour vous alerter sur les dangers possibles de voir remis en cause les fondements de l’OPH. Nous voulons assurer l’avenir de l’OPH, de ses locataires et de ses personnels.
L’OPH, malgré ses imperfections et ses difficultés, est au service des locataires : il doit pouvoir poursuivre ses missions son développement. L’OPH d’Aubervilliers, qui a presque 100 ans aujourd’hui, constitue l’outil qui permets de loger des dizaines de milliers de personnes, y compris en les sortant de l’habitat indigne.
Aujourd’hui, près de 8000 familles demandent un logement social à Aubervilliers alors que chaque année ce sont environ 400 familles qui accèdent à un nouveau logement dans l’OPH. C’est pourquoi nous défendons le logement social et nous pensons qu’il devrait être mieux réparti sur le territoire national.
Nous souhaitons que l’OPH d’Aubervilliers reste un bailleur public. Nous nous opposons à toute idée de rachat ou de vente du patrimoine qui a été payé par l’argent des albertivillariens.
Un OPH public permets l’intervention citoyenne dans sa gestion et dans ses décisions. Une vente à des opérateurs privés ferait rentrer le premier bailleur d’Aubervilliers dans une logique financière aux antipodes de vos besoins et de vos attentes.
L’OPH d’Aubervilliers s’honore d’avoir une moyenne de loyer très basse sur le parc (4€ au mètre carré) qui permet aux familles populaires d’avoir accès à un appartement à un prix accessible. Au cœur de la crise économique et sociale qui s’amorce, rester dans le giron public, c’est s’assurer que les prix n’augmenteront pas ou peu.
Nous souhaitons que l’OPH d’Aubervilliers conserve sa dimension et son autonomie albertivillarienne. La loi interdit désormais son indépendance mais permet l’autonomie de l’OPH.
En effet, la loi autorise la création de Société Anonyme de Coopération (S.A.C.) qui devient la « maison mère » des différents bailleurs sociaux. Avec une S.A.C., l’OPH d’Aubervilliers pourrait conserver son autonomie. Cette autonomie est précieuse car c’est la garantie que les choix qui seront opérées le seront dans l’intérêt des locataires albertivillariens.
Pour que l’OPH conserve un statut public et autonome, il ne lui reste que deux options : ou entrer dans la S.A.C crée par le département et Seine-Saint-Denis Habitat ou entrer dans la S.A.C. à créer avec Plaine Commune Habitat.
Nous pensons qu’il serait plus judicieux pour l’OPH se s’associer à Plaine Commune dans le cadre d’une coopération négociée, dans des discussions équilibrées plutôt que de rejoindre une instance déjà en exercice et dont la taille importante minore de fait le poids d’Aubervilliers en son sein.
Par ailleurs, la compétence logement et urbanisme étant partagée entre la Métropole et les territoires, il nous semble pertinent de s’adosser à ces outils tandis que l’avenir de l’échelon départemental reste encore aujourd’hui incertain.
Pour toutes ces raisons nous appelons l’actuelle Maire d’Aubervilliers et présidente de l’OPH à créer les conditions de la création d’une S.A.C. avec Plaine Commune Habitat et l’OPH de Saint-Ouen afin de défendre les intérêts des locataires de notre ville.
En attendant, vous, locataires devez être consulté. Il s’agit de votre patrimoine, des appartements que vous occupez, de vos vies. Il est légitime que vous ayez votre mot à dire dans ce moment historique dans l’histoire du logement social de notre ville. Cette consultation doit donner les options qui existent et doivent être validé par l’organisation d’un vote, par correspondance par exemple, sous contrôle des associations de locataires et organisations politiques.
Enfin, les salariés doivent être associés non seulement au choix mais aussi sur la méthode afin que fonctionnaires comme agents de droits privés soient assurés que leurs missions et leurs droits soient respectées.
Présidents à différents moments de l’histoire de cette ville, nous sommes attachés aux locataires, au patrimoine et à l’institution de l’OPH d’Aubervilliers. Nous savons le fragile équilibre sur lequel l’office repose. Il faut le ménager, en prendre soin.
C’est notre devoir de vous interpeller et de vous associer pour contribuer à l’avenir.
Sachez que vous pourrez toujours compter sur nous.
Cordialement,
Anthony Daguet, Gérard Del Monte, Silvère Rozenberg
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