Décès de Raymonde Tillon (Raymonde Nédelec)

dimanche 17 juillet 2016

Elle était la dernière des trente-trois premières femmes entrées à l’Assemblée nationale en 1945 encore vivante. Raymonde Tillon est morte a annoncé l’Elysée, dimanche 17 juillet, rendant hommage à une « femme engagée » au « parcours exemplaire ». Elle avait 100 ans.

En 2005, elle avait rappelé, dans une interview à l’AFP, son émotion lors de son élection 60 ans auparavant. « On était émues. Les femmes étaient reconnues comme des citoyennes, en tenant compte de leur travail dans la Résistance », s’était-elle félicitée. « Nous étions de partis différents. Mais toutes nous nous disions : enfin ! ».

Article paru dans l’Huma 22 octobre 2015 :

" Résistante, déportée à Ravensbrück, elle fut la première femme députée, communiste, de Marseille en 1945.

Née à Puteaux, Raymonde Barbé perd ses parents à 5 ans et est élevée dans un orphelinat religieux avant de s’en enfuir, avant sa majorité, pour rejoindre son frère près d’Arles. C’est dans les Bouches-du-Rhône qu’elle est employée de commerce et qu’elle épouse Charles Nédelec, militant syndical cégétiste qui, devenu clandestin sous l’Occupation, devait mourir d’épuisement au printemps 1944.
Une méconnue de l’Histoire, 
mais une militante exemplaire

Raymonde Nédelec, arrêtée dès mars 1941, est condamnée à vingt ans de travaux forcés par une section spéciale de Vichy prononçant des peines ­rétroactives. Après la prison de Rennes, livrée aux nazis par le gouvernement de Vichy, elle est déportée à Ravensbrück. Durant toute sa détention, elle garde dans sa poche son insigne de jeune communiste, risquant pour ça la pendaison. Elle la risque aussi en sabotant les obus qu’elle et ses camarades de kommandos devaient «  chemiser  » pour les armées du IIIe Reich. Elle risque sa vie enfin en échappant aux gardes SS lors des marches de la mort. Sa bravoure lui valut la médaille militaire et la croix de guerre, puis la croix de chevalier de la Légion d’honneur. À la Libération, elle se marie avec Charles Tillon, ­commandant en chef des FTP sous l’Occupation, maire d’Aubervilliers, puis ministre du général de Gaulle. Raymonde eut la joie d’être élue, en octobre 1945, parmi les premières femmes électrices et éligibles, députée communiste à Marseille. Comme élue communiste, elle a défendu les valeurs de justice et de liberté. Elle est aujourd’hui la seule survivante parmi les députées de la Constituante. Nous fêtons donc aujourd’hui son centenaire et le 70e anniversaire de son élection.

C’est sa passion de la liberté qui lui fit rejeter le stalinisme et lier son sort à celui de Charles Tillon. Elle connut avec lui une terrible période d’isolement de 1952 à 1956. Écartée, puis exclue du PCF, refusant les diktats staliniens, Raymonde Tillon est une méconnue de l’Histoire. Pourtant, elle fut une militante exemplaire. Les mots du président de la République devant le Panthéon le 27 mai 2015 valent pour elle : Raymonde Tillon est admirable sans avoir voulu qu’on l’admire. Elle demeure un des nobles visages de la République."

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