Réforme des collèges : le point après la grève du 19 mai, et avant celle annoncée pour le 11 juin

jeudi 28 mai 2015

Des dizaines d’enseignants en grève à Aubervilliers, des dizaines de milliers en France contre ce qui est présenté par le gouvernement comme « la » réforme des collèges. Le tout constitué en intersyndicale (50% de grévistes le 19 mai). Au niveau national, la Fédération FCPE des parents d’élèves soutient cette réforme. Quelle est cette réforme ? Quelles sont ces avancées ? Et les reculs ? Et quid de la réforme en zones REP et REP plus ?

Sur la forme, le décret qui est en cause arrive dans le cadre de la « refondation de l’Education ». La réforme s’inscrit dans la continuité des réformes statuaires, sur les missions, services, IMP (indemnités pour missions particulières) et les logiques inégalitaires et discrétionnaires qu’elles comportent, avec la mise en place de hiérarchies intermédiaires. La réforme a été rapidement mise en place, sans évaluation préalable des moyens nécessaires. Etonnamment, il sera publié au journal officiel le lendemain même de la mobilisation nationale. En outre, comme à chaque annonce d’une réforme, tout arrive en même temps : le Conseil Supérieur des Programmes annonçait également des changements dans les programmes. La réforme devrait être appliquée à la rentrée 2016.

Sur le fond, la réforme prévoit de laisser chaque collège fixer 20 % de son emploi du temps, avec de l’accompagnement personnalisé pour tous, de l’interdisciplinarité et une deuxième langue vivante (LV2) avancée en cinquième. Les sections européennes et les classes bilingues sont supprimées. Les langues anciennes seront comprises dans les enseignements interdisciplinaires. Tous les élèves auront une pause méridienne de 90 minutes et les élèves de sixième auront six heures de cours maximum.

Les textes de la réforme détaillent les enseignements interdisciplinaires prévus à partir de la cinquième pour favoriser le travail en groupe : santé, culture, transition écologique, langues de l’Antiquité. Les élèves en suivront deux par an et au moins six des huit thématiques entre la cinquième et la troisième.

Le point délicat de la réforme est l’autonomisation accrue des chefs d’établissement présentée comme un facteur permettant l’adaptation aux besoins locaux :
« L’établissement peut moduler la répartition du volume horaire hebdomadaire par discipline, dans le respect du volume horaire global dû à chaque discipline d’enseignement obligatoire pour la durée du cycle ; du volume horaire global annuel des enseignements obligatoires dû à chaque élève » (décret sur la réforme des collèges).

Si la FCPE nationale y voit une source d’innovation et d’expérimentation qui sera utilisée, on peut l’espérer, avec l’accord du Conseil d’Administration, on reconnait là un risque de « territorialisation » de l’éducation nationale, à savoir une adaptation locale d’une éducation égale sur tout le territoire. La réforme des rythmes scolaires pointait déjà cette dérive. C’est le point de tension de « la » réforme des collèges.

Dans des zones d’éducation prioritaire, on se demande ce que cela peut donner. Les 20% de marges dont disposeraient les chefs d’établissement seront-t-elles favorables aux élèves des quartiers populaires ? La réforme avance 3h d’accompagnement renforcé. Comment seront-elles utilisées ? Et quid de la liaison entre le CM2 et la sixième ?

Ce sera à débattre par les représentants de parents d’élèves et les enseignants dans chaque conseil d’administration dès le mois de juin 2015.

S.

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